Paris turf
Dimanche 28 janvier à Vincennes - Prix d'Amérique Légend Race 2024 (Gr. I) : Idao de Tillard dans la peau du super-héros
Le poids du destin n'était pas trop lourd pour Idao de Tillard. Sa domination dans l'épreuve reine du trot français ne souffre aucune contestation, à l'issue d'une prestation très offensive. Il devient le digne héritier de nombreux grands champions, dont les défaites se comptent sur les doigts de deux mains.
Clément Duvaldestin (25 ans) n'a pas tergiversé. Il avait parfaitement conscience d'être assis au sulky du cheval le plus talentueux de la course et l'a piloté en conséquence, optant pour une tactique offensive afin d'éviter les pièges inhérents à un peloton aussi touffu. Dans la montée, Idao de Tillard n'avait pas le plus beau rôle en devant contrer le roc Izoard Védaquais, tout en évoluant lui-même à l'extérieur de l'animateur. Mais celui qui se prévalait de la carte de visite la plus clinquante, avec seulement dix défaites au compteur depuis le début de sa carrière, a prouvé qu'il
n'était pas considéré comme le n°1 français depuis plus d'un an par hasard.
Le fils de Sévérino a nettement dominé la situation tout au long de la ligne droite, rendant un verdict implacable. Même si Go On Boy a terminé à la vitesse du vent (quatrième), après un déroulement de course chaotique, laissant de gros regrets à ses preneurs, il ne fait aucun doute que le plus fort a franchi le poteau en tête. Clément Duvaldestin sait pertinemment ce qu'il doit à celui lui ayant offert son premier groupe à Vincennes, son premier classique (Prix de Sélection 2022) et, maintenant, son premier Prix d'Amérique.
“À chaque fois que je franchis le poteau en tête avec Idao, je mesure pleinement la chance d'être tombé sur un tel cheval dans ma vie. J'étais très concentré et serein tout au long du parcours, puis ça a été l'explosion ! Mon cheval a vraiment été très fort. Je tiens à le remercier, lui, comme toutes les personnes ayant contribué, de près ou de loin, à cette grande victoire.”
Puissance trois
Si Clément Duvaldestin est devenu le deuxième driver le plus jeune à décrocher le Graal, s'intercalant entre son copain Nicolas Bazire (21 ans) et Jean-Étienne Dubois (26 ans), il a permis à son père, Thierry, de tripler la mise dans le Prix d'Amérique, qu'il avait décroché avec Ready Cash (2011 et 2012). En termes de tempérament, Idao de Tillard se démarque considérablement de son glorieux aîné. Sa force tranquille affichée avant, pendant et après la bataille le rapproche plutôt d'un Jag de Bellouet ou d'un Timoko.
“C'est un cheval hors normes, presque une énigme pour moi, commentait Thierry Duvaldestin au micro de Michel Burgio. Je ne trouve pas les mots ; nous réaliserons sans doute plus tard que nous l'avons gagné en famille. Idao n'a pas eu une course facile, mais Clément a fait confiance à son cheval et celui-ci le lui a bien rendu. Il a un talent fou. Franchement, tout à l'heure, je ne tenais plus debout... J'avoue que les contrariétés que nous avons connues pendant sa préparation, ces quinze derniers jours, m'avaient rendu très nerveux. J'étais vraiment pressé d'arriver à lundi !”
Idao de Tillard a fait d'autres heureux, tel son propriétaire, Cyril Sevestre, rencontré au pied du podium par Sylvain Copier : “Quelle histoire ! On ne peut pas monter plus haut. Je n'arrive pas à croire qu'une personne comme moi, non issue du milieu, un simple turfiste passionné de trotteurs, ait réussi à gagner le Prix d'Amérique... J'espère que cela fera naître des vocations. Il fallait qu'Idao le remporte au moins une fois. On verra s'il réédite cet exploit dans les éditions à venir, mais c'est fait et je suis apaisé pour la suite de sa carrière”.
Pour l'éleveuse du super-héros, Françoise Chaunion, il s'agissait de l'aboutissement de plus d'un demi-siècle d'élevage de “Tillard”, le label créé par son père, Albert Chaunion : “Quelle récompense, c'est extraordinaire !”