Quel bel hommage !
Il y'aura néanmoins toujours : les gens comme nous, qui ne l'avons pas connus, pas " vécu"..et ceux, comme Raphael Géminiani, qui vient de feter ses 99 ans ( !) dernier survivant de cette époque, qui LUI a roulé avec et contre ce stupéfiant cycliste..
Comme il le dit : " Coppi était d'une gentillesse incroyable, il lui est arrivé de s'excuser d'avoir mis 5 mn a son meilleur adversaire..Son humilité n'avait néanmoins d'égal que sa férocité une fois que la course était partie, car il n'avait aucune limites"
Sans doute "génétiquement fait pour pédaler", avec des jambes immenses et un torse minuscule, Coppi ne roulait pas, il dansait sur la route..Aucune pente ne l'as jamais effrayé, il allait sur l'alpe d'Huez comme sur les pavés de Paris Roubaix, filait sur San Remo comme en haut du Stelvio, ou les neiges éternelles semblaient l'attendre- son nom gravé dedans par des tifosis ou simplement par le peuple d'Italie.
Certaines scénes lors du Giro, ou les gens s'agenouillaient et embrassaient les empreintes que laissait son vélo sur la route mouillée de ce meme Stelvio, sont d'un autre temps mais souligne l'importance en cette période d'après guerre du campionissimo, symbole d'un peuple humilié qui voyait en lui l'archétype de " l'Italien vainqueur et revanchard"..
Coppi, comme Bartali, dépassent allégrement l'histoire du simple Cyclisme : ils étaient l'histoire d'après guerre.
Sans celle ci que serait leur palmarès ?... il n'ya aucun mystére : il serait inégalable.
Car né en 1919, le dieu Fausto s'il remporta son premier Giro a 20 ans, en 40, ne commenca réelement sa carrière qu'a 26 ans en 46..
A cet age la Merckx, Hinault ou Anquetil eux, avaient déja " fait le plein de victoires"..
Pourtant son plus grand exploit date sans doute de ...1942 : en pleine guerre, soldat en permission et atteint déja par une première forme de malaria, mal nourri et encore plus mal prèparè, il va dans une vélodrome vide...Pulvériser le record de l'heure, premier coureur de l'histoire a passer le mur des 45KM/Heure.... Ca ferait sourire aujourd'hui : mais demandez aux champions du 21eme siecle d'y arriver dans les memes conditions, sur un vélo de 9 kgs avec pour seule alimentation ..Du pain et du sucre...
Coppi n'est pas " le Pelé ou le Maradona du vélo"...Il est au dessus de ca : les deux a la fois.
Le plus beau documentaire sur ce " personnage hors norme" demeure sans doute celui de J.Christophe Rosé : " Coppi une histoire d'Italie"...Hélas il est tellement protégé par des droits qu'il est devenu quasi introuvable sur le net.
Quand a sa fin elle illustre bien ce qu'un humain peut supporter et ou sont les limites : Coppi ne savait faire que ça, pédaler...Toute sa vie il martyrisa l'adversité : a 35 ans ses jambes tournaient juste un peu moins vite : pour suivre il abusa des drogues en vigueur a l'époque , les amphétamines...
Mais cette " dope d'amateur" en ces temps la ne mettait pas en cause les hierarchies : le plus fort gagnait, a chaque fois
Aussi il déclina, triste pantin de plus en plus affaibli, courant..A sa perte, supporté par " la dame blanche", une femme qu'il ne peut épouser qu'au Mexique car marié, le divorce n'est pas reconnu en Italie et tous deux sont condamnés a des peines de prison pour " abandon de domicile"...
Quel fut la réelle influence de cette dame sur lui ?... toutes les rumeurs ont courues et comme souvent la vérité est bien dure a déceler..Il n'en demeure pas moins qu'après la mort de Fausto le peuple ne lui pardonna jamais car le divorce était un crime en Italie..
De leur union naquit un fils, Faustino, qui de ce fait ne put jamais officiellement porter le nom de Coppi..
En décembre 59, touché par une nouvelle atteinte de malaria lors de critérium en Afrique, il ne survécut pas au contraire de Géminiani qui contracta lui aussi la maladie
Mais son corps affaibli par une vie qui " le dépassa constamment" capitula...Ainsi a 40 ans nous quittait un homme qui fit progresser son sport jusqu'a le faire rentrer dans l'époque moderne ; il devint un expert en Alimentation et collabora avec la firme Gayelord Hauser, força les constructeurs a constamment alléger leur vélos, fit de par sa célébrité augmenter les ventes de vélos de 20/100 que ce soit en Italie ou en France, comprit le 1er que l'adversaire N°1 de la bicyclette c'était le vent et pas seulement le poids : de ce fait les 1eres études en matériel profilé eurent lieu sous sa demande a cette époque....Il étudia meme les plantes ( !) et leur vertus pour tester des crémes de massage..Qu'on utilisaient encore dans les années 70/75 tellement elles permettaient une récupération plus rapide..
Ainsi s'en est allé ce drole de bonhomme, adepte de la perfection mais qui oubliait ses lunettes et sa casquette lors d'un Milan San remo de légende ou il gagnait sous la canicule avec 9 mn d'avance et ou son dauphin se proclamait vainqueur a l'arrivée..Le journaliste lui rétorquait " euuh, non, vous etes deuxiéme, coppi est arrivé ya 9mn"
" Non mais lui y compte pas, c'est coppi...j'ai donc gagné"..