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Sortie de crise : L'Ătat pose ses conditions
Par SĂ©bastien PIAZZA
Publié le 22/04/20 à 09:00
Sortie de crise : L'Ătat pose ses conditions
Mardi matin, les prĂ©sidents des sociĂ©tĂ©s mĂšres (Ădouard de Rothschild - Jean-Pierre Barjon) et la direction du PMU (Bertrand Meheut - Cyril Linette) ont pu prĂ©senter, en visioconfĂ©rence, leur plan de sauvegarde aux ministres de tutelle, GĂ©rald Darmanin (Budget) et Didier Guillaume (Agriculture), en prĂ©sence d'Ăric Woerth (dĂ©putĂ© de l'Oise) et de Philippe Augier (maire de Deauville), directement Ă l'origine de cette rĂ©union capitale. Qu'en est-il sorti ? L'institution a-t-elle obtenu des garanties de l'Ătat ?
C'est ce que l'on appelle un emploi du temps de ministre. InterrogĂ©, dĂšs 8 h 20, par les journalistes LĂ©a SalamĂ© et Nicolas Demorand dans l'Ă©mission Le Grand Entretien, GĂ©rald Darmanin, placĂ© au cĆur des mesures dĂ©cidĂ©es pour lutter contre les effets de la crise Ă©conomique, a eu une phrase forte sur les ondes de France Inter. âOn a prĂ©fĂ©rĂ© l'endettement Ă la failliteâ. Fallait-il y voir un signe, une heure avant que le ministre du Budget n'Ă©change, en visioconfĂ©rence, avec les reprĂ©sentants de la filiĂšre courses et avec ceux, un peu plus tard, des boissons alcoolisĂ©es et non alcoolisĂ©es ? Peut-ĂȘtre. En tout Ă©tat de cause, la rĂ©union cruciale qui s'est tenue, mardi matin, n'a pas abouti Ă un accord officiel. Pas dans l'immĂ©diat, en tout cas. âLes reprĂ©sentants des pouvoirs publics et de la filiĂšre se sont donnĂ© 48 heures pour fixer les modalitĂ©s d'un accord permettant au secteur des courses hippiques de surmonter au mieux les effets de la crise sanitaire qui les toucheâ, pouvait-on lire dans le communiquĂ© de presse - sibyllin - Ă©ditĂ© conjointement par France Galop et Le Trot, en fin de matinĂ©e. Si, au travers d'un tweet Ă peine plus explicite que celui postĂ© par Ădouard de Rothschild quelques minutes plus tĂŽt, GĂ©rald Darmanin a annoncĂ© que âl'Ătat Ă©tait au cĂŽtĂ© de ces filiĂšres durement touchĂ©es par la crise du Covid-19â, les grandes lignes du plan de sauvegarde Ă©laborĂ© par les prĂ©sidents des sociĂ©tĂ©s mĂšres (gel total de la fiscalitĂ© jusqu'au retour Ă la croissance du PMU, aide directe de l'Ătat pour compenser les deux mois d'inactivitĂ© des socioprofessionnels) ont donnĂ© lieu, d'aprĂšs nos informations, Ă des Ă©changes conduisant Ă une contreproposition des pouvoirs publics. En clair, si l'Ătat consentirait Ă baisser partiellement (peut-ĂȘtre Ă hauteur de 150 millions d'euros) sa fiscalitĂ© jusqu'Ă l'automne, en observant attentivement les moyens mis en Ćuvre pour relancer l'attractivitĂ© du PMU, il demanderait Ă l'institution de souscrire Ă un prĂȘt (remboursable sur cinq ans) auprĂšs de la BPE afin de garantir le maintien des allocations et de compenser les pertes estimĂ©es, dimanche dernier, sur RTL, Ă 220 millions, par Cyril Linette, directeur gĂ©nĂ©ral de l'opĂ©rateur historique de paris (dont le chiffre d'affaires est en baisse de 90 % depuis l'arrĂȘt des courses en France). Autre Ă©lĂ©ment important, la tutelle souhaiterait que l'institution entame rapidement des rĂ©formes profondes (fusion des sociĂ©tĂ©s mĂšres ? Fermeture d'1/3 des hippodromes ? Changement de statut du PMU ? Baisse des allocations ?). Une maniĂšre de poser clairement ses conditions. Selon plusieurs sources, la demande d'aide directe (permettant d'injecter rapidement du cash dans les caisses de l'institution), dĂ©fendue rĂ©cemment par les diffĂ©rentes associations d'entraĂźneurs, n'aurait pas eu d'Ă©cho auprĂšs des ministres. Ce qui pose un problĂšme et met clairement en lumiĂšre un dĂ©saccord profond (parmi d'autres) entre Le Trot et France Galop puisque, du cĂŽtĂ© de la rue d'Astorg, on envisagerait de reprendre - Ă date - dĂšs le 11 mai (en faisant fi des rĂ©unions annulĂ©es) tandis que l'Ă©quipe d'Ădouard de Rothschild militerait plutĂŽt pour une reprogrammation des courses. Au moment oĂč les spĂ©culations vont bon train, l'heure est - plus que jamais - Ă la nĂ©gociation. Celle-ci s'annonce, on l'aura bien compris, extrĂȘmement serrĂ©e, d'autant que des dissensions sont Ă©galement apparues autour de Jean-Pierre Barjon, le communiquĂ© du think tank Equistratis Ă©ditĂ© lundi soir (inopportun Ă la veille d'un rendez-vous crucial, pour l'avenir de la filiĂšre) pouvant ĂȘtre ressenti comme une pression supplĂ©mentaire par l'entourage du nouveau prĂ©sident du Trot dans ce climat anxiogĂšne marquĂ© par la dĂ©tresse de toute une catĂ©gorie de socioprofessionnels, dont la situation financiĂšre est parfois dramatique.
SĂ©bastien PIAZZA