Ces courses/champions outrageusement sous-estimés

Malgré l'horreur absolue que constitue le mile sur la grande piste de Longchamp, le prix du Moulin du même nom a toujours été une course extrêmement relevée et n'a historiquement rien à envier aux trois autres grands miles européens (Sussex stakes, Jacques-le-Marois et QE II).
C'est le cas du Moulin 1993 qui offre un superbe plateau...

L'année a pourtant bien mal commencé. Le crack de la génération sur la distance, Zafonic, a remporté les 2000 Guinées de Newmarket comme à la parade mais s'est ensuite blessé dans les Sussex stakes, mettant un terme prématuré à sa carrière. Le champion de Fabre out, on pouvait se dire que le reste de la saison allait manquer de piment. Que nenni

Le tombeur de Zafonic sur le féérique hippodrome de Goodwood est le Wildenstein Bigstone. Arrivé sur le tard, il a commencé la compétition par une victoire dans le toujours utile Omnium II de Saint-Cloud, rejoignant au palmarès de l'épreuve un certain Arazi. Ensuite, le protégé de Lellouche est monté sur la distance intermédiaire avec un succès relatif, terminant chaque fois 2e dans le Greffulhe, le Jean Prat et le Grand prix de Paris. Revenu à de meilleurs sentiments (et sur le mile), Bigstone a trouvé sa distance, remportant donc les Sussex stakes.

Face à lui, dans ce Moulin, Kingmambo fait office de jeune loup aux dents longues. Barré par Zafonic l'année précédente, il a quand même réussi à le battre dans le Djebel pour sa rentrée à 3 ans. Le représentant de la casaque Niarchos a ensuite enchaîné les succès dans la Poule d'essai des Poulains et les St James Palace stakes avant de mordre la poussière dans le Jacques-le-Marois, tout près de la redoutable Sayyedati.

Seule manque à l'appel de ce Moulin Sayyedati, justement. Championne à 2 ans (Moyglare Stud stakes et Cheveley Park stakes), elle a remporté cette année les 1000 Guinées anglaises. 2e de Bigstone dans les Sussex, elle est immédiatement remontée sur la plus haute marche du podium dans le grand rendez-vous de Deauville au terme d'une arrivée très spectaculaire :


Elle y battait d'extrême justesse Kingmambo, donc, mais aussi Ski Paradise.
Propriété du Japonais Yoshida et entraînée par l'inévitable Fabre, la grise était un métronome et ne décevait jamais. Si elle n'avait pas encore à son actif de victoire prestigieuse (prix de Sandringham, Gr. III), elle terminait souvent 2e, tout près du vainqueur.

En l'absence de Sayyedati au repos, Kingmambo, Bigstone et Ski Paradise vont régler leurs comptes à Longchamp et se départager tous les tout derniers mètres au terme d'une arrivée elle aussi très spectaculaire. Le commentateur en perd d'ailleurs son latin...


Derrière l'inévitable trio, le bon Barathea termine au pied du podium. Lointain 2e des Guinées de Zafonic, il avait empoché ensuite les 2000 Guinées irlandaises et gagnera la Breeders' Cup Mile l'année suivante.

Sera-t-on surpris de retrouver tout ce joli monde à l'arrivée des QE II ?
Cette fois, c'est Ski Paradise qui est laissée au repos et Sayyedati qui revient, ce qui ne change rien au final tellement ils se tiennent dans un mouchoir de poche. Bigstone remporte la course devant, ô surprise... Barathea, Kingmambo et Sayyedati.

Cette année-là, il n'y en avait décidément que pour eux !