Je pourrais vous en raconter plusieurs, je le ferai avec plaisir si cela vous plaît d'échanger à ce sujet, cela pourra éventuellement donner des informations
aux éleveurs sur certains chevaux, dont ils aimeraient connaître un peu plus de choses. malheureusement je n'ai pas, ou quasi pas, de photographie pour aller avec.
Ce sera également l'occasion éventuellement de saluer des professionnels qui ont eu la gentillesse de nous laisser approcher leurs protégés, qui nous ont appris de choses ou dont nous admirons le travail...
Je choisis la chronologie...
A l'heure où nous saluons le bel et brave Ultra Ducal, je me souviens de mes deux premières grandes rencontres,
qui ont coïncidé avec celle du milieu du trot.
Honneur aux dames, tout a commencé pour moi avec un coup de foudre pour une jument modeste, une "U" également,
présentée par Jean Lesne sur l'hippodrome du Croisé-Laroche, où j'entrais pour la première fois officiellement (avant
j'espionnais depuis le jardin d'un copain de classe
j'habitais dans la commune )
Ce jour là, le 3 mars 1990, Une Source remportait la seule course de sa carrière, sur le pied de 1'24"8 sur 2325m... Nous sortions
du dernier meeting d'hiver d'Ourasi, j'étais fascinée par le bonnet jaune de Poroto. Une Source portait un bonnet également, une embouchure
qui me paraissait très complexe avec mon oeil novice et ce qui me touchait c'était qu'elle fasse vraiment de son mieux, sa façon de se tenir et ses oreilles
le disaient... C'était la première course que je voyais vraiment, canters compris,je demandais à mon père de jouer symboliquement sur la pouliche, et elle s'imposait...tout était magique, l'ambiance, les chevaux aux balances, l'odeur des écuries
du Croisé où l'on pouvait déambuler...l'oeil bleuté des chevaux essoufflés qui se détendaient après avoir mis leur coeur dans l'effort, la vapeur dans les douches,
l'odeur de l'alcool à brûler que certains utilisaient ensuite sur les reins de leurs chevaux après avoir écumé l'eau et la transpiration... (je ne crois pas que cela se fasse encore ?)
Depuis, j'aime les trotteurs et cela ne peut se démentir. Merci à cette fille de Kapulco, alezan brûlé elle aussi.
La même année, dans un périple entre stage dans une école d'amateurs (je salue là Didier Habart qui m'a appris tant de choses en tant que
maître d'école et montré bien plus que ce que ma mémoire pouvait imprimer), recherche d'un yearling sur les talons de mon père...
qui se terminera par l'achat d'une poulinière "pour vivre l'aventure depuis le tout début", marathon dans les ventes et les haras, rencontres
avec des professionnels que je serai heureuse d'évoquer pour les remercier dans d'autres posts... il y a eu cette deuxième rencontre
"en chair et en os" si particulière : Poroto.
L'hippodrome de la Capelle et son anneau de 1609 fraîchement créés avaient réussi à attirer un beau plateau pour le Grand Prix de la Fédération du Nord,
le 30 septembre 1990...Poroto s'accomodera mal de cet exercice sur 1800m, seulement 4e...mais être devancé par Peace Corps, Quellou et Park Ridge Lobell n'entâchait pas son palmarès. Après avoir vécu la course de l'intérieur (un bus permettait de suivre la camionnette des commissaires et c'était juste bluffant...), nous avons pu nous glisser jusqu'au box du champion au bonnet jaune...qui ne le portait plus...mais gardait cette façon de se tenir très redressé, aux aguets, prêt à partir des 4 pieds (des jambes qui me paraissaient interminables), jamais débarrassé des bouchons dans ses oreilles, surveillé comme le lait sur le feu, box ouvert sur la vie des écuries et une longe de chaque côté...il y avait de la noblesse et de la folie dans son regard, un brin de vulnérabilité pointait...son entourage pensait à la suite, bien plus à sa portée a priori...cette rencontre n'a fait que renforcer ma fascination pour lui, attachant dans sa forteresse intérieure, un charisme puissant et inquiétant, et ces mystères dans ses yeux qui voulaient tout saisir.
A la même époque arrivait dans la famille la fameuse poulinière, que mon père cherchait "bien née mais gentille, pour les enfants"...et le hasard a voulu qu'elle soit pleine de...Poroto. Une chance puisque le champion allait disparaître peu de temps après... la première pouliche née pour notre "élevage" en mai suivant, une petite alezane aux pieds fragiles, est toujours en vie, et toujours dans la mienne, impossible de faire autrement...elle est un de mes plus beau coups de coeur évidemment...et mon grand regret est de ne pas avoir eu les moyens de la mettre à la reproduction pour mon compte. Elle n'attirait pas l'oeil, ne ressemblait pas à son père, mais...j'aurais aimé voir si la génération suivante aurait pu lui rendre hommage.
A vous, si ça vous dit ?
Un post plein d'affect, oui, des rencontres, de chevaux, et autour des chevaux. Que du positif...