Depuis ses débuts en août 2017, Face Time Bourbon a toujours franchi le poteau en tête, même s'il a perdu un succès après enquête. Ses dernières victoires ont été acquises avec une grande facilité. Dimanche, il partira favori du Critérium des 3 Ans, remporté par son père Ready Cash, il y a dix ans, et par Bold Eagle en 2014. Son entraîneur, Sébastien Guarato, n'hésite pas à le comparer à son aîné...
• Sébastien, vous avez rapidement rêvé avec Face Time Bourbon, n'est ce pas ?
Avant même qu'il ne soit en course, il a tout de suite dévoilé un gros potentiel et j'ai rapidement vu qu'il sortait de l'ordinaire. Il a débuté sa carrière par un facile succès à Montier-en-Der, où il devançait Feeling Cash, puis il a confirmé un mois plus tard en surclassant ses rivaux à Enghien.
• Il a connu une assez longue absence ensuite. Pour quelle raison ?
Il a failli mourir. Il a été victime d'une infection et un abcès s'est formé entre le haut du poitrail et le bas de l'encolure, endommageant et bouchant la veine jugulaire. Environ trois litres de pus se sont écoulés. Il avait perdu plus de 50 kg. Tout est rentré progressivement dans l'ordre, mais il revient de loin... Il s'est imposé pour son retour à la compétition au printemps, mais sans être irréprochable. J'ai voulu l'enrêner un peu plus lors de sa sortie suivante, mais cette modification n'a fait qu'amplifier ses problèmes d'allures. Il a été logiquement disqualifié après enquête. Nous avons alors décidé de l'amener passer des examens au CIRALE (Centre d'Imagerie et de Recherche des Affections Locomotrices Équines). Une douleur à un pied avait été décelée. Le changement de ferrure n'a pas eu l'effet escompté. Il a surtout retrouvé de la souplesse lorsque je lui ai retiré l'enrênement. Ses problèmes ont disparu au fil des semaines. Pour sa rentrée, au mois d'août à Enghien, il s'est encore imposé plaisamment et il n'a pas connu la défaite depuis.
• Vous avez été jusqu'à le comparer à Bold Eagle...
Oui, comme Bold Eagle, tout semble facile pour lui. Il domine sa promotion. Il prend le commandement et s'impose en roue libre à chaque fois. Je crois même qu'il le fait avec plus de facilité que son aîné au même âge, mais je ne sais pas s'il fera la même carrière. On a l'impression que c'est de plus en plus facile pour lui. En effet, non seulement il est désormais plus à l'aise et peut donc s'exprimer pleinement, mais comme il a prouvé qu'il était le “patron” de cette génération, ses adversaires ne cherchent plus à le contrer. Mais dans un Critérium, c'est différent.
• Comment abordez-vous le Critérium ?
Sa préparation en vue de ce groupe I s'est très bien passée. Il est super ! Il sera muni d'alus avec des plaques aux antérieurs et également des alus derrière. Il avait gagné très plaisamment sur les 2.700 mètres le 15 septembre et retrouve des adversaires qu'il a déjà devancés. Je ne peux qu'être confiant même s'il ne faut jamais négliger l'opposition. Feliciano semble être notre plus sérieux rival.
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Assises de la filière équine. « Je pense comme un paysan normand » Publié le 21/08/2014
Depuis bientôt 30 ans, l'Allemand Rainer Engelke élève des trotteurs à Échauffour, dans l'Orne. Il sera un des grands témoins des Assises de la filière équine.
Portrait
Sur la terrasse du haras Saint-Martin, le maître des lieux apprécie le point de vue. « J'ai acheté ce haras pour la vue », plaisante Rainer Engelke. Plus sérieusement, l'éleveur de 71 ans décrit les atouts de cette terre de champions : « Ces grands espaces vallonnés sont un des secrets de ce triangle d'or. Un vrai doping naturel pour nos chevaux. »
À Échauffour, dans l'Orne, à quelques km du Haras du Pin, l'Allemand a trouvé la terre pour vivre sa passion. Il y a bientôt 30 ans. « En Allemagne, dès l'âge de 3 ans, j'ai passé tous mes dimanches à l'hippodrome. Mon père avait quelques trotteurs, comme mon grand-père. À force, j'ai été gagné par la passion. » Dans les années 50, les drivers sont des stars en Allemagne. « En 1953, nous étions des milliers à l'aéroport de Hambourg à venir acclamer Heitmann de retour de Paris. Il venait de remporter le Prix d'Amérique. »
Passion du cheval, passion pour la France
Le jeune Allemand réussit dans la banque et se marie à une Française, il y a 45 ans. « J'ai découvert Baudelaire, Verlaine, Malraux… Je me suis enivré de cette culture française. » Passion du cheval, passion pour la France, Rainer Engelke prend inexorablement la direction de la Normandie. « Le vétérinaire qui soignait mes chevaux en Allemagne me parle de Jean-Pierre Dubois. » La rencontre entre le banquier allemand et l'un des maîtres du trot français est une réussite. « J'ai acheté le haras Saint-Martin grâce à Jean-Pierre. »
Aujourd'hui, à Échauffour, les deux éleveurs sont voisins. « Pour espérer réussir dans les courses, il faut travailler avec des gens qui en savent plus que vous. J'ai beaucoup appris de Jean-Pierre Dubois. Je l'ai beaucoup observé. »
En s'installant dans la campagne ornaise au milieu des années 80, Rainer Engelke fait jouer ses capacités d'adaptation : « Ici, je respire, je pense comme un paysan normand. » Son élevage monte en puissance à partir de 1993 grâce à une poulinière, Etta Extra. « Je l'ai achetée aux ventes à Deauville. Elle était un peu tordue, pas la plus belle, mais elle avait un beau pedigree. »
Rainer Engelke est un vrai spécialiste des origines des trotteurs. Parmi les grands-parents de Etta Extra figure Roquépine, une jument vainqueur de trois Prix d'Amérique.
À 71 ans, l'Allemand à la carrure d'un 3e ligne de rugby continue de s'amuser et de « fonctionner aux émotions ». Il savoure en France « cette culture du cheval qui n'existe nulle part ailleurs dans le monde ». En grand pro, il apprécie les institutions du monde du cheval : « Il existe ici des infrastructures incomparables. À Vincennes, ce sont les Jeux olympiques du trot. Des structures comme la Société du cheval français font respecter des règles. Le tout est couronné par une invention géniale : le PMU qui finance notre système. »
Un point noir douche actuellement son enthousiasme naturel : l'implantation sur cette terre de champions du centre d'enfouissement de GDE. « Je ne comprends pas que l'on discute encore. Tout devrait être fermé depuis longtemps. »
Les premières assises de la filière équine sont organisées par Ouest-France en lien avec la filière équine normande, lundi 1er septembre à Caen. Cette grande rencontre professionnelle vise à devenir le rendez-vous annuel incontournable de tout le monde équin, monde qui ne parle pas toujours d'une même voix.
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Un “Bourbon” venu d'Allemagne
Par Pierre CHAMPION
Il délègue le favori, Face Time Bourbon, dimanche, dans le Critérium des 3 Ans. Éleveur du poulain, il en est encore l'un des copropriétaires. Figure du monde du trot, l'allemand Rainer Engelke a choisi la France pour bâtir son élevage. Rencontre avec un homme de cheval passionné et passionnant.
Rainer Engelke n'est pas loin de se sentir davantage normand qu'allemand ! Banquier hambourgeois, il a le trotteur pour passion depuis fort longtemps. Voisin, en Allemagne, de Hans Fromming - fameux driver, triple vainqueur du Prix d'Amérique, avec Nike Hanover (1964), Ozo (1965) et Delmonica Hanover (1974) -, ou encore proche du docteur Kubitza, vétérinaire équin qui œuvra, en son temps, en France, auprès de Jean-Pierre Dubois et Pierre-Désiré Allaire, il a choisi notre pays pour y développer son élevage. Celui-ci prend place dans le département de l'Orne, à Echauffour, près du Merlerault : “La région est l'un des berceaux de l'élevage français, commente Rainer Engelke. Le Haras de Saint-Martin, que j'ai acheté en 1989, à Joëlle Laroche, la sœur de Jean-Pierre Dubois, se situe à proximité des Haras de la Beauvoisinière et des Authieux, site que vient de relancer, avec succès, Élodie Mangeard de Barros. Les terres y sont d'excellence, avec des eaux de source. Le climat est très variable, parfois rude - localement, l'endroit est surnommé la “petite Sibérie” ! -, et contribue, ce faisant, à produire des chevaux solides et résistants. Et, autre élément d'importance, les herbages sont vallonnés, de sorte que les poulains s'y forment favorablement les muscles et le squelette. Le grand éleveur italien, Federico Tesio, qui fit naître Nearco, Ribot et bien d'autres, considérait que les prairies accidentées étaient nécessaires à la bonne croissance des chevaux. Je m'en inspire, comme de ses théories sur les croisements, à l'image de celles de Walter Aston et George Lambton, les conseillers de lord Derby et du vieil Aga Khan. À cet égard, je lis beaucoup. Je suis bibliophile et j'ai soif d'apprendre. J'ai découvert les livres très jeune. Tout y a été pensé, réfléchi, avant nous. Y compris l'élevage, les croisements. Aussi faut-il s'en nourrir. Jean-Pierre Dubois, qui m'a beaucoup influencé en matière d'élevage, est un peu, à sa façon, un livre ouvert. Et il sait une chose : c'est qu'avec les chevaux, on apprend tous les jours. Il n'y a pas de malin, comme on dit par ici ! En vérité, selon le mot du philosophe, on ne sait qu'une chose, c'est qu'on ne sait rien, mais le fait, justement, de le savoir est important. Il faut rester modeste, posé. Ainsi que le disait Schopenhauer, il y a très peu de gens qui savent réfléchir, mais il y a beaucoup de gens qui ont une opinion ; or, c'est si vite fait de se fourvoyer, en particulier avec les chevaux.”
Depuis ses débuts dans l'élevage en France, Rainer Engelke en est à une soixantaine de victoires de groupe avec ses “Bourbon” - une appellation tirée de l'adresse de son pied-à -terre, à Paris, Quai Bourbon -, parmi lesquelles dix de groupe I. Son premier compétiteur classique a été Best Bourbon, au début des années quatre-vingt-dix. Deuxième de Buvetier d'Aunou dans le Prix de Sélection, le fils de High Echelon réussira l'exploit de gagner six semi-classiques - trois dans une discipline et trois dans l'autre - au cours du même hiver. Après quoi, Rainer Engelke devra patienter dix ans pour “sortir” un nouveau performer de grande envergure en Mara Bourbon, à laquelle il doit quatre de ses dix groupes I victorieux, cinq autres étant l'apanage de Qualita Bourbon, sœur cadette de celle-ci, et un autre encore - le dixième - de Face Time Bourbon, dont la grand-mère, Kaméra Bourbon, est une sœur de “Mara” et “Qualita” : “Avec Mara Bourbon, résume Rainer Engelke, nous nous sommes imposés au plus haut niveau à l'étranger, ainsi que dans le Prix des Élites et le Championnat Européen des 5 Ans, à Vincennes. Avec Qualita Bourbon, nous avons gagné le Critérium des Jeunes, le Prix de l'Étoile, le Prix de Sélection, le Grand Prix de l'U.E.T. et le Critérium Continental, avant de prendre la troisième place du Prix d'Amérique. Avec Face Time Bourbon, nous venons de remporter le Championnat Européen des 3 Ans. Dimanche, j'espère, évidemment, le voir doubler la mise dans le Critérium des 3 Ans, dans lequel nous avions été battus par Quaro avec Qualita Bourbon. Une victoire dans le Critérium des 3 Ans serait, pour moi, la consécration. Car, en fin de compte, le Critérium des 3 Ans, c'est notre Derby à nous, trotteurs. C'est la course que tout éleveur rêve de gagner.”
Ses trois meilleurs chevaux à l'instant cités, Rainer Engelke les doit à Etta Extra, jument de grande naissance, qu'il acheta, yearling, à Deauville, dans la perspective d'élevage : “C'était il y a vingt-cinq ans, se souvient-il. J'étais éleveur débutant, en France (N.D.L.R. : car, auparavant, il avait élevé, avec réussite, en Allemagne, en Suède et même aux États-Unis), et je voulais me constituer un cheptel de poulinières triées sur le volet. Etta Extra avait le profil requis, en tant que fille de l'étalon de tête français Florestan et petite-fille du chef de race américain Speedy Crown. Elle avait, en outre, pour grand-mère la championne de Léopold Verroken, Dimitria, une jument pétrie de classe, ayant battu Buffet II dans un mémorable Prix de Sélection et ses meilleurs contemporains européens dans l'Elitloppet, à Solvalla, et dans le Grand Prix de la Loterie, à Naples. Il me fallait cette pouliche. Je n'avais pas le droit de passer à côté. Je l'ai eue, mais j'y ai mis le prix, c'est-à -dire, à l'époque, 430.000 francs (N.D.L.R. : environ 65.000 euros). J'avais dû batailler, notamment, avec Jean-Pierre Dubois et Pierre-Désiré Allaire. Du coup, Etta Extra fit afficher le “top-price” des ventes cette année-là . Parmi les prix élevés, il y avait, parallèlement, une certaine Enfilade, fille de Tarass Boulba et de l'américaine Tableau, qui allait également devenir une matrone, mère, au premier chef, du double vainqueur du Prix d'Amérique Offshore Dream. J'aurais pu acheter celle-ci, aussi, car elle me plaisait.”
Toujours est-il qu'Etta Extra n'a rien à envier à Enfilade, ayant engendré une dizaine de vainqueurs, dont Mara Bourbon (dix-huit victoires et 1,6 million d'euros) et Qualita Bourbon (vingt et un succès et 1,5 million d'euros), mais encore le classique et étalon Sam Bourbon et la valeureuse Kaméra Bourbon, au sulky de laquelle Rainer Engelke a gagné plusieurs tournois d'amateurs, y compris à Paris, avant de la conserver comme poulinière et d'en obtenir la semi-classique Vita Bourbon, devenue la mère de Face Time Bourbon. On soulignera la qualité et l'actualité de la parentèle en relevant que Mara Bourbon et Qualita Bourbon sont les mères respectives, chez Jean-Pierre Dubois, du classique Follow You et du semi-classique Fabulous Wood. Ces deux-là , comme Face Time Bourbon, sont par Ready Cash. De même, Mara Bourbon, Qualita Bourbon et Sam Bourbon sont issus d'étalons de premier plan, à savoir And Arifant, Love You et Goetmals Wood. Le parti de Rainer Engelke a ainsi toujours été d'essayer d'avoir les meilleures poulinières, pour aller aux meilleurs étalons et espérer obtenir les meilleurs résultats : “Ma devise, conclut-il, est anglo-saxonne et se résume comme suit : “Take the best, go to the best and hope for the best” (N.D.L.R. : “Prends le meilleur, va au meilleur et espère le meilleur”). Moyennant quoi, encore une fois, rien n'est moins sûr que l'élevage. Prenez l'exemple de ma génération de “F”. Elle est assez exceptionnelle, avec, non seulement Face Time Bourbon, qui compte huit succès, pour neuf essais, mais Flèche Bourbon, qui a gagné sept fois, en huit sorties, Friendly Bourbon, autre descendant d'Etta Extra, vainqueur à six reprises, en sept courses, et Florence Bourbon, quadruple lauréate, en cinq tentatives. Ils ont été élevés comme les autres, les années précédentes, et proviennent de croisements similaires. Et ils sont meilleurs qu'eux. Allez savoir pourquoi ! C'est là toute l'incertitude de l'élevage.”
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... " Présenté yearling aux ventes de Deauville, en septembre 2016, Face Time Bourbon avait été retiré au prix de 150 000 euros par son éleveur, Reiner Engelke (haras de Saint-Martin). Il porte depuis ses débuts la casaque de l’écurie italienne, la Scuderia Bivans, mais son éleveur en a gardé une part, avec pour autres associés, l’écurie Pierre Pilarski, Sébastien Guarato et Rénato Bruni.
Issu du même croisement ayant donné Bold Eagle (Ready Cash sur une mère par Love You), Face Time Bourbon possède un pedigree de premier ordre. Sa 3e mère est la fameuse Etta Extra, à l’origine de Mara, Qualita et Sam Bourbon. Il est aussi le neveu de Fabulous Wood, considéré lui aussi comme un leader en puissance au sein de cette génération. Enfin, on notera que les treize « Bourbon » de Reiner Engelke ayant couru cette année comptent 34 victoires, dont sept pour Flèche, six pour Friendly, quatre pour Face Time et Best of, trois pour Florence et deux pour Every Time. Soit un millésime d’exception.
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L'Ă©quipe gagnante
Une connotation italienne
Connue à travers Ilaria Jet, Tony Gio, ou Vivid Wise As notamment, la Scuderia Bivans, dont Face Time Bourbon défend la casaque, représente Antonio Somma, qui détient 50 % du lauréat du
Critérium des 3 Ans.
L'autre moitié est partagée entre Pierre Pilarski (15 %), Renato Bruni (15 %), qui a connu les joies de remporter un groupe I avec Vamp Kronos, l'éleveur Rainer Engelke (10 %) et Sébastien Guarato (10 %).
Le propriétaire transalpin remporte son deuxième groupe I en France, après le Championnat Européen des 3 Ans, grâce déjà au fils de Ready Cash.
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