Equidia a publié de larges extraits de l'entretien que Cyrille Linette (nouveau directeur général du PMU) a accordé à Paris-Turf :
"Si nous ne trouvons pas une solution pour relancer l'hippisme, dans 5 ou 10 ans, l'entreprise met la clé sous la porte".
Dès sa première interview, le nouveau directeur général du PMU est "cash". Comme celui qui'il veut ramener dans les caisses du PMU : "L'objectif est d'assurer à la filière le même résultat net que l'an passé (à savoir 796 millions d'euros) mais sans se baser sur des projections farfelues. Au 30 juin, les enjeux hippiques diminuent de 2,4% et je ne pense pas que l'activité va repartir au second semestre."
Le pompier des courses ?
Réputé pour être un reconstructeur, Cyril Linette n'est pas habitué à regarder en arrière. Pour rappel, c'est lui qui a piloté le changement de format du journal l'Equipe, abandonnant son format historique au profit d'un "tabloïd". C'est aussi lui qui a fait de l'Equipe une chaîne de télévision incontournable dans le paysage des audiovisuel français, repositionnant le canal 21 de la TNT de l'info à la diffusion de compétitions en direct, décuplant ainsi les audiences (1,3% de part d'audience au début de l'année, soit un bond de +18% entre janvier 2017 et janvier 2018), notamment grâce au biathlon et la fabuleuse saga Fourcade.
Cette fois encore, le
"pompier" n'a pas l'intention de perdre du temps avec le passé. Seul l'avenir l'intéresse :
"Je n'aime pas trop revenir sur le passé mais ce que Bertrand Méheut et moi constatons, c'est que, pour beaucoup de Français, les courses et les paris hippiques renvoient à quelque chose de fermé et de ringard. Le PMU a essoré une clientèle de fidèles toujours plus réduite. Il faut reconstruire totalement, en s'appuyant sur des initiatives comme le marketing commun des courses ou l'optimisation du calendrier. Mais il est nécessaire d'avancer beaucoup plus vite."
"L'État ne voudra jamais aider les courses sans un plan construit"
Et pour avancer, Cyril Linette n'y va pas à l'aveuglette. Il a établi un plan d'action, a hierarchisé ses priorités.
"Le PMU doit cesser de vivre au-dessus de ses moyens ! Quand vous voyez qu'il y a 1,5 milliard d'enjeux en moins en 5 ans et que le PMU n'a pas baissé ses charges, il y a un problème. Tous les coûts de fonctionnement vont être revus. Le plus important est de trouver des économies structurelles. Quand une économie est en décroissance, le seul moyen d'amortir le choc est de baisser ses charges".
Une restructuration de sa propre maison donc, dont l'efficacité a été démontrée dans ses précédentes missions, et des solutions, concrètes, aux problèmes en vigueur :
"Il ne faut pas simplement rénover les paris hippiques, il faut repenser le produit dans son ensemble. (...) Si nous ne trouvons pas une solution pour relancer l'hippisme, dans 5 ou 10 ans, l'entreprise met la clé sous la porte. Côté PMU, je pense qu'on a deux gammes de clientèle : les turfistes (400.000 personnes), qui représentent 80% de notre chiffre d'affaire, et ceux qu'on pourrait appeler les "gamers" (2 à 3 millions), qui sont plus volatiles. Pour les premiers, il faut revenir sur les fondamentaux en gommant au maximum les références aux jeux de hasard. Revenir à l'ADN du pari hippique, à la sagacité et aux gains. Pour les seconds, on doit travailler l'image et l'innovation, donc de nouveaux types de paris, pour les garder ou les conquérir. (...) Nos priorités sont les économies et l'attractivité du produit hippique. Je suis persuadé que c'est ce discours que l'État veut entendre, il ne voudra jamais aider les courses sans un plan construit."
L'ordre des priorités
Réduire les coûts de fonctionnement (il a annoncé 30 millions d'euros d'économies d'ici à la fin de l'année) et repenser le produit, voici donc les deux priorités de la nouvelle tête du Pari Mutuel Urbain. Mais Cyril Linette ne compte pas en rester là. Pour lui, l'utilité des produits complémentaires du PMU doit aussi être mise à l'étude :
"Soyons clairs, je ne crois pas vraiment à la capacité de cross-selling en faveur des paris hippiques, c'est un "filet d'eau". (...) L'activité du pari sportif est une activité de diversification qui peut perdre de l'argent - c'est le cas aujourd'hui -, mais qui est sur un marché en croissance. Au PMU de réfléchir s'il peut se permettre, sans impacter la filière, de poursuivre cette activité sur un marché prometteur mais sur lequel nous ne sommes pas dominants."
Concentration sur les bases donc, les problèmes structurels. Au placard les questions de changement de statut du PMU. Pour le nouveau numéro 1, le PMU doit redevenir la meilleure version de lui-même et cela passera par un régime draconien.