Les notes d’Epsom.
Les King George VI and Queen Elizabeth Stakes constituent, cette année, le premier rendez-vous sur plus de 2.000m entre les 3ans et les chevaux d’âge. Cinquième dans le Derby, en selle sur le favori, English King (Camelot), et troisième dans les Oaks, associé à Frankly Darling (Frankel), Lanfranco Dettori est revenu avec nous sur les deux épreuves : « Frankly Darling était trop tendue en se rendant au départ et elle a beaucoup tiré. Love (Galileo) a gagné de façon impressionnante. Frankly Darling aurait pu prendre la deuxième place, mais il faut qu’elle se pose davantage. Avec English King, nous sommes tombés dans une course piège. Avec l’as à la corde, je me suis appuyé sur Mogul (Galileo). Ce n’était pas le bon choix, mais je n’avais pas beaucoup d’autres options. Cependant, avec un bon parcours, English King aurait terminé bon deuxième car Serpentine (Galileo) a gagné en très bon poulain. »
Les King George et le poids de la décharge.
Si l’équipe de Ballydoyle n’a pas encore établi le programme pour ses 3ans, Dettori n’est jamais serein à l’idée d’affronter les jeunes à Ascot avec les chevaux d’âge. Lanfranco nous a dit : « Enable sera au top. Mais la décharge de 11 livres accordée aux 3ans est très importante. Quand on tombe sur un bon 3ans, il est difficile de le battre à cette période de l’année. Serpentine est un poulain en plein épanouissement et Love a montré sa classe. Je pense que pour les chevaux d’âge, du point de vue de la surcharge, c’est plus facile en octobre, à ParisLongchamp, que fin juillet à Ascot. Mais cette année est très particulière, les jeunes n’ont pas suivi les mêmes programmes que d’habitude. »
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La vraie Enable Ă Ascot.
Lanfranco Dettori n’est pas trop déçu par la défaite de sa jument de cœur, Enable (Nathaniel), dimanche, dans les Eclipse Stakes (Gr1). Une course de rentrée à 6ans n’est jamais aisée, comme il nous a expliqué : « Avec l’âge, elle est devenue plus difficile à préparer. Elle avait beaucoup de travail derrière elle, mais il lui manquait vraiment une course. Elle était "grassouillette" et nous le savions. Je l’ai montée gentiment, pour ne lui pas donner une course dure. Et Ghaiyyath (Dubawi), quand il peut aller devant sans être mis sous pression, est difficile à battre sur les 2.000m de Sandown. Cela était faisable avec une Enable au top, mais, comme je le répète, son objectif n’était pas de gagner les Eclipse. Toute sa saison est axée sur les King George et l’Arc de Triomphe. Cela dit, je suis très content de sa rentrée. Elle a encore envie et, d’ici trois semaines à Ascot, on verra une jument bien plus affûtée. En vieillissant, il lui faut une vraie distance de 2.400m. »
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À la moitié d'une saison extraordinaire, Lanfranco Dettori a bien voulu faire le point avec notre journaliste, Liz Price. Rien ne saurait entamer la légendaire volonté de gagner du crack jockey, toujours au top avec Enable et les autres pensionnaires de John Gosden.
Quelles sont vos impressions après la rentrée d’Enable l’autre jour ?
Elle a 6 ans maintenant et il est difficile de la motiver le matin. Ainsi, elle n’était prête qu’à 85 % pour sa sortie à Sandown. Elle a beaucoup soufflé après la course. Mais c’était une bonne performance sur une distance (2.000 mètres), qui n’est pas sa meilleure. Puis, elle a couru contre des chevaux plus en forme qu’elle. Durant la course, elle était très enthousiaste et a bien suivi, mais après neuf mois sans courir, je ne voulais pas qu’elle lutte avec Ghaiyyath à six cents mètres du poteau. Il faut avoir une vision plus large des choses. Nous travaillons en vue de l’“Arc”, qui reste son objectif principal. Elle sera en meilleure forme pour les “King George” et évidemment, nous essayons de l’avoir au top pour le Prix de l’Arc de Triomphe, à ParisLongchamp.
• Vous vivez une nouvelle saison extraordinaire, non ?
Oui, le meeting de Royal Ascot a été fabuleux, mais c'était tellement bizarre sans la foule. Cela a été très difficile de l’apprécier autant, le public nous a vraiment beaucoup manqué. Mais j’ai eu un bon début de saison, c’est vrai, alors que je n’ai plus d'agent qui s’occupe de moi. Willie Ryan m’aide un peu, mais il faut dire que 90 % de mes montes sont pour John Gosden. Et puis je monte quelques chevaux pour d’autres entraîneurs, comme Ed Dunlop ou Ralph Beckett. Mais cela marche pour moi et je prends beaucoup de plaisir à être en selle. John a des bons chevaux et j’espère que cela va continuer.
• Et l’avenir ?
Enable joue évidemment un rôle primordial dans ma vie. J’ai vu gagner Love l’autre jour (N.D.L.R. : Oaks d'Epsom par neuf longueurs) et elle a l’air incroyable. Avec l’avantage au poids dans l’“Arc”, elle sera une des concurrentes à battre. Et il sera intéressant de voir ce que le vainqueur du Derby d'Epsom (N.D.L.R. : Serpentine lauréat de bout en bout et de 5 longueurs et demi) va faire la prochaine fois. C’était un vainqueur convaincant, mais la question se pose : est-ce que nous l'avons laissé prendre trop de longueurs d'avance ou est-ce qu’il est vraiment très bon ? Je ne sais pas. Je suis très impatient de le revoir en piste. Maintenant, notre boulot essentiel, c'est d’avoir Enable au top pour le premier dimanche d’octobre, c’est tout. Dans les prochaines semaines, je vais monter le grand stayer Stradivarius à Goodwood dans la Goodwood Cup et Palace Pier, qui est resté invaincu de belle manière dans les St James's Palace Stakes, dans le Prix Jacques le Marois. Nous avons de bons chevaux, mais le prochain grand rendez-vous est, bien sûr, les King George, le samedi 25 juillet.
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INTERNATIONAL / 06.08.2020
L’APPEL AU SECOURS DE FRANKIE DETTORI
Trenno, l’unique centre d’entraînement de Milan, va-t-il fermer ? Le risque est grand… mais des voix commencent à se faire entendre, dont celle de la plus grande star hippique italienne, Frankie Dettori.
Par Franco Raimondi JDG
La fermeture du centre de Trenno, avec le maintien de l’hippodrome, ressemble à un poker menteur entre Snaitech, propriétaire de la structure, et les entraîneurs qui travaillent sur les lieux. La société avait proposé un contrat avec des clauses libératoires difficilement acceptables, ce que les entraîneurs avaient pris pour une menace. Un règlement comme on en trouve dans les différents contrats de location, suffisait amplement : aucun sac poubelle déposé devant la porte de la concierge, que les chiens soient tenus en laisse dans l’ascenseur, pas de sous-location à des dealers ou femmes de mœurs légères…. Les choses se sont ensuite envenimées, malgré une pause due au confinement. Le comité pour la sauvegarde de San Siro a trouvé le soutien du Fondo Ambiente Italiano et Italia Nostra, deux puissantes fondations privées qui travaillent en partenariat avec l’État pour assurer la protection des monuments et des sites naturels. Mais le comité a surtout trouvé un soutien de poids avec la Ville de Milan. Les hippodromes et le centre d’entraînement ont beau appartenir à Snaitech, la Ville de Milan veut jouer son rôle en sauvegardant la qualité de vie des citoyens.
Un match de boxe. Le poker menteur a pris des allures de combat de boxe fin juillet, au moment où tous les entraîneurs ont reçu un courrier recommandé avec accusé de réception. Le propriétaire réclame dans les plus brefs délais (maximum cent-vingt jours), le déménagement de plus de quatre cents chevaux afin de libérer les lieux, en plus de trouver un autre centre pour loger les animaux et les entraîner. Les professionnels ont cru à un coup de bluff ou alors à manœuvre d’avocats pour continuer des négociations. Mais mercredi, un autre coup de théâtre a eu lieu. Grizzetti Galoppo, la société d’entraînement la plus importante du centre de Trenno, a reçu une lettre de mise en demeure signée par deux avocats de Rome, agissant pour le compte de Snaitech. Il est demandé à la société de déménager sans délai les quatre-vingt-sept chevaux logés à Trenno, d’arrêter immédiatement l’entraînement, de ne pas rentrer d’autres chevaux, et de libérer les habitations des salariés, les bureaux et la sellerie. Une lettre du même acabit a été envoyée aux propriétaires clients de la société d’entraînement.
Plus de 400 chevaux à loger. Bruno Grizzetti est écœuré. Il y a de quoi car dans le nord de l’Italie, aucun centre d’entraînement n’est en mesure d’accueillir quatre cents chevaux en provenance de Milan. En Italie, comme un peu partout, les courses ne peuvent pas être organisées sans la présence de sujets basés à proximité du champ de courses. Et surtout, veuillez m’excuser pour cet instant de philosophie, mais les courses sont et demeurent l’un des trois plaisirs de l’homme (et de la femme). Il existe beaucoup de manières pour gagner de l’argent. Mon ancien docteur, Giannino Garani, un Gianni Agnelli (Monsieur Fiat) bis, grand turfiste devant l’éternel et bien plus sympathique que l’ancien patron de la Juventus de Turin, m’avait appris il y a trente-cinq ans : « Jeune homme, n’importe quel idiot peut devenir riche. Même ton patron a réussi. Mais la vie, c’est autre chose. Il faut se faire plaisir et se regarder dans le miroir en souriant. » Aujourd’hui, sourire – si vous avez des chevaux à Trenno – n’est pas une mince affaire.
Nouveau rebondissement : Frankie entre en jeu ! Lanfranco Dettori a vivement réagi à la menace qui plane sur le centre d’entraînement de Trenno – et qui pourrait porter un coup fatal à la filière des courses en Italie. C’est donc un Dettori déterminé qui nous a confié : « Je suis né à Milan et j’ai été élevé à Trenno, là même où j’ai monté mes premiers pur-sang. Mes amis d’enfance, qui sont dans le milieu, travaillent dans les écuries de cette structure. J’y ai également mes racines. Mon père, Gianfranco, lorsqu’il est arrivé à Milan, était logé dans l’une des chambres en haut des écuries. C’était au début de sa carrière, quand il cherchait un travail pour gagner sa vie, juste après son départ de Sardaigne. C’est en bossant dur à Trenno qu’il est devenu jockey. Bref, sans ce centre d’entraînement, il n’aurait pas eu la chance de faire carrière. Pas de Gianfranco Dettori, pas de Lanfanco Dettori. J’ai choisi de faire ce métier pour suivre les traces de mon père. C’est le cas de beaucoup de mes amis qui n’ont pas eu la même chance que moi, mais qui continuent à gagner leur croûte avec les chevaux de course. La grande époque est derrière nous, certes. Mais si le centre d’entraînement ferme, c’est la catastrophe. Ce ne sont pas plusieurs milliers d’emplois qui vont être supprimés, c’est pire selon moi. C’est toute une profession spécialisée qui peut disparaître. »
Quand un arrondissement vivait des courses. Lanfranco Dettori est né le 15 décembre 1970. Les deux hippodromes de San Siro, celui de galop et celui de trot, et les centres d’entraînement, à cette époque, étaient les principales sources de revenus d’un arrondissement de Milan, lequel comptait à l’époque environ 70.000 habitants. En s’appuyant sur le fait qu’il y avait alors 2.000 chevaux à l’entraînement, dans chaque foyer se trouvait donc quelqu’un employé directement ou indirectement par le milieu des courses. Un cousin entraîneur, un jockey, un lad, un guichetier au P.M.H. ou même un serveur à la cantine des écuries. La ville de Milan a changé, comme l’ensemble des grandes villes mondiales. En pire certainement. Lanfranco est parti d’Italie avant que tout ce petit monde soit détruit. Un monde parfait où les riches étaient riches et les pauvres gagnaient leur vie correctement, en travaillant dur et étant respectés. Celui qui n’oublie pas d’où il vient a ajouté : « Je suis très triste quand je parle avec mes amis. Je pense à eux. Je ne parviens pas à trouver une explication qui justifie ce projet... »
Les trois raisons de Lanfranco. Le pilote est très précis dans ses propos. Sans pour autant vouloir faire du Greta Thunberg, il se montre très incisif dans ses réflexions : « La fermeture du centre d’entraînement est illogique, et ce pour trois bonnes raisons. La première est d’ordre sociale : on ne peut ni détruire des emplois, car délocaliser les écuries va conduire à cela, ni tuer des professions. La deuxième est d’ordre historique, car les courses à Milan existent depuis plus de cent cinquante ans. Agir ainsi revient à cracher sur toute l’histoire du galop italien, sachant que, sans centre d’entraînement, les courses seront mortes. La troisième peut paraître un peu "écolo". San Siro et Trenno sont les poumons d’une ville qui tend à se bétonner toujours davantage. Milan a-t-il besoin de cela ? Je ne pense pas. Les gens aspirent à respirer, à sortir du Coronavirus, à vivre mieux, … »
Le rêve immobilier. Les hippodromes de Milan ne représentent rien dans l’empire Snaitech qui, en 2019, avait affiché un résultat avant intérêts, impôts et amortissements de 162,4 millions, en hausse de 24 %, surtout grâce au marché des jeux d’argent. L’État italien, via le ministère de l’Agriculture, paye les allocations des courses et, en plus d’une commission sur les enjeux, subventionne l’hippodrome de galop avec une enveloppe de 3,5 millions, dont quelques 400.000 € pour le seul centre d’entraînement. Il faut ajouter à cela la location des boxes, le prix à payer pour l’utilisation des pistes et d’autres services que l’on peut estimer être à hauteur de 1,3 million. Tout ça ne pèse rien face à la possibilité de transformer ce poumon vert en habitations, bureaux ou commerces juste à côté du stade de San Siro, là où plus de cent jours par an il y a un match de football, un concert rock ou n’importe quel autre événement à forte nuisance pour les habitants.
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Dettori à Deauville… si Boris Johnson ne change pas d’idée !
JDG
Lanfranco Dettori se prépare à un grand week-end à Deauville, mais il a un petit souci. Le Premier ministre anglais Boris Johnson va-t-il imposer une quarantaine aux allers-retours en France ?
Le crack-jockey nous a confié : « Franchement, je suis un peu inquiet, car une quarantaine est déjà imposée aux voyageurs qui arrivent d’Espagne et le Premier ministre a dit, avant le week-end, que d’autres pays risquaient d’être ajoutés à la liste. D’après les bruits, la France est parmi les pays tangents. Si Boris Johnson met la France en rouge, je resterai chez moi car avec la quarantaine, je perdrais le meeting de York qui, même si Enable ne court pas, reste un rendez-vous très important. Je comprends et je respecte les consignes, même les plus strictes. Il ne faut pas trop rigoler avec ce virus maudit et je m’énerve quand je vois à la télé des gens sans masque. C’est pareil dans tous les pays, je suis en train de vieillir mais il faut se montrer plus sages pour éviter la deuxième vague. »
Palace Pier pour le titre des milers
Le rendez-vous le plus important est bien sûr dans le Prix du Haras de Fresnay-le-Buffard Jacques le Marois (Gr1) où il sera associé à l’invaincu Palace Pier (Kingman). Lanfranco nous a expliqué : « La course de Deauville est son grand objectif. Palace Pier est un poulain assez spécial, très froid, qui ne se donne pas le matin au travail. Son succès dans les St James Palace Stakes (Gr1) m’avait étonné. On l’estimait, mais pour un premier essai dans les Grs1, il a fait un truc qui sortait de l’ordinaire. Je pense qu’il a progressé. C’est logique, même si on ne peut pas attendre de lui un bond spectaculaire comme à Royal Ascot. Il y a en jeu le titre de champion d’Europe des milers et il est prêt au combat. »
Mishriff au pied levé
La deuxième belle monte du week-end est celle du lauréat du Prix du Jockey Club (Gr1) Mishriff (Make Believe) dans le Prix Guillaume d’Ornano – Haras du Logis Saint-Germain (Gr2). Lanfranco nous a dit : « Il s’agit d’une monte dont j’ai hérité car David Egan, premier jockey du prince Faisal, a pris une mise à pied. Le pauvre avait déjà raté le Jockey Club pour la même raison. Je ne connais pas vraiment Mishriff. Je l’avais monté une fois à 2ans avant son premier succès. Sur le papier, il mérite d’être le favori de la course. C’est un poulain très intéressant pour l’avenir. »
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