Petite précision sur les distances

Puisque l'on parle de distances...
Par le plus grand des hasards, je suis tombé sur une interview de John Hammond, entraîneur qui n'a jamais eu beaucoup de chevaux mais a eu la chance assez incroyable de tomber sur deux cracks : Suave Dancer et Montjeu.

A propos de Suave, auteur du doublé Arc-Jockey Club rappelons-le, ses propos sont étonnants : "Sa meilleure course a été sans conteste les Irish Champion stakes. C'était vraiment un cheval de 2 000 m. S'il gagnait sur 2 400 m, c'était sur sa classe, même s'il était à sec sur les derniers décamètres".

Fabre ne semble pas d'accord avec vos théories puisqu'il engage Persan King dans l'Arc

Le Duc écrit: Fabre ne semble pas d'accord avec vos théories puisqu'il engage Persan King dans l'Arc

Peut être qu'un lièvre... Mais j'y connais que dalle en galop

Le Duc écrit: Fabre ne semble pas d'accord avec vos théories puisqu'il engage Persan King dans l'Arc

Heu... Ce ne sont pas des théories, ce sont des faits.
Effectivement, la participation du miler Persian King dans l'Arc serait déjà une grosse surprise en soi, plus encore une victoire.

J'ai précisé dès le départ que sortir de son "bloc" de distance était rarissime, je n'ai pas dit que ça ne se voyait jamais. Je pense à deux chevaux ces 20 dernières années : Bago et Manduro.
Le premier a gagné l'Arc après avoir emprunté le chemin inhabituel du Jean Prat (1 800 m) et du Grand prix de Paris ( 2 000 m). S'il montait régulièrement en distance et qu'il a passé tout le reste de sa carrière sur 2 400 m, sa victoire dans l'Arc après n'avoir connu que le Niel était une surprise. Il faut avouer aussi que 2004 a toujours été considérée comme une petite année, notamment dans la génération classique (l'année de Blue Canari ! )

Le second était un crack hors-normes, capable d'évoluer sur toutes les distances. Cette capacité était tellement rare qu'elle a marqué les contemporains :
Sur la piste étoilée de nos mémoires, Manduro occupe désormais une trajectoire particulière. Unique, le sombre fils de Monsun l'était assurément.
Connaissant son apogée à 5 ans, Manduro est resté invaincu en 2007, remportant notamment trois groupes I, exécutant Dylan Thomas dans le final des Prince Of Wales's Stakes, effrayant Ramonti, Excellent Art et Darjina sur le mile du Prix Jacques le Marois pour finalement devancer Holocène et Turtle Bowl, avant de faire un galop public devant Mandesha pour sa découverte, lors du Prix Foy, de la distance classique.
2 000 mètres - 1 600 mètres - 2 400 mètres, Manduro était sans doute le meilleur cheval au monde, toutes distances confondues. Un cas unique dans l'Histoire moderne des Courses.
Le Turf international avait trouvé en Manduro un formidable ambassadeur, glorieux et chatoyant.
Une fracture nous prive d'un défi royal, jamais vu : gagner le Prix de l'Arc de Triomphe en étant invaincu en 2007, après avoir été sacré sur le mile et sur les 2 000 mètres d'Ascot. De quoi galoper, à sa façon mais pour l'éternité, en compagnie de Sea Bird ou Mill Reef !
www.le-cheval-bleu.com/arc2007.htm

Tout est dit. Sortir de son bloc, et le faire victorieusement, est rarissime mais pas tout à fait impossible...

ROBERTO : ...J'ai précisé dès le départ que sortir de son "bloc" de distance était rarissime, je n'ai pas dit que ça ne se voyait jamais. Je pense à deux chevaux ces 20 dernières années : Bago et Manduro...

En ce qui concerne BAGO, dès sa victoire dans le Critérium international il avait été programmé pour le Jockey-Club (2400m) mais hélas, victime d'un virus, Jonathan Pease lui a fait faire sagement une rentrée moins pénible dans le Jean Prat (1800m) avant le Grand Prix de Paris (2000m). Quant à son Prix Niel... Thierry Gillet n'est pas exempt de reproche.
De façon plus lointaine BRIGADIER GERARD était aussi un cheval capable de transgresser ses aptitudes. Je pense même que s'il n'avait été contemporain du "chétif" mais pétri de classe MILL REEF, il se serait plus souvent aventuré sur 2400m.

Sea Bird écrit: De façon plus lointaine BRIGADIER GERARD était aussi un cheval capable de transgresser ses aptitudes. Je pense même que s'il n'avait été contemporain du "chétif" mais pétri de classe MILL REEF, il se serait plus souvent aventuré sur 2400m.

Ah l'année 1971 bénie des Dieux... Depuis la nomination par Caligula de son cheval comme consul, on n'avait pas vu chevaux plus influents que les deux cracks que vous citez
Le Brigadier remporte les "2 000 Guinées du siècle" contre Mill Reef (la seule fois qu'ils se sont rencontrés, mais sur la distance du Brigadier) et My Swallow. Ensuite, c'est une razzia : St James Palace stakes, Sussex stakes et QE II. Il ne s'aventure sur 2 000 m qu'à l'extrême fin de l'année, en remportant (difficilement) les Champion stakes.
Pendant ce temps, Mill Reef caracole dans le bloc 2000-2400 m : Derby d'Epsom, Eclipse, King George et Arc.

Permettez-moi donc d'être en désaccord avec vous, cher ami. Mill Reef ou pas, le Brigadier était un pur cheval de 1600-2000 m et son entourage le savait bien, qui refusait de risquer d'aller sur plus long.
Ensuite, à 4 ans, comme ça arrive parfois, l'aptitude du cheval augmente. S'il restait un cheval de 1600-2000 m (Lockinge stakes, Prince of Wales, Eclipse, QE II), le Brigadier a effectivement réussi à empocher, sur sa classe et au courage, les King George. Mais son entourage a sans doute compris que, malgré sa victoire, ce n'était vraiment pas sa distance et l'a illico ramené sur plus court.

En 1971 déjà, ces blocs de distance étaient une réalité...

Allez, pour le plaisir, les 2 000 Guinées du siècle dans un Newmarket champêtre :

Oui surement une génération bénie, déjà à 2ans dans le Prix Robert Papin 1970, MY SWALLOW et MILL REEF avait fait 1er et 2ème !

Tout compte fait, ces histoires de distances sont surtout dépendante, du rythme et de la pénibilité du terrain.

caribou écrit: Tout compte fait, ces histoires de distances sont surtout dépendante, du rythme et de la pénibilité du terrain.

Pas que. Suffit de voir le fiasco stradivarius. En deux sorties dur 2 400 ce phénoménal stayer n'aura finalement pas montré grand chose.

caribou écrit: Tout compte fait, ces histoires de distances sont surtout dépendante, du rythme et de la pénibilité du terrain.

Et de la perspicacité de l'entraîneur, pour preuve SOTTSASS qui gagne l'Arc alors que J-C Rouget s'est obstiné à le faire courir sur 2000m !