l'ami Raymond est parti.....il est a présent au ciel, lui qui y a été de son vivant, marquant une histoire sans doute comme personne en France durant ces annees 60-70, humaines et si solidaires.
Une France qui n'existe plus, et ou il n'avait plus sa place.
Il est bien difficile d'avoir conscience de sa popularité, qui tourna a la furie en certaine occasion, lui qui ne demandait rien, ou si peu, se vit propulsé au rang de légende vivante, dans une France ou chacun se reconnaissait en lui.
Cette " folie Poulidor" vint essentiellement du fait de son affrontement avec un seigneur du cyclisme, Anquetil, "maitre Jacques", son opposé absolu : méthodique, calculateur, spéculant uniquement sur sa propre éfficacité, le tout accompagné d'un "talent fou " Anquetil ne roulait pas, il "glissait littéralement sur la route"........Le brave Poupou n'avait a lui opposer que son courage, et son acharnement.....
Il ne laissa néanmoins jamais tomber, et faillit en plusieurs circonstances faire chuter l'icone, car Poulidor, au dela de cette "image d'Épinal", fut un sacré champion, au palmarès exceptionnel, mais qui n'atteint jamais le graal en gagnant le tour, chasse gardée de Anquetil.....
Lorsque ce dernier prit sa retraite, il se crut enfin "libéré de ce démon", mais, marqué par un destin presque surnaturel, fut victime d'une chute en 67, alors qu'il était sur le point de rafler la mise, puis vit débouler un martien, Eddy, sa seigneurie, "l'homme vélo", le cannibale absolu, qui, avec quelques "cachetons a 2 balles" comme tout dopage, allait plus vite que les coureurs actuels, véritable cobayes de laboratoires des années 2000.
Sans doute que le paroxysme de sa popularité fut atteinte en 74, ou, a 38 ans, il lacha "l'inlachable", sur les pentes de ST Lary, dans une ambiance de fin du monde, et ou toute une montagne, 1 h durant scanda son nom, dans un concert de klaxons et de hurlements.
Poulidor c'est Tintin, il est passé partout, a couru avec Coppi, a couru avec Gaul, avec Bobet, Anquetil, Merckx, Hinault......Il était amoureux de son métier, ne prit sa retraite, a 41ans, juste parce que les jambes ne répondaient plus, alors qu'il était a l'abri du besoin depuis belle lurette.
Au dela du cyclisme, celui qui nous quittes, c'est un peu comme le départ de Gabin, Ventura, René Fallet, Blondin, Blier, Audiard.......Des gens aux talent(s) fou, celui de capter l'air du temps, d'un temps qui aujourd'hui n'est plus...
Raymond, malgré son prénom , d'un temps révolu lui aussi, va retrouver Luis, Ocana bien sur, matador du cyclisme, dans un ciel que l'on espere clément pour eux.....il le sera forcément, lorsque au détour d'un nuage, il pourra reparler, indéfiniment, a maitre Jacques, de son affrontement terrible de 1964, dans la descente de l'Envalira, puis dans la montée du Puy de Dome......les nuits promettent d'etre agitées dans les cieux......