Mike Maignan :
PORTRAIT - Propulsé gardien titulaire par la retraite internationale d'Hugo Lloris, le portier du Milan AC ne manque pas d'atouts pour assumer cette (lourde) succession.
Le moment est venu pour Mike Maignan. À 27 ans, le gardien du Milan AC ne compte jusqu'à présent que cinq sélections à son compteur. La faute à la présence devant lui d'un certain Hugo Lloris, recordman de capes en équipe de France (145) et capitaine indéboulonnable aux yeux de Didier Deschamps. Mais en annonçant lundi soir qu'il prenait sa retraite internationale, le portier de Tottenham a ouvert un boulevard à l'ancien Lillois, qu'il a d'ailleurs lui-même adoubé en affirmant qu'il le sent «prêt» à prendre sa succession. À juste titre.
Il se rêvait joueur de champ.
Souvent, l'histoire veut qu'un gardien de but ne soit en fait qu'un joueur de champ au destin contrarié. Mike Maignan ne déroge pas à la règle comme l'expliquait Romain Damiano, qui a été son entraîneur pendant près de cinq ans à Villiers-le-Bel où il a débuté en 2004, un an après son arrivée en métropole en provenance de sa Guyane natale. «Il aurait préféré être joueur de champ, c'est pour cela qu'il aime tant le jeu au pied» confiait le formateur à So Foot. «Juste avant les sélections de l'INF Clairefontaine, il m'a même dit qu'il voulait abandonner le poste de gardien. J'ai réussi à le convaincre et finalement il a été pris. C'est sûr qu'il était meilleur que les autres, même dans le champ, mais c'est dans les buts qu'il possédait le meilleur potentiel pour faire carrière.» Un choix payant puisqu'en 2009, c'est en tant que gardien qu'il rejoignait le PSG.
Un gardien formé au… Paris SG.
À l’instar de son coéquipier en Bleu Alphonse Areola – sans parler de la multitude des joueurs de champ qui y ont fait leur classe (Kimpembe, Rabiot, Coman, Nkunku…) –, Mike Maignan est en effet un pur produit de la formation parisienne. À ceci près que, malgré un talent et un potentiel reconnu, le natif de Cayenne n'aura finalement jamais joué le moindre match pour le PSG en équipe première. À l’époque, dans les années 2013-2014, il était barré par un certain Salvatore Sirigu, titulaire du poste, et Nicolas Douchez, le remplaçant plus expérimenté de l'Italien. Pendant deux saisons, il va ainsi ronger son frein. Et lors de l'été 2015, en voyant signer dans la capitale un certain Kevin Trapp, Maignan comprend qu'il vaut mieux pour lui que son avenir s'écrive ailleurs qu'au Camp des Loges. Résultat, il rejoint Lille pour… un petit million d'euros. Soit quinze fois moins que le 1er juillet 2021, lorsque le LOSC l'a vendu au Milan AC.
A Milan, il a fait oublier Gianluigi Donnarumma.
En Lombardie, Mike Maignan doit pallier le départ de Gianluigi Donnarumma pour… Paris. Une succession compliquée tant le jeune portier de 22 ans symbolisait l'avenir à son poste en Italie. Néanmoins, l'ancien gardien du LOSC avait pour lui de prendre la place d'un gardien parti libre pour le PSG, ce qui avait eu le don d'excéder les supporters milanais. Et quelque part, cela a sans doute facilité son intégration tant les fans rossoneri étaient désireux d'effacer ce douloureux départ. D'autant plus que sa première saison allait s'avérer une totale réussite. Avec 17 clean sheets à son actif en championnat, Mike Maignan a joué un rôle majeur dans la conquête du titre pour le Milan AC, onze ans après le précédent. Loué pour ses arrêts réflexes impressionnants et la qualité de son jeu au pied, le Guyanais n'a pas tardé à mettre la Botte à son pied en étant élu meilleur gardien de Serie A.
Un vrai spécialiste sur penalties.
S'il n'avait pas été forfait pour la coupe du monde au Qatar, et donc s'il avait été présent sur le banc à Lusail lors de la finale perdue contre l'Argentine (3-3, 2 tirs au but réussis à 4), qui sait si Didier Deschamps n'aurait pas pris le risque – ou plutôt tenté sa chance – en remplaçant Hugo Lloris par Maignan juste avant la décisive série de tirs au but ? En effet, le gardien du Milan AC entretient savamment une réputation de spécialiste de l'exercice. Depuis le début de sa carrière professionnelle, il a ainsi repoussé douze tentatives adverses sur quarante-deux, soit environ 29% de réussite dans l'exercice. Un chiffre assez exceptionnel. D'ailleurs, pour la petite histoire, Maignan avait fait ses débuts en Ligue 1 à Rennes en 2015 en entrant à la 70e minute après l'expulsion de Vincent Enyeama, alors titulaire avec le LOSC. Et il avait immédiatement stoppé la tentative du Rennais Paul-Georges Ntep, avant de récidiver une semaine plus tard face au Rémois David N'Gog. Il n'en fallait pas plus pour commencer à écrire sa légende dans l'exercice…
Sport24 , Figaro