Le problème de cette course est sans aucun doute sa distance et sa position dans le calendrier. Ses 4150 mètres en font une épreuve atypique, très tactique, qui rebute les étrangers peu (ou pas du tout) habitués au long cours, et le fait qu'elle intervient en fin de meeting d'hiver n'encourage pas les guerriers fatigués par les rudes combats des 4B et du PA à venir s'y user un peu plus la santé. D'autant que quelques-uns d'entre-eux -de moins en moins nombreux il est vrai- courent aussi au monté... L'époque n'est plus aux stakhanovistes du trot que nous avons connus par le passé. Les méthodes d'entraînement et les courses elles-mêmes sont bien trop différentes de ce qu'elles étaient du temps des Jamin, Une de Mai, Bellino II Ourasi ou même Jag de Bellouet... Il n'y a qu'à comparer les performances pour s'en convaincre. On ne peut donc plus courir de la même manière ni aussi souvent qu'auparavant. D'ailleurs, de quand date -par exemple- le dernier doublé Cornulier/Amérique ?
Atteindre le très haut niveau de ces compétitions est déjà en soi une rude épreuve, et s'y maintenir sur la durée du meeting (4 mois) n'est pas possible. Il faut cibler et se préserver, d'autant que fin février, les réunions du printemps de Cagnes s'annoncent déjà ! Et puisque le mot a été lâché... ne confondons pas spectacle et compétition. Les enjeux, la rivalité, le stress, les conditions, les attentes ne sont pas toujours propices à la production du spectacle espéré, même si le plateau réunit les meilleurs acteurs du moment. Ça se vérifie très souvent, dans bien des disciplines... Le fait que l'on soit déçu par les acteurs et le déroulement d'une course ne veut absolument pas dire que son lauréat soit un vainqueur au rabais. Il a été entraîné, préparé pour courir contre les meilleurs et à dû s'employer pour l'emporter. Même s'il aurait peut-être (mais pas forcément) eu à ferrailler encore plus fort contre une opposition plus relevée.
J'ai un très grand respect pour ces trotteurs qui sont avant tout de sacrés athlètes que l'on fait travailler très dur. Même ceux qui n'attirent pas les feux de la rampe...