Le Point - Prix d'Amérique: le trotteur Bold Eagle ou le calme comme mine d'or
Publié le 25/01/2018
Il cumule les succès et les gains, mais c'est "un vrai nounours". Bold Eagle, qui trotte sur les pas de son père Ready Cash et du légendaire Ourasi, impressionne par son calme et son flegme, même si une fois sur les pistes, c'est "un vrai compétiteur".
"Le calme. C'est ce qui fait sa force. Il n'use pas d'énergie pour rien", assure à l'AFP Thomas Bernereau, propriétaire avec son père et son frère de 30 % du trotteur. Pierre Pilarski en détient 50 % et l'écurie Fouquette 20 %.
L'avenir dira si ce point commun avec le légendaire Ourasi mènera Bold Eagle aussi loin que le trotteur surnommé le "roi fainéant" qui remporta quatre fois le Prix d'Amérique (1986, 1987, 1988 et 1990).
"L'Aigle audacieux", double tenant du titre à Vincennes, a encore un peu de chemin à faire avant de rejoindre dans les livres d'histoire Ourasi (58 victoires en 86 courses et 3,32 millions d'euros de gains) ou son propre père Ready Cash (4,2 millions de gains et 40 victoires dont deux Prix d'Amérique en 2011 et 2012, en 69 courses).
Mais avec près de 3,6 millions d'euros de gains, ses 37 victoires en 47 courses, Bold Eagle affiche le plus beau CV au départ de Vincennes dimanche.
Et de fait lorsqu'on rend visite pour la première fois à la star dans son haras du Ménil-Bérard (Orne), niché entre de modestes villages, on est frappé par le flegme de cette mine d'or à quatre jambes qui passe sous la douche sans broncher, remue à peine, comparé à ses voisins.
Alors que Ready Cash a "beaucoup de tempérament", selon M. Bernereau, son fils "est un vrai nounours", confirme son lad, Hugues Monthulé.
"La mère de Bold était assez calme et son grand-père maternel avait la réputation de faire des chevaux assez calmes", dit M. Bernereau qui est courtier en chevaux.
Semaine de trois jours
Son entraîneur, le très réputé Sébastien Guarato veille aussi à lui garantir une vie "sans tension", pour 35 euros par jour de pension, plus les frais de vétérinaire, de masseuse, et d'ostéopathe, ajoute Thomas Bernereau.
Bold Eagle "travaille deux à trois jours par semaine", précise M. Guarato. La séance dure 20 minutes. Mais la côte de la piste, marque de fabrique du coach star, "durcit" les chevaux. Et le programme est intense: quatre fois 700 mètres de plus en plus vite, suivi de deux kilomètres de récupération. Pourtant "Bold ne force jamais. Et Sébastien ne lui montre jamais la cravache. Il travaille en deçà de son potentiel", assure M. Bernereau.
Du 15 février au 30 juillet, "L'Aigle audacieux" fait l'étalon dans un haras voisin, quatre jours par semaine. "Ça prend un quart d'heure", selon M. Bernereau. L'effort est là d'autant plus rentable qu'à "chaque fois qu'il est récolté on peut inséminer entre 10 et 15 juments".
L'an passé 200 juments ont fait le déplacement, dont une centaine de l'étranger (Suède, Finlande, Norvège, Italie, Allemagne, États-Unis), selon Thomas Bernereau. A 10.000 euros la réservation et 10.000 autres euros si l'insémination aboutit bien à un poulain, Bold Eagle affiche les saillies les plus chères des trotteurs français, après celles de son père, à la retraite mais toujours étalon, selon M. Bernereau.
Une fois en piste aux côtés de ses concurrents, et mené par le non moins réputé Franck Nivard, ce trotteur bai plus petit que son père mais de même taille qu'Ourasi "est un vrai compétiteur".
"Notre objectif c'est de le faire entrer dans l'histoire en gagnant le plus de Prix d'Amérique possible", souligne Bernereau. A sept ans, il lui en reste plusieurs devant lui.
Dimanche Sébastien Guarato se disait "très confiant". Reste que le chouchou des turfistes français n'est arrivé que deuxième des trois courses préparatoires au Prix d'Amérique en décembre et janvier. Pierre Pilarski s'avouait même le 14 janvier "pour la première fois déçu" par son cheval, après le Prix de Belgique.
25/01/2018 18:33:13 - Le Ménil-Bérard (France) (AFP) - © 2018 AFP