Le Trot - L’Amérique dans le viseur : les confidences de Guy Barou
En se classant troisième du Grand Prix de Bourgogne, 5ème étape du Circuit Trot des EpiqE Series, Briac Dark a assuré sa participation pour la deuxième année d’affilée au Grand Prix d’Amérique. Un pari pourtant loin d’être gagné avant le coup. Son propriétaire Guy Barou nourrit de grosses ambitions et ne s’en cache pas. Entretien vérité.
Guy Barou croit à un exploit de son champion Briac Dark dans le Grand Prix d'Amérique © APRH
Passionné de génétique et directeur de banque au civil, Guy Barou aime à rappeler qu'il est issu du milieu agricole. Après avoir commencé avec des chevaux de trait, il investit depuis plus d’une décennie dans le trotteur français, à hauteur de quatre à cinq acquisitions par an. A la clé, une indéniable réussite grâce à des sujets de la trempe d’Ulysse et Rieussec, détenus en association. Depuis 2014, Guy Barou a désormais sa propre écurie de course et vole de ses propres ailes. Avec Briac Dark, il rêve d’un podium dans le Grand Prix d’Amérique. Ni plus, ni moins.
Guy Barou, peu de monde s’attendait à voir Briac Dark terminer dans les trois premiers du Grand Prix de Bourgogne. Avez-vous été surpris par cette performance ?
GB : « Sincèrement, oui. Non pas que je doute de mon cheval, au contraire. Mais nous pensions que s’il devait réaliser une telle prestation, ce serait plutôt dans le Prix de Belgique. Il ne faut pas oublier que "Briac" a été arrêté près de neuf mois en 2017 et même s’il venait de tracer une belle ligne droite dans le "Bourbonnais" après une rentrée gagnante en Belgique, nous pensions avec Thierry (NDLR : Duvaldestin, son entraîneur) qu’il lui faudrait un peu plus de temps pour retrouver la bonne carburation. »
Est-ce à dire que vous n’aviez pas envisagé de le qualifier pour le Grand Prix d’Amérique au début du meeting ?
GB : « A la base, nous pensions qu’il serait vraiment prêt pour le Prix de Paris. Je suis un éternel optimiste et en dépit de son interruption de carrière, j’ai toujours cru qu’il retrouverait son meilleur niveau. Avec Thierry, nous avions élaboré un rétro-planning et le Prix du Bourbonnais avait valeur de test. Courir sur le pied de 1’13 sur les 2850 mètres de la grande piste, pour une deuxième course de rentrée et dans un tel lot, c’est déjà une vraie performance. Il n’a fait que confirmer dans le "Bourgogne", qui plus est sur une distance (NDLR : 2100 mètres, départ à l’autostart) qu’il n’affectionne pourtant pas. »
A présent que vous êtes qualifié pour le Grand Prix d’Amérique, quel est votre objectif ?
GB : « C’est très clair. Briac Dark a la dureté, le moral et la niaque. Tout le monde le sait. Si le physique suit, il peut faire très mal dans le Prix d’Amérique. Avec Thierry, on vise le podium. »
Le pensez-vous capable de battre Bold Eagle ?
GB : « Je pense surtout que Bold Eagle ne fait plus peur. Pour la troisième fois d’affilée, il vient d’être battu. Il ne faut pas le sous-estimer pour autant mais c’est une formidable opportunité pour ses adversaires car la course est plus ouverte que jamais. Bold Eagle, Readly Express, Propulsion, Bird Parker, Briac Dark et peut-être Bélina Josselyn ont tous les moyens de franchir le poteau en tête. Notre force avec "Briac", c’est qu’il a plus de fraîcheur que les autres et qu’il n’est encore qu’à 80% de ses moyens. En outre, plus la course sera rythmée, plus cela jouera en sa faveur le jour J. »
Maintenant que Briac Dark est qualifié, comment allez-vous courir le Grand Prix de Belgique ?
GB : « Nous n’allons pas être offensifs, évidemment. L’objectif est de l’amener dans les meilleurs conditions possibles pour le dernier dimanche de janvier. Il devrait se contenter de faire la ligne droite mais on ne va pas s’interdire de faire l’arrivée pour autant. Son driver avisera en temps voulu. »
Pourquoi avoir fait appel Ă Matthieu Abrivard pour piloter Briac Dark ?
GB : « Je tiens à saluer le travail accompli par son précédent driver, David Thomain. Il n’a d’ailleurs pas manqué de venir nous féliciter après la course. Mais avec les sollicitations de Sébastien Guarato, qui lui confie d’excellents trotteurs, nous savions qu’il serait difficile de le conserver au sulky de Briac Dark. Avec les drivers, j’aime m’inscrire dans la durée et notre choix s’est arrêté sur Matthieu Abrivard. Ils se ressemblent sur beaucoup de points avec David Thomain et leur grande force à tous les deux, c’est leur polyvalence car ils sont aussi doué à l’attelé qu’au monté. Or il se trouve que nous avons dans l’idée, avec Thierry Duvaldestin, de diriger Briac Dark à l’avenir vers le "Cornulier". Matthieu est un super jockey et "Briac" a des origines pour aller sous la selle. D'où notre choix. »
Que vous inspire le système de qualification pour le Grand Prix d’Amérique, finale du Circuit Trot des EpiqE Series ?
GB : « Je ne peux que saluer cette réforme du calendrier des "4B". Le fait d’avoir abandonné les rendements de distance et de qualifier d’office les trois premiers rend ces épreuves très compétitives et plus attractives. Avec le système des invitations offertes aux lauréats du Critérium Continental et du Prix Ténor de Baune, on s’assure que les meilleurs chevaux du moment, toutes générations confondues, soient sur la grille de départ du Prix d’Amérique. On avait déjà eu la preuve du bien-fondé de ces évolutions avec Offshore Dream, vainqueur du Critérium Continental avant de briller dans l’Amérique. Et il ne vous aura pas échappé que sans cette réforme, Briac Dark n’aurait jamais été en mesure de courir deux années de suite le Prix d’Amérique, faute de gains suffisants… »