🇸🇪 Elitloppet 2019 (gr. I, attelé, Solvalla) - Dijon

Je n'avais pas remarqué le détail que rapporte Paris Turf : "En plaçant une chambre à air en caoutchouc en haut de son sulky français (et non américain, n’ayant pas les jambes assez longues), ce qui a permis à son cheval de moins flotter, le garçon a suscité la curiosité des Suédois".
Moralité : Que le règlement soit différent de celui auquel on est habitué, ou qu'on soit un peu court sur pattes, il faut toujours savoir s'adapter...

Paris-Turf - Elitlopp 2019 : Des hauts et débats
Par Sébastien PIAZZA | Publié le dimanche 2 juin 2019



ANALYSE : L’Elitlopp 2019 restera comme une édition très controversée - Marqué par une baisse sensible de sa fréquentation, dû peut-être au nouveau dispositif (fastidieux) mis en place pour enregistrer ses paris, sur place, le week-end de l’Elitlopp a suscité des tas de réactions. Explications...

Le diable se cache dans les détails
Muni de son bonnet fermé, Dijon (qui était déferré des quatre pieds) a rejoint son grand-père, Coktail Jet, au palmarès de l’Elitlopp. Entraîneur, dorénavant, de galopeurs, en Australie, Jean-Étienne Dubois (qui élévera et gérera la carrière de Sonate d’Aunou avant de la vendre à Louis Derieux, ndlr) n’avait que vingt-sept ans en 1996, contre trente-cinq, aujourd’hui, pour le garçon de Cheptainville (91). Comme Richard Westerink lors du premier des deux sacres de Timoko, en 2014. Au calme, le Francilien doit désormais observer la tournure que prennent les événements, l’agitation qui règne sur les réseaux sociaux. Les critiques qui s’abattent sur les allures de son cheval (autant que sur le maintien à la deuxième place d’Aubrion du Gers...) ne changeront rien au résultat final. En plaçant une chambre à air en caoutchouc en haut de son sulky français (et non américain, n’ayant pas les jambes assez longues), ce qui a permis à son cheval de moins flotter, le garçon a suscité la curiosité des Suédois. Dans le même temps, ces derniers ont probablement minimisé la capacité d’un cheval qui avait fait mordre la poussière, mi-mars, à Bold Eagle, avant de pousser dans ses retranchements Readly Express dans le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur (groupe I), faisant de lui le premier trotteur tricolore à recevoir son carton d’invitation pour l’épreuve la plus prisée en Europe du Nord. Redoutable sur ce type d’anneaux et sur la distance du mile, il a fait parler sa vitesse de base en finale après s’être qualifié (sans brûler trop de cartouches) dans sa batterie, derrière Aubrion du Gers et Propulsion. Une victoire de prestige qui fait de lui un nouveau millionnaire. Déjà liste pleine pour sa deuxième saison de monte, qu’il effectue au haras de Sassy, dans l’Orne, sous la responsabilité de Jean-Yves Lhérété, le fils de Ganymède devient, après Gélinotte (1956), Jamin (1959), Roquépine (1967), Idéal du Gazeau (1980), Jorky (1981) et Coktail Jet (1996), le septième cheval français à avoir remporté l’Elitlopp à 6 ans.

Les papys ne résistent plus
Jean-Michel Bazire émettait de sérieux doutes quant à la participation de Looking Superb (6 ans) à ce classique disputé en batteries. Et ce n’est pas l’issue de ce groupe I (dans lequel il s’est montré fautif en finale) qui l’aura fait changer d’avis. Fragiliser l’épanouissement d’un cheval appelé à s’installer et régner durablement sur le toit de l’Europe est un risque qu’il n’aurait pas pris, s’il était le seul décideur. Pas sûr qu’au moment de boire un verre dans le centre de Stockholm, dimanche soir, Kolbjörn Selmer, son propriétaire, se soit fait cette réflexion... Pas sûr, non plus, que cela amène son ancien mentor, Jomar Blekkan, à se résoudre à faire l’impasse sur le Grand Prix d’Oslo, le 9 juin. À 65 ans, ce dernier rêve de la consécration suprême. Sur ses terres. Devant son public. Pourtant, le risque de tout casser est bien réel. Et cela constituerait un véritable gâchis, surtout dans le contexte actuel, marqué par la carrière désormais terminée de Readly Express et celle - en suspens - de Propulsion. Aujourd’hui, les papys ne résistent plus. Ils sont usés. Touchés physiquement. Peut-être mentalement, aussi. Il faut désormais viser juste, mode opératoire que développe dorénavant Sébastien Guarato avec Bold Eagle. S’il est capable d’annexer n’importe quel groupe I en Europe, cette saison, JMB sait qu’il tient avec Looking Superb et Davidson du Pont (sans oublier Bélina Josselyn, qui se remet d’une blessure) des éléments prêts à convoiter le Prix d’Amérique 2020 face à Villiam, Face Time Bourbon, Campo Bahia et Makethemark. Deux trotteurs qui ont évité les durs combats de Vincennes à 3, 4 et 5 ans. Comme Dijon, le dragster le plus rapide du Vieux Continent que l’on pourrait retrouver, à l’automne, du côté de Yonkers, aux USA. Face à Aubrion du Gers et Jos Verbeeck ? Wait and see...

Bien-être animal
S’il est, à juste titre, au cœur des préoccupations des nouveaux dirigeants de l’UET, le bien-être animal a-t-il été complètement respecté, le week-end dernier, en Suède ? Disputé sur une piste très dure et rendue abrasive par les mauvaises conditions météo, l’Elitlopp aura été fatal à Readly Express, rentré boiteux après sa victoire en batterie. Ne souhaitant pas annihiler, d’ailleurs, les chances de Bahia Quesnot, Junior et Stéphane Guelpa ont préféré laisser leur jument (sous l’influence de son sexe) ferrée – et éliminée - dans sa batterie. L’occasion de rappeler que, plus que partout ailleurs, la cendrée parisienne est de (très) loin la référence mondiale, au trot.

58.500
C’est, en euros, le montant de la prime, représentant 20 % des gains obtenus par Dijon (qu’il a élevé) qui ne sera pas versé (restrictions budgétaires oblige) à Louis Derieux, papa de Romain. Tandis qu’il devait initialement faire le déplacement en Suède, le week-end dernier, au côté d’Antonio de Sousa, il n’aura finalement pas pu assister sur place au succès de son fils dans l’antre de Solvalla.