Dans un entretien accordé à Jour de Galop,
Victoria Head revient sur son ascension et sa vision du métier d'entraîneur. À seulement 28 ans, elle a su imposer son style tout en s'inspirant de son héritage familial.
Contrairement aux apparences, elle n'était pas prédestinée à ce métier :
« Je ne suis pas née en me disant que j'allais entraîner. J'ai réalisé des études de communication. En revanche, j'ai toujours aimé les chevaux. C'est grâce à ma famille, à mes rencontres, et aux différentes expériences que l'envie de m'installer est née ».
Ses débuts modestes ne l'ont pas découragée :
« Cela ne m'a pas inquiétée, car mes pensionnaires se plaçaient. Je n'avais que trois chevaux à l'entraînement, surtout de niveau handicap ! Il fallait être patiente ! Il faut aussi être conscient que gagner des courses n'est pas simple, il faut que beaucoup de paramètres soient réunis ».
En quelques mois, son effectif est passé de vingt à cinquante-trois chevaux. Une croissance rapide qui a nécessité une adaptation :
« Je me souviens d'un moment de solitude où j'ai un peu paniqué, mais finalement tout s'est bien enchaîné ». Elle dirige aujourd'hui une équipe d'une quinzaine de cavaliers :
« J'ai une équipe solide dont trois salariés qui sont avec moi depuis mes débuts. Je ne supporte pas qu'un cavalier ait les rênes dans le vide. Il faut toujours soutenir son cheval. Je suis un peu exigeante avec ça… »
Sa méthode d'entraînement diffère de celle de son père :
« J'utilise les mêmes pistes, mais il travaillait sur de plus courtes distances et plus vite. J'ai essayé de m'inspirer de ce que j'ai pu voir à droite ou à gauche, mais il faut surtout composer avec nos moyens ». Elle accorde une attention particulière aux jeunes chevaux :
« J'adore cette génération, il faut tout leur apprendre ! Désormais, je peux façonner les jeunes à ma manière ».
Parmi ses pensionnaires prometteurs, elle évoque
Badie et
Frankly Good Cen. Elle attend avec impatience les débuts de
Tito Mo Cen,
« le frère de Ramatuelle par Uncle Mo. Physiquement, il est tardif mais sort du lot ».
L'héritage familial reste présent :
« Mon père ne vient pas du tout le matin à l'entraînement, mais lorsque j'ai une question, il me répond avec plaisir. Je suis aussi proche de Criquette et tous les deux ont des avis parfois différents, ce qui est intéressant. Si je devais qualifier mon père lorsqu'il était entraîneur, en un mot, ce serait "compétiteur" et ma tante "cheval" ».
Sa collaboration avec Christophe Soumillon s'est naturellement imposée :
« Il est l'un des meilleurs, j'aime sa manière de monter et il s'entend bien avec mes chevaux. Il vient aussi les travailler le matin, il est investi à l'écurie. Je marche beaucoup au feeling et avec Christophe, il y en a eu un rapidement ».
Si elle reste perfectionniste dans son travail, Victoria Head cultive un certain détachement dans sa vie personnelle :
« Je ne supporte plus les horaires, alors qu'avant, dans ma vie personnelle, j'étais tout le temps à l'heure et plus j'entraîne, moins je le suis. Je me dois d'être organisée et ponctuelle au travail, mais dans ma vie personnelle, c'est devenu le bazar… et j'adore ! »
Ses rêves reflètent son ambition internationale :
« J'aimerais vraiment gagner à Ascot, j'aime tellement l'Angleterre ». En France, c'est le Prix de Diane qui la fait rêver, tandis que ses plus beaux souvenirs restent liés aux succès familiaux :
« Celui dont je me souviens le plus et qui m'a vraiment marquée fut le premier succès de Gr1 de Marchand d'Or en 2006. J'avais 11 ans et je m'en souviens comme si c'était hier ».