[France Galop] Historique du Jockey Club : un Derby à la française
PRIX DU JOCKEY CLUB
Groupe 1, Poulains entiers et pouliches de 3 ans, 2 100m., 1 500 000 €
Créé en 1836
Tenant du titre :
Ace Impact (m3, FRA par Cracksman et Absolutely Me, par Anabaa Blue), appartenant à Écurie Serge Stempniak, élevé par Mme W. Spanner, entraîné par Jean-Claude Rouget, monté par Cristian Demuro.
Temps-record : 2'02''6,
Ace Impact (2023)
Le Prix du Jockey Club sera couru en 2024 pour la 184ème fois.
Historique
Considéré comme l’équivalent français du
Derby d’Epsom, le
Prix du Jockey Club est doté de 1.500.000 €. Il se disputait traditionnellement sur la même distance que son homologue anglais, soit 2.400 mètres (un mile et demi) mais il a été ramené à 2.100 mètres en 2005 pour s’en distinguer.
Chaque pays et certaines importantes régions d’élevage (
Derby du Midi,
Derby du Languedoc,
Derby de l’Ouest), possède son propre
Derby, terme générique qui qualifie la course, généralement pour 3 ans, la plus convoitée de la saison. Mais les conditions peuvent varier d’un pays à l’autre. Aux Etats-Unis, les «
Derbies » se courent sur 2 000 mètres, voire plus court sur certains états. En Europe, et dans le reste du monde, ils sont souvent sur 2 400 mètres, à l’image de leur modèle anglais. À Hong-Kong, le
Derby est réservé aux 4ans.
Le
Prix du Jockey Club raccourci correspond à une évolution de l’élevage mondial vers des chevaux plus rapides, et à une progression dans la distance moins brutale entre la
Poule d’Essai (1 600 mètres) et le
Grand Prix de Paris (2 400 mètres).
Considérée par les puristes comme la plus « classique » des courses françaises, c’est une des premières créations de la « Société d’Encouragement pour l’amélioration des races de chevaux en France ». Celle-ci avait été fondée le 11 novembre 1833 pour répondre au « besoin général de donner aux courses une plus grande impulsion ».
Le premier
Prix du Jockey Club eut lieu à Chantilly le 24 avril 1836 sur 2.500 mètres, distance maintenue jusqu’en 1842, puis réduite à 2.400m jusqu’en 2004. En 2005, elle a été réduite à 2.100 mètres. Le
Prix du Jockey Club n’a pas été disputé en 1871, de 1915 à 1918 et en 1940. Il a été couru à Versailles en 1848, à Longchamp en 1919, 1920, 1941, 1942, 1945, 1946 et 1947, au Tremblay en 1943 et 1944 (sur 2 300 m).
En 2020, la course s'est déroulée le 5 juillet après avoir été retardée en raison de l'épidémie de coronavirus.
Le record du nombre de partants
28 partants en 1942 lors de la victoire de
Magister.
Ex æquo
Le juge fit afficher dead-heat (ex aequo) cinq fois à l’arrivée du
Prix du Jockey Club. Deux fois les propriétaires décidèrent de recourir l’épreuve pour désigner le vainqueur. Ainsi obtinrent la victoire
Renonce (au détriment de
Prospero) en 1843 et
Lion (au détriment de
Diamant) en 1856. Trois fois les propriétaires choisirent de partager le prix, ce qui advint en 1882 entre
Dandin et
Saint-James, en 1886 entre
Upas et
Sycomore et en 1908 entre
Sea Sick et
Quintette. La création du
Grand Prix de Paris fut vraisemblablement la raison de ce changement, car les propriétaires ne souhaitaient plus soumettre à un nouvel effort leur cheval appelé à participer deux semaines plus tard à la grande épreuve de Longchamp.
Longueurs
L’intervalle le plus court fut un nez en faveur de
Ragmar sur
Polaris Flight en 1996. Sept longueurs, c’est la marge la plus importante constatée entre le vainqueur et son suivant immédiat dans l’histoire de la course. C’est en 1989 que ce record fut établi par
Old Vic. Viennent ensuite, avec six longueurs,
Alcantara II (1911) et
Holding Court (2000).
Le Jockey Club
L’origine du mot «
Jockey Club » s’explique facilement. « Profitant des observations recueillies en Angleterre depuis trois cents ans », la Société d’Encouragement prend pour modèle le Jockey Club de Newmarket qui, né en 1752, régit les courses outre-Manche. Son code est copié et le nom de
Jockey Club est donné au prix que la Société crée à Chantilly en 1836 à l’image du
Derby (disputé à Epsom depuis 1780), le test suprême pour la sélection du pur-sang. Qui plus est, le Cercle (aujourd’hui 2, rue Rabelais à Paris) que la Société ouvre en 1834 sera bientôt communément appelé Jockey Club.
Le premier
Prix du Jockey Club disputé le 24 avril 1836 réunit cinq partants. Son vainqueur fut
Frank élevé au haras de Glatigny aux portes de Versailles. Il était entraîné par Thomas Carter. Son jockey Tom Robinson (vingt-six ans) portait les couleurs (casaque orange, toque noire) de Lord Seymour qui s’adjugera l’épreuve encore les deux années suivantes et une quatrième fois en 1841. En 1839 la victoire fut pour
Romulus, un élève du haras royal de Meudon portant les couleurs (casaque écarlate, toque gros bleu) du duc d’Orléans, fils du roi Louis-Philippe. En 1840, premier succès normand avec
Tontine, élevée dans le Calvados au haras de Victot, sous les couleurs (casaque blanche, toque verte) d’Eugène Aumont.
Deux chevaux portant le même nom,
Monarque, ont gagné le
Prix du Jockey Club. Le premier (fils présumé de
The Emperor) en 1855, pour son éleveur Alexandre Aumont, frère du précédent. Le second (fils de
Saxifrage) en 1887 pour Paul Aumont, fils d’Alexandre. Le premier fut un reproducteur remarquable au haras de Dangu, chez le comte de Lagrange qui l’avait acquis en 1856. Pour le second, qui souffrait de boiteries intermittentes, ce fut la seule victoire de sa carrière.
Les pouliches
Huit pouliches ont gagné le
Prix du Jockey Club :
Lydia en 1837,
Tontine en 1840,
Poetess en 1841,
Lanterne en 1844,
Jouvence en 1853,
Gabrielle d’Estrées en 1861,
La Toucques en 1863 et
Saltarelle en 1874. Les dernières meilleures performances obtenues par une pouliche ont été réalisées en 1958 quand
Bella Paola fut deuxième à trois quarts de longueur de
Tamanar et en 2008 par
Natagora, troisième derrière
Vision d’Etat et
Famous Name. Deux autres pouliches ayant récemment couru le
Prix du Jockey Club furent
Paix Blanche (1992) et
Moonlight Dance (1994), toutes deux portant les couleurs de Daniel Wildenstein.
Les visiteurs
Dix victoires étrangères à ce jour.
Jusqu’en 1946 le
Prix du Jockey Club fut réservé aux chevaux nés et élevés en France. Cette restriction levée, les concurrents entraînés à l’étranger ne vinrent pas immédiatement. C’est seulement en 1975 que l’un d’eux, l’anglais
Patch, occupa la deuxième place. Deux ans après, encore un premier accessit pour le visiteur irlandais
Artaius. En 1982, première victoire d’un visiteur, celle d’
Assert, appartenant à Robert Sangster, entraîné en Irlande par David O’Brien. Répétition dès l’année suivante qui enregistre le succès de
Caerleon portant la même casaque, venu aussi de l’île d’Emeraude où il est entraîné par le célèbre Vincent O’Brien, le père de David. Une troisième victoire consécutive de la même équipe est stoppée par
Darshaan qui se rend maître en 1984 de
Sadler’s Wells, futur illustre étalon.
C’est en 1989 qu’est enregistrée la première victoire anglaise avec
Old Vic entraîné à Newmarket par Henry Cecil. Dès 1990, autre victoire britannique avec
Sanglamore entraîné par Roger Charlton. Les visiteurs portent maintenant à neuf le nombre de leurs incursions victorieuses grâce à quatre poulains venus d’Angleterre, en 1995
Celtic Swing entraîné par Lady Harries à Arundel, en 2000
Holding Court préparé à Newmarket par Michael Jarvis, en 2005
Shamardal, entraîné par Saeed Bin Suroor également à Newmarket, et en 2014,
The Grey Gatsby apporte une nouvelle victoire à la Grande-Bretagne, plus précisément au Yorkshire,
Mishriff, le lauréat de l'édition 2020, vient de Newmarket, de l'écurie de John Gosden. Enfin,
St. Mark's Basilica, en 2021, était entraîné en Irlande par Aidan O'Brien.
Jockey Club, Derby et Arc de Triomphe
La date du
Prix du Jockey Club et celle du
Derby à Epsom sont trop rapprochées pour permettre une double participation. Toutefois, le calendrier aidant, il y eut quelques exceptions. En 1878,
Insulaire, vainqueur à Chantilly le dimanche, se rendit le mercredi à Epsom où il se classa deuxième des vingt-deux partants. Et en 1914, gagnant à Epsom le 27 mai,
Durbar se remit en piste à Chantilly le 14 juin, mais se classa seulement quatrième.
Par contre, disposant d’un intervalle de trois à quatre semaines, le gagnant du
Prix du Jockey Club peut tenter sa chance en Irlande dans le
Derby irlandais au Curragh. Quatre chevaux ont réussi le doublé. Ce sont
Assert (1982),
Old Vic (1989),
Dream Well (1998) et
Montjeu (1999). Le dernier cheval ayant tenté le doublé fut
Dalakhani en 2003, mais il échoua, étant précédé au Curragh d’une demi-longueur par son compagnon d’écurie
Alamshar.
Neuf vainqueurs du
Prix du Jockey Club ont remporté ultérieurement le
Prix de l’Arc de Triomphe (créé seulement en 1920). Ce sont :
Ksar (1921),
Mon Talisman (1927),
Le Pacha (1941),
Verso II (1943),
Ardan (1944),
Suave Dancer (1991),
Peintre Célèbre (1997),
Montjeu (1999) et
Dalakhani (2003).
Et six chevaux classés deuxièmes dans le
Prix du Jockey Club ont remporté ultérieurement le
Prix de l’Arc de Triomphe :
Biribi (1926),
Kantar (1928),
Tantième (1950, 1951),
Bon Mot (1966),
Trempolino (1987) et
Subotica (1992).