PRIX D'AMERIQUE 2021 (G1, attelé, Vincennes, Q) : Face Time Bourbon

Au sujet de Muscletone, et après que cette véritable "Boule de muscles" l'eut emporté, dés l'âge de 4 ans, s'ensuivit une édition qui va rentrer dans la légende de la course, bien au dela, et surtout dirons nous, bien en dehors de la piste...

Il est le 1er trotteur International considéré comme littéralement invincible, laissant partout ou il passe, ses adversaires dans le lointain, et ce n'est pas son handicap de 25M qui risque de changer la donne estiment tous les "spécialistes " de l'époque..
Il est impossible de donner un chiffre concernant le nombre de spectateurs ce jour la, officiels et surtout officieux, tout ce que l'on sait, c'est que Vincennes est bondé, il y'en a partout, et certains n'hésitent meme pas à ...monter sur les toits ( !) pour assister a cette course qui doit sacrer le doublé de cet ogre transalpin, sorte de préfiguration à ce que sera l'illustre Varenne bien longtemps plus tard...

Donné à 2/10, les parieurs, surtout les plus fortunés-au vu de la cote-, n'hésitent pas à envoyer des sommes colossales aux guichets de l'hippodrome et tous les records d'enjeux sont pulvérisés....
Tous les adversaires d'ailleurs ne se font guere d'illusions, et font état d'une lutte qui s'annonce chaude...pour la deuxième place..
Un seul a néanmoins remarqué que Muscletone, au milieu de ses immenses qualités, a décelé l'une de ses rares faille : il ne goute guère au terrain lourd.... cet adversaire c'est Marcel Perlbag,au sulky de Javari-jument de 5 ans- et les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la capitale la veille, peuvent servir ses intéréts....

Au sulky de Javari, une jeune jument, dont le seul titre de gloire est une 2eme place au C4 l'année précédente, l'ami Marcel sait que sa seule chance réside a prendre le maximum d'avance au plus vite...et de tenir, en esperant l'impossible...

Conformément a sa tactique, Javari "part comme pour faire un mile", et se retrouve avec 50 M d'avance sur la meute...
Aux abords de l'arrivée néanmoins, Muscletone a "enclenché" et va revenir, c'est sur, sur sa dernière proie à avaler....mais Javari tient, et le terrain, véritable bourbier, finit d'handicaper le favori, qui ne peut remonter complétement la fuyarde...Qui l'emporte dans une ambiance indescriptible...
Il en ira tout autre pour certains parieurs : les échos font état d'évanouissements, voir de crises cardiaque (!) dans les tribunes, et ce jour la, on dépassera le simple cadre d'une course hippique..
Coté sport, le répit de cette victoire Française sera de courte durée...En effet, Muscletone reviendra l'année suivante, écrasant le lot pour son 2eme sacre, couru.........sur terrain sec cette fois...

OVIDE LIBÉRE LA FRANCE.....

En 1945, même si la victoire semble acquise, le Prix d'Amérique se nomme encore "PRIX D'HIVER" afin de ne pas froisser l'occupant, ou ce qu'il en reste....

Vincennes est devenu, non plus un hippodrome mais...Une zone de stockage pour l'armée Américaine...Aussi c'est à Enghien que va se courir l'épreuve, sur 2800M....

Vainqueur du Prix de Paris, le (très ) puissant Ovidius Naso, qui après des débuts fracassants, notamment sous la selle, a connu des ennuis de santé, nous revient, plus fort que jamais, et ce, malgré ...Deux handicaps...Le premier est celui infligé, en vertus des règlements de l'époque, de 50M (!), et le second, qui consiste à "porter" un driver, l'illustre Roger Céran-Maillard, de plus de 2Métres et pesant plus de ...cent kilos...

Mais Ovidius Naso , l'un de ces chevaux à l'endurance et à la tenue quasi légendaire, écrase l'opposition, elle même emmenée par une nouvelle fille de Passeport-le Ready Cash de l'époque-étalon-or, la belle Rosa Bonheur, qui ne peut que rafler le premier accessit, tant Ovidius Naso s'était révélé imprenable...

L'année suivante est celle du renouveau, à tous les plans...la guerre s'est, définitivement éloignée, nous sommes en 1946, et même si Vincennes est toujours réquisitionné, la course a retrouvée son nom initial, et sa splendeur, encore à Enghien, devant une foule record...Le nombre de participants est tel, qu'il faut, deux semaines plus tôt, organiser ...Deux batteries qualificatives (!) avant de voir s'affronter 8 finalistes, sur 2800M toujours, et dans des conditions météorologiques épouvantables...

Sans rendement de distance cette fois, Ovidius, du haut de ses dix ans, personnifiera à lui tout seul l'expression " laisser ses adversaires dans le lointain"......Dans cette édition il écrase littéralement l'opposition, son second, un certain Ri, va ainsi finir à......2 secondes et demi du lauréat....

Ovidius Naso aura ce point commun avec Ourasi, celui de se révéler quasi stérile au haras...Aussi, c'est vers la Suisse qu'il file, continuant sa carrière jusqu'a ..15ans, gagnant encore, toujours et partout, sur les terres d'Helvétie, avant d'être racheté par ...un laitier (!!), pour, pendant 5 ans supplémentaires, tirer sa charrette, livrant le lait dans son canton, un double vainqueur du P.d'Amérique aux commandes(!!!)....Autre époque....

"Laissé tranquille" ensuite, Ovidius Naso s'éteindra à l'âge vénérable de 28 ans, en 1964, laissant dans les mémoires, l'image de l'un des chevaux les plus puissant et endurant de l'histoire, et qui sans ses ennuis de santé, et surtout la guerre, aurait sans doute battu des records bien difficile à égaler aujourd'hui...

Belle histoire, que celle d'Ovidius Naso qui finit paisiblement sa vie en modeste cheval de travail... Venutar, pas plus productif au haras lui non plus, n'eut pas cette chance. Pour ses bons et loyaux services, ce fut l'abattoir. Du Capitole à la Roche Tarpéienne...

Au fond, nos champions sont tous des chevaux de travail.
Si nous les voyions comme cela, je pense qu'ils seraient traités différemment, que les filières
prendraient d'autres tournures, et que nous tiendrions à des qualités de rusticité, de bravoure.

L'intérêt dans les courses, ce n'est pas tant le chrono que de passer le poteau le premier...
Et quel petit propriétaire ne vous racontera pas la joie indescriptible de voir "son" cheval faire cela,
peu importe le style.

Quand Ténor de Baune gagnait sur le pied de 1'14, ça allait bien, quand ses aînés gagnaient avec des sulkys
bien plus lourds, des fers, et des chronos qui les qualifieraient à peine aujourd'hui, ils n'en faisaient pas moins
rêver les foules.

Que voulons-nous ? Du plaisir, des chouchous en piste, le plaisir du joueur essentiel pour la filière, et des chevaux
respectés de la naissance jusqu'à une fin digne et si possible à un âge normal ? Je crois oui...

l'UET, qui met dans un mélangeur qui ne fonctionne pas aujourd'hui des systèmes et des niveaux de performances
et rémunérations très différents pourrait repartir de là pour redessiner un monde des courses qui soit suffisamment
populaire et beau pour retrouver sa place.
et les filières équestres pourraient enfin colmater la brèche, arrêter le délitement, se souvenir que nous avons eu des haras
nationaux, de belles races de terroirs, que les chevaux ont fait ce que nous sommes et sont morts à la guerre avec les humains...
Nous nous sommes globalement éloignés d'eux. Nous les surprotégeons ou les surexploitons.
Où pourrions-nous trouver un peu de justesse ?

J’ai lu quelque part que si l’on prenait les champions des années 80-90 et qu’ils couraient aujourd’hui avec les sulkys modernes, la nouvelle piste, les tactiques modernes etc, ils regarderaient dans les yeux les champions d’aujourd’hui car ils pourraient trotter en 4 à 5 secondes plus vite !

vieborg écrit: J’ai lu quelque part que si l’on prenait les champions des années 80-90 et qu’ils couraient aujourd’hui avec les sulkys modernes, la nouvelle piste, les tactiques modernes etc, ils regarderaient dans les yeux les champions d’aujourd’hui car ils pourraient trotter en 4 à 5 secondes plus vite !

Abstractions faites des progrès réalisées sur l'entrainement et sur les soins vétérinaires, avant 1993 les chevaux ne couraient pas sur la même piste ! L'altimétrie de celle-ci a été considérablement relevée coté route de la pyramide, atténuant la "descente" et la "montée" de l'hippodrome historique.
C'est bien visible par l'entrée des vans et du parking P2, surplombée par la piste et un talus qui n'existait pas avant 1993.

Sea Bird écrit:

Alex écrit: Face Time Bourbon est un tel phénomène. Le cheval parfait. Quelle performance encore une fois. Un record, une impression de puissance, vitesse et facilité. Son accélération dans le virage est incroyable et il la pousse jusqu’au bout. Tout simplement trop fort. Bravo à l’entourage. Je suis parfois critique de la communication de Guarato mais super travail de sa part pour amener son cheval au top le jour j.
Davidson n’a rien à se reprocher. Il a le dos de FTB toute la course et fournis une performance excellente. Il tombe simplement sur plus fort. JMB savait sans doute que le seul moyen de gagner était de tout axer sur le prix d’Amérique. Mais impossible de faire tomber le phénomène.

Tout est dit. Tout juste peut-on ajouter qu'en course ce cheval est d'une esthétique exceptionnelle, mais hélas, seulement appréciable que par l'interface d'un téléviseur ou par les quelques courageux "aficionados" agrippés au grillage bordant la piste.

Ah oui , j’ai vu un paquet de trotteurs , de champions , mais aussi beau en course c’est unique

Il a une façon de s’aplatir , baissant son centre de gravité , L’encolure baissée aussi et tendue , un véritable avion de chasse , épousant au plus près les courbes de la piste

Pour les amoureux du trot c’est un spectacle exceptionnel

Sea Bird écrit:

vieborg écrit: J’ai lu quelque part que si l’on prenait les champions des années 80-90 et qu’ils couraient aujourd’hui avec les sulkys modernes, la nouvelle piste, les tactiques modernes etc, ils regarderaient dans les yeux les champions d’aujourd’hui car ils pourraient trotter en 4 à 5 secondes plus vite !

Abstractions faites des progrès réalisées sur l'entrainement et sur les soins vétérinaires, avant 1993 les chevaux ne couraient pas sur la même piste ! L'altimétrie de celle-ci a été considérablement relevée coté route de la pyramide, atténuant la "descente" et la "montée" de l'hippodrome historique.
C'est bien visible par l'entrée des vans et du parking P2, surplombée par la piste et un talus qui n'existait pas avant 1993.

Avant 93 il s’agissait en effet d’une toute autre piste , avec la rénovation la montée a été limée , les virages relevés et le revêtement est bien plus performant , très élastique , cette piste a été conçue pour s’améliorer avec le temps , c’était prévu , et les records aussi donc

Une anecdote que je ne connaissais pas

Si l’hippodrome de Vincennes est dédié aux courses de trotteurs, il n’en a pas toujours été ainsi.

En effet, en 1863, le 23 mars pour être précis, eut lieu l’inauguration de celui ci devant 100 000 spectateurs mais avec au programme, trois courses… d’obstacles !


100 000 personnes ! Autre époque

commandertilly écrit: Il est le 1er trotteur International considéré comme littéralement invincible, ........
Au sulky de Javari, une jeune jument, dont le seul titre de gloire est une 2eme place au C4 l'année précédente, l'ami Marcel sait que sa seule chance réside a prendre le maximum d'avance au plus vite...et de tenir, en esperant l'impossible...

"SHAME on YOU"
Javari était un mâle et il a suffisamment produit et tracé au Haras contrairement à Muscletone.
Des trotteurs considérés comme imbattable il y en a eu avant Muscletone (Fred Leyburn et Uranie en sont des exemples)

Sorry sorry
Pardon pardon
Je pense que de cette erreur, nous nous remettrons ...
cela dit, c'est dit si méchamment, que c'est pas sur