URANIE, LA MUSE"
La première, chronologiquement, des légendes Françaises, Uranie est encore considérée de nos jours, comme une jument parmi les plus fortes ayant jamais existée.
Née en 1920, et entrainée par le sorcier de l'époque, Valentino Capovilla, qui sut immédiatement canaliser cette muse, au caractère pour le moins difficile, il en fit son chef d'œuvre, championne hors du commun, qui dès ses 3 ans fait parler d'elle en rivalisant déjà avec les meilleurs......
mais c'est à 6 ans qu'elle atteint une forme de perfection, non seulement en gagnant le Prix d'Amérique, devant tous les champions de l'époque, mais aussi en restant invaincue cette année-là, écrasant l'opposition à chacune de ses sorties....devenue une vedette à l'immense popularité, Uranie est à présent assagie, calme, et remporte l'année suivante, sans coup férir, un deuxième Prix d'Amérique, sa popularité monte encore d'un cran, auprès d'un public qui en plus de ses performances, admire son allure aérienne....." elle ne trottait pas vraiment, elle glissait littéralement sur la piste" dira l'un de ses contemporain.....
A une période où, bien entendu, les déplacements n'étaient pas aussi fréquents et facile, Uranie se rendit tout de même en Italie, où elle gagna le championnat Européen, se jouant la aussi de l'opposition...
en 1928, a 8 ans, elle s'adjuge à nouveau le Prix d'Amérique, son 3eme, confirmant son statut de cheval " imbattable"....l'année suivante, alors qu'elle doit rendre, en vertu de ses gains, ..............75 mètres(,), elle parvient à refaire tout son retard, et va pour s'imposer, lorsqu'elle explose, passant le poteau au galop, et se fait disqualifier...il va sans dire que sans ce handicap la victoire aurait été quasi certaine....
Courant encore à 10 ans, elle s'en va défier le grand champion Autrichien Guy Bacon, sur ses terres, à Vienne et parviens à le battre...
Elle doit à chaque course pratiquement, au vu de ses gains, rendre des distances folles, impensable aujourd'hui, mais cela le gène que peu, gagnant 2 courses sur trois, remportant au total de sa carrière 47 courses, sur 76 courues...
Lors de sa dernière année, elle réussit encore l'exploit de finir 2eme du Prix d'Amérique, en devant rendre la distance, se classant devant celle qui allait devenir l'une des grandes tête d'affiche de la décennie suivante : Amazone B......
Au haras elle donnera Kairos, un maitre étalon, sera la grand-mère de l'illustre Gélinotte, et l'arrière-grand-mère de la non moins célébre Roquepine….
Elle s'éteindra en 1947, à l’âge, respectable pour un cheval, de 27 ans, ayant cumulée tout au long de sa carrière, la somme, qui équivaudrait aujourd'hui, à 4millions d’Euros...
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JAMIN, "La mort qui rampe"
Né en 1953, cet extraordinaire compétiteur, aux changements de rythmes soudains et dévastateurs, révolutionna le trot Français en étant l'un des premiers à devenir une vedette planétaire, gagnant aux 4 coins du monde, stupéfiant les américains et battant tous les records chronométriques de l'époque....
D'abord au Prix d'Amérique, qu'il remporte 2 fois consécutivement (1958 et 1959), dont la triple couronne 59, (Prix de France et de Paris dans la foulée), avant d'aller balayer les scandinaves dans un Élitlopp de légende, couru cette année-là sur 3200 mètres....
Mais son "sommet", son Graal, c'est aux États -Unis qu'il l'obtiendra, remportant un International Trot mythique, devant tous les cracks Américains et le champion Italien Tornese.....
Surnommé par les yankees " The creeping death" ("la mort qui rampe") il n’avait, en effet, pas son pareil pour fondre sur ses adversaires, comme un véritable prédateur sur sa proie...
Quasiment "imprenable " de 1957 à 1960, Jamin a fini, paisiblement ses jours en 1982 au Haras des Rouges Terre, lieu de sa naissance, dans l'Orne.
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GELINOTTE "La madone des sleepings"
Idole absolue des annees 50, Gélinotte, la " Madone des sleepings" (surnommée ainsi en raison des incessants voyages en train qu'elle dut effectuer aux 4 coins de l'Europe), jouit d'une popularité sans égale, au moment même ou la France se passionnait pour le Tiércé nouvellement inventé.....
Née en 1950, cette jument caractérielle et éprise de liberté n'hésitait pas a s'évader dans les champs voisins de son haras de Croissanville, afin d'aller " chiper" quelques pommes, son met préféré......
C'est sous la férule de Charley Mills, le "sorcier de chamant", l'un des plus grand entraineur-driver de tout les temps, qu'elle se révéla, se construisant un palmarès vertigineux, alignant notamment, en 1956, 14 victoires consécutives....
Double lauréate des prix d'Amérique 56 et 57, elle dut aussi sa célébrité au fait d'avoir fait retentir la Marseillaise quasiment partout sur le continent, raflant 2 Élitlopp, 2 Grand prix d'Aby, 2 Grand prix de la Loterie, l'Élite-Rennen, 2 Grand circuit Européen, sans parler de ses 2 Prix de France, et de ses 3 (!) Prix de Paris.....
Sa popularité était telle qu'elle continua à alimenter les pages des journaux ainsi que toutes les conversations sur les hippodromes.....en fait tout le monde connaissait Gélinotte, même les gens qui ne jouaient pas....
Celle qui restera longtemps une référence absolue du trot , s'est éteinte en 1970, en mettant bas un poulain par le grand Fandango.....
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ROQUEPINE, "AU FIRMAMENT DU TROT"
Au milieu des années 60, l'engouement pour les courses hippiques était à son zénith, ceci était dû en grande partie à l'immense popularité du tiercé.
Les affluences du Dimanche dans les hippodromes, lors de grandes réunions, et pas seulement celle du Prix d'Amérique, ferait pâlir même un président de club de Football aujourd'hui...
Toute cette France turfiste parlait encore de Gélinotte, "idole des sixties", pourtant à la retraite, quand surgit une certaine Roquépine, qui à défaut de la remplacer dans les cœurs, fut sans doute la meilleure jument de tous les temps en France, au côté d’Une de Mai....
En effet, Roquépine n'aimait pas la foule, et ne se laissait pas approcher ; elle n'était heureuse que dans la solitude, et sur la piste à trotter......
Sur ce dernier point, son entourage fut "servi" ! ....
Elle se révéla à 4 ans, gagnant le Critérium, mais ce fut l'année suivante qu'elle explosa littéralement, triomphant dans le 1er de ses 3 Prix d'Amérique, puis l'Élitlopp dans la foulée, et le Grand Prix des Nations en Italie.....
Disciplinée, froide et dure, Roquépine ne semblait attendre que la course pour se détendre complétement, et cette "machine à trotter", une fois en route, était inarrêtable…elle n'eut que peu d'adversaires à sa taille en France, et c'est à l'étranger qu'elle trouva l'une des rares qui lui donna du fil à retordre, l’Américano-Suédoise Eileen-Eden, elle aussi double vainqueur de l'Élitlopp, et qui parvint à battre "la diva " de temps a autre.
Mais sur notre sol, Roquépine s'est baladée les 3/4 du temps il faut bien le dire…elle gagnera son 2eme Prix d'Amérique avec une écœurante facilité..... Suivi du criterium de vitesse de la Cote d'Azur, du Prix de l'Atlantique et enfin du Prix de la Loterie...palmarès absolument monstrueux, pour une jument "mystérieuse", divine, presque "secrète", et réellement fascinante à voir trotter....
Elle fit sien une nouvelle fois, la 3éme, le Prix d'Amérique en 1968, avant d'aller se faire sacrer officieusement " championne du monde" aux États-Unis, allant régler au passage, son compte à Fresh Yankee, le Super Crack du coin, devant une foule record, et dans une ambiance "gigantesque".....
A défaut d'être réellement aimée, Roquépine était néanmoins admirée comme jamais, mais refusait tout contact et tout encouragements, tel une gourmandise ou caresse.
Une fois au haras, il en fut de même, se complaisant dans une "bienheureuse" solitude.
Il s'agit sans doute, et en tous cas, d'une des plus grandes compétitrices, tous pays confondus, du siècle.
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