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Le PMU à la croisée des chemins
Par Sylvain COPIER
" Le départ annoncé du Président directeur général du PMU, Xavier Hürstel, mardi a surpris tout son monde. A commencer par les deux Présidents des sociétés mères, Edouard de Rothschild et Dominique de Bellaigue, qui ont appris la nouvelle de la bouche de l’intéressé vers 16 heures. C’est alors que la "machine" s’est emballée, Xavier Hürstel via un mail interne relayant l’information auprès des salariés de l’entreprise. Résultats des courses, à 17h45, nous commencions à traiter de l’information afin de la publier dans nos colonnes dès le lendemain, réactions à l’appui. Il faut dire que la pression sur les épaules de l’ancien numéro 2 de Philippe Germond n’a pas manqué. Après le départ de ce dernier, il est resté longtemps tout seul aux manettes, remplissant à la fois les tâches de PDG et de Directeur Général, avant l’arrivée d’Alain Resplandy-Bernard pour le seconder. "Savez-vous où part Xavier Hürstel ?", me demande furtivement ce jeudi l’un de mes contacts. Le sujet, ce n’est absolument où part l’homme qui est aux commandes du PMU depuis 3 ans, mais plutôt quel leader les courses vont être en mesure de recruter pour poursuivre consolider le léger frémissement de mieux enregistré en 2017 au niveau des paris hippiques ? Car si ces derniers sont dans le vert, le Produit Brut des enjeux lui affiche un tout petit +0,5 %, chiffre s’expliquant par l’air redonné par le PMU en terme de Taux de Retour Joueurs (TRJ) et par l’essor paris enregistré à l’international (à moindre marge pour la filière). Un an après le départ de Philippe Germond, nous l’avions rencontré alors qu’il avait intégré Europcar. Il nous indiquait alors : "En 2012, nous avions présenté des innovations, dont les duels de jockeys qui s'appropriaient les codes des paris sportifs, et avions eu un veto absolu du Trot et du Galop. Il paraît que trois ans plus tard, le Trot y est favorable. Dans les courses, tout est difficile et long. Or le monde va vite. Que dire du tracking system sur hippodrome, pour lequel la France est très en retard sur les autres pays."
En cette rentrée 2017, s’il y a eu des avancées, les dossiers cruciaux touchant directement les turfistes, comme la refonte des jeux et du Quinté+ se font toujours désirer. Être patron du PMU, c’est en fait être pris en tenaille entre moult acteurs. En premier lieu par les Présidents des Sociétés mères qui n’ont évidemment de cesse de maintenir la pression, d’autant plus en cette période de vaches où les résultats déficitaires s’accumulent. Rappelez-vous des coups de semonces qu’Edouard de Rothschild avait diligentés à l’égard du PMU à Deauville en août 2016.
Un contexte très tendu
Il y a également une pression exercée par l’Etat directement puisqu’intéressé par les chiffres enregistrés par l’opérateur qui vont dans les caisses du budget et indirectement par les mesures de rétorsion prises à l’égard des flux financiers (Tracfin). A cela s’ajoutent les diligences des professionnels et des parieurs, dont les intérêts ne sont que peu convergents, le milieu évoluant comme une véritable cocotte-minute (voir les réactions hyper tranchées déversées sur les réseaux sociaux depuis que Xavier Hürstel a décidé de rendre son tablier). Et l’univers des jeux est en pleine mutation, avec 2018 qui prend l’allure d’une année décisive aussi bien en ce qui concerne les monopoles des réseaux que les jeux en ligne. Avec en toile de fond la privatisation (certainement partielle) de la Française des Jeux. Bref, les sociétés mères risquent d’avoir bien du mal à recruter un PDG attiré par cette situation fort délicate (adoubé par l’Etat), sachant que ce poste s’il est extrêmement bien payé vu du salarié moyen n’en demeure que peu attractif pour les hauts dirigeants. La question n’est donc absolument pas où va partir Xavier Hürstel mais comment dénicher "l’oiseau rare" qui va porter le PMU à bout de bras dans ce monde du jeu en pleine mutation. Obligation de rajeunir la population turfiste, enjeux numériques, mais aussi l'essentielle traque des économies en interne au PMU afin de dégager encore plus de marges de manoeuvres pour investir. Savoir transformer un obstacle en opportunité, entend-on souvent, certes, attention à ne pas trébucher messieurs, car la montre ne joue pas en faveur des courses hippiques… "