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Sylvain Roger : "Durant toute sa carrière, Délia du Pommereux a mis son cœur sur la piste"
Ce dimanche, après sa participation au Prix de France, nous avons appris la fin de carrière de la championne de Noël Lolic. Son mentor, Sylvain Roger, nous parle de cette décision et revient sur la fantastique carrière de sa protégée.
C'est une page qui se tourne pour tous les amoureux des courses. La lauréate du Prix de France 2021, Délia du Pommereux rentre au haras, où elle sera saillie par Hohneck, après avoir participé à ce même Prix de France, où elle était venue il y a trois ans toiser le crack Face Time Bourbon, au prix d'une fin de course d'anthologie. Son entaîneur, Sylvain Roger, a répondu à nos questions sur cette jument pas comme les autres.
Comment jugez-vous la dernière course de la carrière de Délia du Pommereux ?
« La course d’hier a été douloureuse à encaisser. C’est une sortie à oublier. C’est dommage, car la jument était en belle forme. Au heat, elle volait. On aurait aimé qu’elle quitte la scène sur une belle note. Elle a eu un très mauvais parcours en troisième épaisseur et n’a jamais pu se rabattre. Pourtant, elle s’est bien défendue en allant jusqu’à l’entrée de la ligne droite. Sa valeur est bonne, on a juste manqué de chance. »
Vous saviez avant la course qu'il s'agirait de sa dernière sortie ?
« C’était quasiment certain. Le Prix de Paris et ses 4.000 mètres, cela n’a jamais été son sport. Après, il fallait aller à Cagnes pour le Critérium de Vitesse dans un mois, où je pense que l’opposition sera très importante. Comme la jument doit être saillie cette année, c’est plus sage de la laisser se reposer. Toutes les bonnes choses ont une fin. Elle a eu très peu d’ennuis de santé dans sa carrière, on a essayé de la protéger le plus possible. Depuis sa contre-performance dans le dernier Prix de l'Atlantique, elle avait un souci à une jambe. On l’avait envoyée à la mer durant trois mois, mais le problème revenait de façon récurrente depuis. La jument était un peu diminuée, mais elle serrait les dents. Encore une preuve qu'il s'agit d'une jument différente des autres. »
Quel souvenir vous a le plus marqué avec cette championne ?
« Mon plus beau souvenir restera sa victoire dans le Prix de France. La ligne droite qu’elle avait accomplie pour venir battre Face Time Bourbon, qui paraissait presque imbattable à ce moment-là, était magnifique. Le gros regret de cette journée, c’est qu’elle se disputait au moment de la pandémie de Covid-19, il n’y avait pas de public ce jour-là à Vincennes. Durant toute sa carrière, la jument a mis son cœur sur la piste, elle avait un courage hors norme. »
Pensiez-vous qu’elle ferait une telle carrière dès son plus jeune âge ?
« Au tout début, jusqu’aux qualifications, elle n’en mettait pas plein la vue, mais c’était tout de même très correct. Ensuite, dès l’âge de 3 ans, elle s’est vite révélée, même si elle était fautive. Elle gagnait très régulièrement et on s’est vite tourné vers les courses de groupes. Comme tous les chevaux issus de Niky, elle n’a pas arrêté de progresser. Elle a toujours été très douée et très dure, le tout en étant d’une gentillesse exceptionnelle. »
La relève de Délia se trouve-t-elle assurée au sein de votre écurie ?
« Je ne pense pas. On a vécu des grands moments, il faut tâcher de s’en rappeler. J’ai mis 25 ans avant de trouver une jument de ce calibre. La relève va être compliquée à trouver. Pour l’instant, je n’ai rien qui se détache. Je suis conscient que je vais avoir un creux au niveau de qualité de mon effectif, mais je sais la chance que j’ai eue d’avoir des chevaux comme Délia, Enino du Pommereux et Clif du Pommereux et à un degré moindre de très bon serviteur comme Figaro de Larré, Fougue du Dollar, Eclair Gold, Edy du Pommereux. Depuis la génération des « I » c’est plus difficile, même si j’ai des bons 4 ans avec Keno Pettevinière et Kanaka de Busset, qui s’approchent des 100.000 € de gains. J’ai le sentiment que les prochaines années peuvent être plus compliquées. »