En plus du virus qui a frappé son écurie il y a 18 mois, Jean-Claude Rouget condamne la politique des 2 ans en France, responsable de la stagnation des investissements sur les yearlings. Son année sportive morose conduira à ce qu'il n'ait aucun partant lors du week-end de l'Arc de Triomphe dans les Groupes 1, ce qui n'était pas arrivé depuis 20 ans !
Cette année, l'entraîneur a quand même dépensé 1.320.000 euros pour l'achat de 12 yearlings lors des ventes d'août à Deauville pour ses clients.
Le programme, c'est le cheval de bataille de Cyril Linette, le nouveau Directeur Général du PMU, un combat partagé par Jean-Claude Rouget qui parle d'aberrations aussi bien pour les parieurs que pour les entraineurs.
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Victime d’un malaise la veille de la course, Jean-Claude Rouget n’a pu être présent sur l’hippodrome. Dix ans exactement après la victoire de Le Havre, le professionnel palois (et deauvillais maintenant) enlève son quatrième Prix du Jockey-Club. Le troisième des quatre dernières éditions (après Almanzor en 2016 et Brametot en 2017). Qui plus est avec un poulain se présentant pour la première fois au départ d’une épreuve de groupe I. L’art et la manière de bâtir un programme taillé sur mesure pour un sujet très tardif, qu’il ne fallait surtout pas bousculer. Extrême rigueur dans les préparatifs, mais aussi de l’instinct et du pragmatisme. À 2 ans, son pensionnaire n’a couru que deux fois. Juste pour apprendre son métier. Puis la montée en puissance ce printemps, en empruntant des itinéraires moins périlleux.
Élevé par le Haras des Monceaux, et demi-frère de Sistercharlie (2e du Prix de Diane en 2017), Sottsass est un fils du grand étalon Siyouni.
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Rencontre : Jean-Claude Rouget lance sa saison avec le meeting de Cagnes-sur-Mer - Comme chaque année, Jean-Claude Rouget sera un des acteurs incontournables du meeting de Cagnes-sur-Mer. Ses pensionnaires de 3 ans s’y présentent en quête d’un passeport pour la saison. Une année qui s’annonce bien dans la génération.
Après une brève trêve hivernale, Jean-Claude Rouget a enregistré son premier gagnant de l’année dès la première course à laquelle un de ses pensionnaires participait, le 3 janvier, à Pau, avec Tawkeel.
Le meeting de Cagnes-sur-Mer représente un peu le lancement de la saison du galop : “Cet hiver, je vais présenter entre vingt et vingt-cinq chevaux qui, pour la grande majorité, feront des allers-retours, précise le professionnel. Je n’ai pas trop de cartouches pour les bonnes courses de 3 ans. Je vais amener des inédits ou des maidens, les 3 ans de l’écurie déjà confirmés étant gardés pour le début de saison parisienne. Il n’empêche qu’on espère toujours découvrir de belles choses à Cagnes-sur-Mer, comme cela avait été le cas l’an dernier avec Etoile ou il y a quelques années avec Tamazirte. Dans les 4 ans et plus, j’ai quelques atouts intéressants comme Joe Français, qui revient bien, Blue Blue Eyes, Aubevoye ou Wookie.”
La génération des 3 ans est, comme toujours, la pierre angulaire de l’effectif de Jean-Claude Rouget : “Dans la génération des 3 ans, nous avons plus de bonnes pouliches que de poulains ; il faudra que nous ayons des révélations dans leurs rangs. Helter Skelter est quand même un bon poulain, qui a montré des moyens et qui devrait confirmer en 2020. Glycon est lui aussi doué et il devrait gagner une listed, au moins, sur le gazon. J’espère aussi voir Moujik confirmer les espoirs qu’il nous a donnés en s’imposant pour ses débuts à Toulouse ; il est resté stationné à Pau, car il attaquera la saison dans le Sud-Ouest.”
“Sottsass passe un bon hiver”
Difficile d’évoquer 2020 sans parler de Sottsass, le gagnant du Jockey-Club 2019 et troisième du Prix de l’Arc de Triomphe : “Tout va bien. Il est à Deauville où il passe un bon hiver. Nous n’avons pas encore fait son programme car il est encore tôt dans la saison. Son propriétaire m’a envoyé de nombreux 2 ans, quatorze précisément, qui se présentent bien. J’ai reçu aussi de sa part la troisième du Prix Marcel Boussac, Flighty Lady ;c’est une bonne recrue évidemment.”
Chez les chevaux d’âge, on reverra également Soft Light :“Il a bien digéré sa sixième place du Prix de l’Arc de Triomphe et il hiverne bien. Tout se déroule normalement. Il devrait encore faire parler de lui cette année, comme Veronesi, leader de Sottsass, qui devrait aussi courir quelques épreuves pour son compte ; son comportement et sa quatrième place dans le Prix Niel montrent que cela vaut le coup d’essayer. Commes, quant à elle, ne recourra pas et elle va partir au Japon pour y devenir poulinière.”
Cristian Demuro, partenaire privilégié
La stratégie se met donc en place, y compris au niveau des montes de l’écurie : “Ces dernières semaines, Cristian Demuro a beaucoup monté mes pensionnaires et la saison devrait confirmer cette association, sachant que Christophe Soumillon montera les Aga Khan.
Coralie Pacaut fait aussi partie du dispositif, comme Hugo Journiac. Dans le Sud-Ouest, j’ai mon équipe habituelle avec Guillaume Trolley de Prevaux et Jean-Bernard Eyquem.”
Ludovic HELLIER
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"Vu leurs performances aujourd'hui, mes chevaux ne sont pas prêts.
Je vous donne rendez-vous dans un mois dans le Ganay pour Sottsass", a déclaré Jean-Claude Rouget à Miguel Blancpain.
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Mardi matin, l’entraîneur nous a parlé de ses deux candidats à l’Arc, qui venaient de travailler sur la piste de Deauville. Et il a aussi évoqué ses autres chevaux du week-end.
Qatar Prix de l’Arc de Triomphe
« Sottsass et Raabihah ont bien travaillé ce matin. Je trouve que Sottsass est mieux que jamais en cette fin de saison. Sa course en Irlande lui a fait beaucoup de bien. Il devrait réaliser une belle performance dimanche. À présent, je l’ai aussi bien que l’an dernier, je retrouve vraiment le cheval que j’avais à cette même époque en 2019. Cette année, je ne l’avais encore jamais eu comme ça, du fait du calendrier perturbé par la pandémie. Mais je n’ai pas voulu lui brûler les ailes afin qu’il arrive frais sur l’Arc, qui a toujours été son objectif de l’année. Il connaît la course, où il a bien fait l’an dernier ; donc il a le droit d’être une nouvelle fois à l’arrivée. Je suis d’accord pour dire qu’en 2020, il n’a pas montré qu’il pouvait gagner l’Arc mais je pense qu’il va bien courir et peut finir dans les trois premiers.
Raabihah est très bien elle aussi. Nous avons simplement un point d’interrogation sur le terrain. Non pas au sens où elle serait handicapée par le terrain lourd ; nous ne savons pas car elle n’a jamais couru sur une piste très assouplie. »
Prix de l’Opéra Longines
« Tawkeel (Teofilo) a bien travaillé ce matin. Jusqu’à maintenant, elle a tout fait très facilement. Elle n’a pas le petit défaut qui était celui des autres membres de sa famille que j’ai entraînés : de très bons débuts de carrière puis un certain manque de constance. Elle, au contraire, elle ne fait que progresser et m’étonne à chaque fois. Dans l’Opéra, nous allons tout faire pour préserver son invincibilité. »
Qatar Prix Marcel Boussac - Critérium des Pouliches
« Cœursamba (The Wow Signal) est une pouliche généreuse. Après sa troisième place dans le Prix d’Aumale (Gr3), elle doit bien faire. Le lot est plus relevé, c’est certain, mais elle a gagné sa place au départ et je la pense capable de disputer l’arrivée. »
Haras de Bouquetot - Critérium de la Vente d’octobre Arqana
« J’aime bien Pouvoir Royal (Mayson), qui a facilement gagné son maiden le 15 août à La Teste. Il va bien défendre sa chance dans ce Critérium. »
Qatar Prix Dollar
« Glycon (Le Havre) est au top ! Il va bien dans le lourd. Pour lui, les pluies qui tombent cette semaine sont clairement un avantage. Il n’a pas couru à 2ans, très peu à 3ans… et n’est pas fatigué de sa saison de 4ans ! Il a beaucoup de retard à rattraper ! Il me semble avoir une très bonne chance samedi. »
TRIBUNE LIBRE
Jean-Claude Rouget : La preuve par 20/20 en 2020 !
« Je suis très préoccupé par la compétitivité des chevaux français. Car si la qualité de nos chevaux continue à baisser, notre pays va s’appauvrir. C’est un cercle vicieux : moins de bons chevaux, cela veut dire moins de bonnes courses, avec comme conséquences moins d’investisseurs dans le propriétariat et dans l’élevage.
Pour mesurer la crise que nous traversons, j’ai isolé les vingt premiers entraîneurs par les gains en France et en Angleterre. Et pour chacun d’entre eux, j’ai calculé la valeur moyenne de leurs vingt chevaux les plus riches en 2020. La différence est spectaculaire : chez nous, seuls deux entraîneurs sont au-dessus de 44 ; en Angleterre, ils sont dix ! La moitié de leurs entraîneurs contre 10 % des nôtres. Tout est dit…
Je comprends que la politique générale puisse privilégier le nombre par rapport à la qualité, puisque nous avons besoin de partants PMU. Mais cela a des conséquences qui sont de plus en plus marquées. Cela appelle à une action forte, très rapidement, pour améliorer le cheptel des chevaux en 40 et plus.
Aujourd’hui, nous n’avons sans doute plus assez d’entraîneurs-supports pour cette catégorie de chevaux. Et chez les jeunes entraîneurs, seule une petite partie est motivée par la sélection et par les jeunes chevaux. Je peux le comprendre, parce que le système des handicaps et réclamers est très – et trop – généreux : on donne quatre, cinq ou six fois plus d’argent que la valeur intrinsèque du cheval ! Tout cela je le sais, mais il faut réagir.
Je ne demande pas la lune. Juste un rééquilibrage des allocations dans l’intérêt général. D’une part, il faut réduire les nominaux des réclamers qui sont trop dotés, et ne jouent plus leur rôle d’épurateurs d’effectifs. D’autre part, il faut mieux payer les courses à conditions chez les jeunes chevaux : j’ai une pouliche qui a gagné trois courses de 2ans dans le Sud-Ouest – un maiden et deux Classes 2 – et elle n’a pris que 27.000 €. Résultat, les propriétaires vendent leurs chevaux assez rapidement, parce qu’ils savent que le programme ne va pas les récompenser. C’est très dommage.
Et ce que je dis n’a rien d’élitiste. On peut très bien imaginer des maidens avec des engagements en fonction du prix d’achat, pour que tous les chevaux, même les plus modestes dans leur profil, puissent trouver des engagements, s’endurcir et gagner des courses.
C’est notre intérêt à tous, quel que soit notre cheptel, que le niveau se relève. Nous serons tous gagnants. »
Comparatif France-Angleterre
Le tableau qui suit est éloquent. Les Anglais ont huit entraîneurs à plus de 44… la France seulement deux ; ils n’en ont qu’un sous les 40 et la France en a huit ! Pas besoin de chercher plus loin nos défaites à répétition dans les Groupes : la différence de niveau entre l’Angleterre et la France est mesurée à 3,8 kilos – presque 4 longueurs d’écart à l’arrivée !
Angleterre France
#Rang/Gains Entraîneur Rating moyen Entraîneur Rating moyen
1er J. Gosden 50 A. Fabre 46,9
2e M. Johnston 46,5 J.-C. Rouget 46,6
3e A. Balding 47,5 H.-A. Pantall 41,9
4e R. Varian 46 F. Rossi 41
5e R. Hannon 45,5 A. Marcialis 40,1
6e W. Haggas 46 F.-H. Graffard 42,8
7e C. Appleby 48 F. Chappet 43,2
8e Sir M. Stoute 46,5 C. Escuder 37,5
9e C. Hills 43,5 C. Ferland 42,7
10e D. O'Meara 43 J. Reynier 38,5
11e R. Fahey 41 F. Vermeulen 38,5
12e K. Ryan 44,5 Y. Barberot 40
13e C. Cox 43 D. Guillemin HC*
14e T. Easterby 38,5 J.-P. Gauvin 36,4
15e R. Beckett 42,5 P. Brandt 39,3
16e A. Watson 41,5 S. Wattel 33,7
17e K. Burke 41 P. & F. Monfort 33,6
18e S. & Ed. Crisford 44 C. Laffon Parias 42,4
19e M. Appleby 35,5 F. Rohaut HC**
20e R. Charlton 42 C. Rossi 36,1
MOYENNE 43,8 40
* Six chevaux non pur-sang dans ses vingt meilleurs…
* Quatre chevaux non pur-sang dans ses vingt meilleurs…
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