Le but avoué de l’entourage étant il n’y a pas si longtemps encore de courir le PA à 10 ans, sous-entendu avec (du moins je l’espère) des chances d’y bien figurer, et sachant que Bold Eagle n’est plus tout à fait ce qu’il a été, je ne vois pas bien ce qu’il va faire là-bas. À part tenter de garnir un peu plus son compte en banque, bien-sûr, la probabilité de prendre dur n’est pas nulle. Son potentiel est déjà entamé, ce serait donc bien de le préserver pour conserver des chances d’atteindre le but fixé. Et comme j’ai le défaut d’aimer la cohérence, je n’ai pas oublié pourquoi et comment l’éventualité de courir en Amérique du Nord était repoussée, il n’y a pas si longtemps encore… Si l’on voulait montrer Bold aux nord-Américains, il aurait été mieux de le faire quand il était au sommet.
Autant le désir de gagner l’Elitloppet était logique en 2017 et la volonté de prendre une revanche en 2018 compréhensible, autant à la lumière de ces expériences passées l’échéance canadienne paraît malvenue. Comme le fait remarquer Caribou, le fait que Björn Goop ne soit pas du déplacement, alors qu’il n’avait guère lâché les guides de Timoko par le passé, n’enlève pas les doutes au sujet de la pertinence de cette course. Ce qui ne manque pas d’amener la question suivante : que se passerait-t-il si Bold Eagle et Face Time Bourbon étaient partants au même Prix d’Amérique ? Bold mérite tout de même mieux que cela... et c’est aussi pour ça qu’il faut le respecter.
On peut toujours dire que seuls les ânes ne changent pas d’avis et que les objectifs peuvent -ou doivent- quelquefois être revus, mais Bold Eagle n’est pas n’importe quel cheval. Je ne demande pas qu’il termine sa carrière à 10 ans par une victoire d’anthologie dans le Prix d’Amérique en faisant le tour du peloton, comme un Bellino II, mais je serais vraiment peiné de le voir sortir par la toute petite porte. J’ai la faiblesse d’aimer les belles histoires qui finissent bien... Une sortie à la Roxane Griff, assortie au minimum d’une belle place dans une jolie course de groupe à l’issue de laquelle il passerait (par exemple) le flambeau à un Face Time Bourbon étincelant m’irait ma foi assez bien.
Au moment de nous faire ses adieux, Bold méritera bien, comme Cyrano, sans un pli, sans une tache, d’emporter malgré tout... son panache.
