www.letrot.com/actualites/une-edition-20...ir-de-revanche-18842
L’esprit de revanche peut être un puissant moteur d’engagement. Une force qui met le succès au-dessus de tout, portée par le chemin préalable qui y conduit. Ce sont les expériences antérieures, et notamment les échecs qui les composent, qui nourrissent les ambitions à venir. Voilà incontestablement un puissant carburant, que certains pourraient qualifier de force négative, mais qui se muent dans tout exploit sportif en ressort qui porte à la victoire. Et l’esprit de revanche est bien un trait partagé par de nombreux protagonistes du Prix d’Amérique Legend Race. Et notamment les plus attendus et exposés.
Les éventuelles déclarations de Thierry Duvaldestin au sujet d’Idao de Tillard (Sévérino), dans les prochaines heures, seront écoutées et analysées avec minutie. Le favori du Prix d’Amérique Legend Race a vu sa préparation contrariée – après l’apparition de sécrétions notamment dans la gorge, il a fait l’impasse sur le Prix de Belgique – Amérique Races PMU Q6 (Gr.2) et a dû faire calme pendant quelques jours. Il aborde l’épreuve et son grand objectif de l’hiver, dimanche, entouré de questions sur sa forme réelle du moment. Disqualifié l’an dernier, il fait partie de la longue liste des prétendants 2024 à se présenter en mode revanche. "On reviendra plus forts la prochaine fois" avait déclaré son entourage l’an dernier. Les faits (le doute sur sa condition) ne pourront aller en ce sens mais le désir de revanche sur le sort reste évidemment bien là, puissamment ancré. Comme pour la grande majorité des protagonistes dominicaux.
Le point sur les engagés
Ils sont 25 ce mardi matin sur la liste des inscrits pour le Prix d'Amérique Legend Race (Gr.1). Le fait le plus notable depuis la validation de la liste initiale des engagés, vingt-quatre heures plus tôt, est la sortie d'Hanna des Molles (Village Mystic), passée dans la catégorie des forfaits par Laurent Abrivard. Le pointage actuel conduit toujours à Italiano Véro (Ready Cash) comme dernier concurrent à intégrer la grille de départ, grâce à l’octroi de 10 % de gains supplémentaires aux 6 ans.
À l’examen des candidats en lice pour le grand sacre, le moteur de la revanche, l’esprit d’effacer de mauvaises expériences sont incontestablement des valeurs en partage.
Ampia Mede Sm, effacer le regret de 2023
Ampia Mede Sm (Ganymède) est la jument qui a conclu en tête du classement du précédent meeting d’hiver, précédant le vainqueur du Prix d'Amérique Legend Race Hooker Berry (Booster Winner), avec ses succès dans le Prix de France Speed Race (Gr.1) et de Paris Marathon Race (Gr.1) et ses 666.100 € de gains. Et pourtant, il y a eu un immense regret, celui d’être passé tout près de la triple couronne hivernale après sa deuxième place dans le Prix d’Amérique Legend Race (Gr.1) dans lequel elle a été crédité du meilleur chrono partiel de fin, flashée en 1’03’’5 dans les 200 derniers mètres. Lors de cette défaite, Franck Nivard était un brin amer : "C’est dommage car, si Alessandro Gocciadoro (sur Vernissage Grif) avait vraiment couru sa course, cela aurait tout changé. Ampia Mede Sm aurait pu tout simplement gagner. Elle s’est vraiment bien allongée pour finir." Elle aussi sera donc portée par une envie de revanche dimanche. Son succès dans le Prix de France en février dernier avait déjà été placé sous ce même sceau de la revanche (lire notre édition du 12 février 2023).
Gu d’Héripré, oublier les éclipses
Elément de grande classe, capable de conclure à 5 ans, en 2021, troisième du Prix d’Amérique Legend Race (Gr.1), Gu d’Héripré (Coktail Jet) a surtout été victime par la suite de problèmes de santé. Très longtemps sur la touche en 2021, il a mis du temps à retrouver tout son potentiel en 2022 et a, de nouveau, été longuement écarté des pistes l’an dernier. Sa montée en puissance durant l’hiver vient de donner à voir Gu d’Héripré sous son meilleur jour, en brillant vainqueur du Prix de Bourgogne – Amérique Races PMU Q5 (Gr.2). Lui aussi évoluera avec l’envie de rattraper le temps perdu dans le Prix d’Amérique.
Izoard Védaquais, prendre enfin la lumière
Il fait partie de la grande génération née en 2018 et contribue d’ailleurs à son rayonnement. Mais c’est aussi le malheur d’Izoard Védaquais (Bird Parker). Ce sujet au physique hors normes, doté d’un abattage incroyable, a dû laisser les plus grands honneurs, successivement à Italiano Véro (dont il a conclu deuxième dans le Critérium des 3 Ans, connaissant alors sa première défaite, puis troisième dans le Critérium des 4 ans) et à Idao de Tillard (dont il a été le dauphin dans le Critérium Continental – Amérique Races PMU Q4). Soit, Izoard Védaquais possède un Groupe 1 à son palmarès (le Prix Ourasi – Sulky World Cup Finale aux dépens d’Idao de Tillard) mais il est en droit de nourrir une envie de revanche sur la gloire. Pour passer de l’ombre à la lumière et prendre enfin la place sous les projecteurs, cette fois, de son perpétuel empêcheur Idao de Tillard, l’occasion est belle dimanche.
La revanche leur colle à la peau
■ Go On Boy. Le représentant de Roman Derieux, Go On Boy (Password) ne compte aucun titre de Groupe 1 en France. Il a été dépossédé (pour contrôle positif) de sa victoire dans le Critérium des 4 Ans (Gr.1). Son succès dans le Prix de Washington (Gr.2), aux dépens de Vivid Wise As (Yankee Glide), n’a pas la notoriété attendue. Il lui a fallu aller chercher la gloire à l’étranger et Go On Boy a réussi sur ce point en 2023 avec son titre dans le Grand Prix de Wallonie (Gr.1) et ses premiers accessits dans l’Elitloppet (Gr.1) et l’UET Elite Circuit Finale (Gr.1). Un grand sacre en France – et le plus grand qui soit dans le Prix d’Amérique Legend Race – serait néanmoins une revanche sur le sort dans l’Hexagone.
■ Vivid Wise As. L’archi champion aux 20 titres de Groupe 1 (ou assimilés) et trotteur le plus riche d’Europe a un blanc dans son curriculum vitae : le Prix d’Amérique Legend Race. En dépit de quatre tentatives (il est au départ de l’épreuve depuis 2020), il n’y compte au mieux qu’une quatrième place, en 2022. Il faut dire que le champion italien n’évolue pas là sur son parcours de prédilection, intervenant dans les ultimes limites de son domaine de tenue. Et il faut encore ajouter qu’il n’a pas toujours connu la meilleure des préparations, comme l’an dernier, victime d’une infection dans le money time préparatoire et contraint d’arriver sur l’épreuve sans vraie sortie préparatoire. On peut donc se projeter dans une logique de revanche cette année. Le hic est que Vivid Wise As a, une nouvelle fois, vu sa préparation perturbée et a dû faire l’impasse sur le Prix de Bourgogne – Amérique Races PMU Q5 (Gr.2). La poisse donc.
■ Hussard du Landret (Bird Parker) a l’esprit de revanche chevillé au corps. Ce discret des pelotons a d’abord évolué en supplétif de Hohneck (Royal Dream) et d’Hooker Berry (Booster Winner). Son sacre dans le Critérium des 5 Ans (Gr.1), en septembre 2022, lui a donné une autre envergure, dans une génération d’abord négligée puis réévaluée avec les exploits de Hohneck (Ellitloppet) et d’Hooker Berry (Prix d’Amérique Legend Race). Aux termes d’un déroulement de course peu favorable, il a décroché la septième place de la précédente édition de la Legend Race. Qualifié sereinement, dès le Prix de Bretagne – Amérique Races PMU Q1 (Gr.2), il sera confié à Yoann Lebourgeois avec lequel il vient de conclure par deux fois quatrième des derniers volets qualificatifs. L'heure de la grande revanche du discret, souvent oublié, a peut-être sonné.
■ Hokkaïdo Jiel (Brillantissime) fait lui aussi partie de la fameuse promotion née en 2017. Sujet d’abord protégé, il a souvent échoué aux places aux termes de belles mais tardives fins de courses. Malheureux dans plusieurs grands rendez-vous (cadenassé dans le Prix Bold Eagle – Sulky World Cup 5 Ans Finale (Gr.1) en janvier 2022), il lui a fallu attendre le Prix René Ballière 2023 pour accéder au titre de vainqueur de Groupe 1 (aux dépens d’Hohneck). Il y a comme un air de revanche, au regard de l’ensemble de sa carrière, dans sa présence dans la distribution du Prix d’Amérique Legend Race qui se prépare. Une réserve néanmoins doit être levée compte tenu de plusieurs récentes prestations un brin décevantes.
■ Hohneck, un exceptionnel ambassadeur français à l'étranger mais en mal d'un très grand titre en France, Inmarosa (Amiral Sacha), célèbre mais méconnue (lire notre édition du 23 décembre), méritent eux aussi d'intégrer cette liste de candidats mués par une envie de revanche.
Hooker Berry, l’exception qui confirme la règle
Lui n’a sans doute aucune idée ou envie de revanche à exprimer. Hooker Berry (Booster Winner) est le tenant du titre du Prix d’Amérique Legend Race et a connu une séquence qualificative et préparatoire sans encombre. Son dernier travail, ce lundi sur le centre d’entraînement de Grosbois, a donné satisfaction à son entraîneur Jean-Michel Bazire qui nous a partagé son état d’esprit au retour de la séance (lire aussi notre précédente édition) : "Il était bien souple et a répondu à mes attentes. Maintenant, nous n'avons plus grand chose à inventer. Je le trouve en aussi belle condition que l'année dernière avant sa victoire dans la belle et sa prestation dans le Prix de Belgique - Amérique Races PMU Q6 est meilleure que celle de l'an passé (…)" Avec Nicolas Bazire à ses commandes, Hooker Berry sera plutôt dans une approche de bonus intégral.