Il est l’un des entraîneurs stars de l’hippisme aujourd’hui, mais Thierry Duvaldestin reste très secret
Près de 250.000 kilomètres parcourus, 883 départs, 239 victoires et un record national (le nombre de victoires pour un entraîneur au trot sur une saison)… pour la bonne année, on va souhaiter à Thierry Duvaldestin de reproduire l’exploit de 2021, qui l’a fait définitivement entrer dans l’histoire hippique. Une réussite, fruit d’un travail acharné et d’un amour des chevaux qui l’anime depuis toujours. « Je suis né dans le milieu agricole, j’ai toujours aimé les animaux », expose l’ancien driver. Petit-fils de fermier, fils de driver amateur, le jeune Thierry à longuement arpenté les pistes et les écuries dans les pas de son père, avant d’intégrer la prestigieuse école de Chantilly. Il y poursuit son apprentissage auprès du grand entraîneur Jean-Pierre Dubois, avant d’aménager progressivement les 45 hectares de terres de son lègue, à la Ferté-Frênel dans l’Orne. C’est dans ces grands espaces verts, qu’avec sa femme, puis plus tard ses trois enfants, il développe sa carrière en tant qu’entraîneur privé et enchaîne les victoires.
Attentif au moindre détail
Victoires, au goût de dévouement. Car, si l’entraîneur est attendu comme favori pour la 103ème édition du Grand Prix, qui se déroulera au mythique hippodrome de Paris-Vincennes, le 29 janvier prochain, grâce à ses deux cracks : Idao de Tillard et Flamme du Goutier, ce n’est pas dû à une chance fortuite. « Nous sommes comme des marins, illustre-t-il, amusé. Qu’il pleuve, qu’il vente, ou qu’il neige, nous sortons entraîner nos chevaux à 7h15. » Pas question en revanche de se laisser happer par la routine. « On ne fait pas les mêmes tours de vélo, l’idée est de faire voir différents paysages aux chevaux plutôt que de les entraîner toujours à l’hippodrome ». Attentif au bien-être psychologique de ses animaux durant l’entraînement, Thierry Duvaldestin l’est également à la forme physique de ces sportifs de haut niveau. « Nous attachons une très grande importance aux sols, explique-t-il. Ils ne doivent pas être trop durs pour la résonance dans les articulations. » Une mesure d’autant plus importante, car « contrairement à 90 % des écuries de France qui font travailler leur chevaux en une fois, nous le faisons en deux, ce qui nous fait passer beaucoup plus de temps sur la piste », précise son fils cadet, Théo Duvaldestin.
La surprise Idao de Tillard
Entraîner, c’est aussi savoir accepter que le corps à besoin de repos. « Le défaut que l’on peut avoir en tant qu’entraîneur c’est de surentraîner », admet le professionnel. Une erreur qui, il le sait, pourrait lui coûter cher s’il se laissait prendre. « Lorsque l’on constate qu’un crack court bien, on essaye plutôt de le préserver ». Car pour beaucoup de chevaux, il y a peu d’élus. Des perles rares, Thierry Duvaldestin a déjà eu l’occasion d’en entraîner, parmi lesquelles Ready Cash, le fougueux étalon qui lui a offert deux victoires au légendaire prix des trotteurs. Onze ans plus tard, c’est avec Idao de Tillard, sorti du lot à l’hiver dernier et Flamme du Goutier, que l’entraîneur espère remporter la victoire. « C’est une véritable satisfaction de l’avoir repéré », reconnaît-il, au sujet d’Idao. Car rien ne prédisait le succès de ce jeune étalon au « calme olympien », dont la lignée n’est pas particulièrement prestigieuse. « J’ai toujours préféré me fier à la manière dont un cheval se déplace dans l’espace qu’à ses origines », confie-t-il. Un œil aiguisé, première condition pour accéder à la victoire. Malgré ces qualités en tant qu’entraîneur et ces réussites passées, Thierry Duvaldestin reste prudent. « A quelques minutes du départ, on n’est plus les mêmes. On aurait presque tendance à perdre ses moyens », confesse-t-il. Une épreuve de sang-froid désormais réservée à ses fils, Théo et Clément, tous deux drivers au Grand Prix 2023.
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