A mon avis, nombre de questions sont trop fermées. On ne laisse pas vraiment place à la réflexion ni aux besoins d'une écrasante majorité d'éleveurs.
Re-proposer par exemple un système comme celui qui représentait une des phases de l'ouverture du stud Book en faisant acheter un ou deux étalons par la société mère, c'est extrêmement élitiste et fermé.
Et limité. Y'a pas trop intérêt à se planter dans les achats (on a eu chaud quand même : Mickey Viking nous a laissé un joyau sur une quarantaine de produits puis... disparition, quant à Workaholic, finalement monorchide, on peut discuter du bilan. Le gros bon point était Speedy Crown mais il y a eu à mon sens de meilleurs vecteurs dans le cadre des échanges plus ouverts).
La façon d'aborder les ambleurs m'a étonnée : on ne cherche en rien à produire de purs ambleurs, où est besoin de s'inquiéter de l'interdiction ou de la non existence de la discipline en Europe ? Quand on cherche à construire un bon trotteur, il n'est pas forcément dramatique d'apporter la qualité des chevaux pratiquant une allure à bipède synchrone... c'est le même gène qui facilite amble et trot, au milieu de tout une nébuleuse de facteurs. Et l'on a observé, oui, que les AA fautent pas mal à l'amble... mais se mecanisent quand même bien et vont vite (on ne peterait pas les chronos comme ça sans une plus grande prévalence du standardbred, forcément AA.
Les hybrides de première génération (j'exagère un peu puisqu'il y a toujours eu du sang américain dans le TF) posaient question...et on a obtenu des bombes comme Coktail Jet. Vis à vis de l'introduction de lignées d'ambleurs...il faut seulement voir cela comme une expérience. Soit ça marche et on gagne au moins un peu d'heterosis récent, soit c'est une impasse et on arrête vite. Est ce que c'est beaucoup plus risqué que les croisements faits chaque année quand ils ne sont pas bien évalués ? Non.
Évidemment il y a risque de vouloir trop favoriser ce qui bombe et en précoce, et avec le temps cela peut assecher, dénaturer, fragiliser la race. Eh bien alors pourquoi ne pas faire de l'incitation à la conservation de lignées ? Ce n'est pas forcément compliqué.
Ce qui me frappe... c'est qu'en gros ce sont les mêmes qu'il y a 30 ans qui émergent du débat et le verrouillé, ainsi que ceux qui sont déjà très bien équipés, pour toutes les hypothèses.
La place de l'éleveur modeste en phase de démarrage ou progression, dépendant d'achats de juments, du bon vouloir de l'ensemble des professionnels, est toujours bien fragile, portefeuille ouvert, géographie sélective, et bouche cousue c'est mieux.
Très peu de place pour l'expérimentation (à tous les étages on recuisine le même truc), un vernis avec le "race and Care" (my ass). Franchement je pense qu'il était plus facile de se faire un peu plaisir dans les années 90. L'ère Dubois et les syndications ont commencé à fausser, et l'ère Ready Cash verrouille sur ce qui y finalement souhaité par une oligarchie : surtout rester entre eux, surtout ne pas les déstabiliser, surtout faire en sorte de pouvoir cramer des chevaux précoces, surtout ne regarder ce que tout cela coûte aux chevaux, aux propriétaires et éleveurs sans levier d'action, aux parieurs qui s'y retrouvent de moins en moins.
Les outils de croisement, évidemment comment ne pas saluer les outils informatiques mis gratuitement (!!!) à notre disposition par des passionnés.
Si on aime ensuite les index, indices, notions de stats, et désormais forte appétence pour des gènes critères (regardez un ce que sont devenus les bovins...), il y a, de qualité et pertinence à questionner plus fort à mon sens.
Je ne suis qu'une passionnée de longue date, seulement 7 poulains viables.
J'ai commencé avec les gros volumes du stud Book achetés au haras du Pin, avec les annuaires d'étalons papier, avec du temps dans une école d'amateurs puis à donner des coups de main en haras d'elevage et entraînement, nous allions voir beaucoup de chevaux, étalons ou poulinières, et j'ai surtout passé des heures sur un tas d'hippodromes à regarder les qualifs, suivre des chevaux aux écuries, éplucher les courses de jeunes chevaux, tenter de repérer les modèles transmis, etc. J'ai remarqué qu'avec l'informatique et plus de courses à la télé, j'ai beaucoup moins fréquenté de chevaux, beaucoup trop passé de temps à ne regarder que les pedigrees...
Attention à ça. Et encore, j'avais mes retraités à la maison pour me rappeler ce qu'est un cheval...
Bien sûr les ventes c'est formateur aussi, mais c'est un échantillon biaisé à moins de se farcir toutes les ventes de Caen, du Marault, etc.
J'aurais donc tendance à encourager à mettre ses bottes et être dans le vif, prendre sa voiture et aller voir, si possible monter sur un sulky ou le dos d'un trotteur, et ne pas oublier que les bons chevaux sont des exceptions. Bien prévoir ce que deviendront les réformés, blessés... Donc enlever toutes les oeillères qu'on traîne, aller voir d'autres disciplines,d'autres systèmes, et comme c'est vraiment une chasse à la pépite, expérimenter, tenter, observer pour progresser et peut-être lever des interdits. Un délicat mélange de conservatisme, innovation, exigence, respect... c'est du vivant, il faut que cela garde un sens pour tous les protagonistes. Je n'ai pas trop senti cela dans les assises malgré des points intéressants... plutôt en notion d'historique. On a l'impression que s'occuper de demain, on préfère ne pas y penser. Feindre de s'y intéresser mais le reporter...pour ne rien changer de la soupe actuelle. Qui n'est plus trop à mon goût. Mais je souhaite aux éleveurs d'aujourd'hui d'avoir les quelques joies que nous avons eu la chance d'avoir.
