Des nouvelles de Jos via cette interview sympa :
Comment allez-vous ?
Tout va bien. Je ne drive presque plus, en Belgique je ne cours pas car le systĂšme ne me plaĂźt pas. AprĂšs je ne peux pas le changer donc je ne drive pas. Je cours quelque fois en Hollande, en Allemagne. Je suis quelques fois invitĂ© en Espagne mais maintenant c'est plus de l'amusement. Mon avocate m'avait dit que j'allais rĂ©cupĂ©rer ma licence aprĂšs 6 mois de suspension mais j'attends toujours, elle m'a menti. Ăa va faire bientĂŽt 7 ans. Aujourd'hui, j'ai une autre vie, ça ne me manque plus. Ăa m'a fait vraiment mal pendant 3,4 mois mais maintenant c'est oubliĂ©. Aujourd'hui je travaille dans une entreprise qui fabrique des maisons en bois mais je l'avais dĂ©jĂ quand j'Ă©tais en compĂ©tition. Je n'entraĂźne plus de chevaux, j'en ai encore trois mais je les ai mis chez un ami. GrĂące Ă Jean-Mi (Jean-Michel Bazire) j'ai encore gagnĂ© le tour europĂ©en avec Feydeau Seven. Je n'ai plus trop de contacts avec la France, Jean-Mi parfois, avec Phillipe Allaire quelque fois. Jean-Luc Dersoir aussi qui est un trĂšs grand homme. Mais ça ne me manque plus du tout.
Quel est le meilleur cheval que vous ayez drivé ?
Sea Cove et de loin. La qualitĂ© du cheval pure c'Ă©tait exceptionnel. Je l'ai dĂ©couvert au dĂ©but de ma carriĂšre, c'est aussi pour cela que je dis ça. Quand tu tombes sur un crack si vite, c'est un peu comme une locomotive. AprĂšs ça a Ă©tĂ© plus facile pour moi durant ma carriĂšre. J'ai drivĂ© dâautres chevaux mais il y avait lui et les autres. C'Ă©tait un cheval extraordinaire.
Un cheval qui vous a marqué et que vous auriez aimé driver ?
Je vais en dire deux : Ourasi et Varenne. Le dernier c'est un regret de ne pas l'avoir drivé. C'était deux chevaux hors-normes.
Un entraßneur qui vous a impressionné ?
Jean-Pierre Dubois. Il fabriquait tout lui-mĂȘme. Il faisait lâĂ©levage, il mettait les chevaux sur la piste, il a tout gagnĂ©. AprĂšs le meilleur c'est Jean-Mi, il fait des miracles avec les chevaux.
Pourtant des bruits de couloirs disent qu'au départ c'était tendu entre vous...
Il ne faut pas Ă©couter les gens. Il y a beaucoup de jaloux, vous savez. Ce sont eux qui m'ont coĂ»tĂ© ma place. Je respecte la France mais moi je nâai pas besoin de la France pour continuer Ă vivre. J'ai passĂ© des grands moments et connu de trĂšs belles personnes. Bien sĂ»r que sur la piste c'Ă©tait un peu chaud. Il y a toujours un temps pour arriver et partir et je sentais que je n'avais aucune chance face Ă Jean-Mi quand je courais. Il Ă©tait français donc c'Ă©tait plus facile pour lui. Le seul qui a Ă©tĂ© fidĂšle c'est Jean-Luc Dersoir. C'est avec lui que jâai gagnĂ© le plus. Et puis Jean-Mi ce n'est pas n'importe qui. Il a un palmarĂšs de dingue. A chaque fois qu'il allait Ă l'Ă©tranger il gagnait. Pour les autres c'Ă©tait plus compliquĂ© quand ils voyageaient.
Qu'est-ce qui vous impressionne chez lui ?
C'est lâun des seuls qui m'a copiĂ© au dĂ©part. Les autres ils ne me regardaient mĂȘme pas, j'ai Ă©tĂ© tranquille pendant 10 ans, je les remercie. Ils se sont dit « je n'ai pas peur du petit belge ». Mais lui, c'est le premier Ă m'avoir bien observĂ© et pris des petits trucs Ă moi en course. Il avait un Ćil extraordinaire et un sens tactique incroyable.
Votre plus belle rencontre dans votre carriĂšre ?
Ma femme, Oana. Je l'ai rencontrĂ© quelques jours aprĂšs mon dernier prix dâAmĂ©rique en 2003 avec Abano AS. C'Ă©tait en vacances Ă Saint-Tropez, mon lieu prĂ©fĂ©rĂ©, Ă la Voile Rouge. J'allais aussi au Nikki Beach, j'ai passĂ© des soirĂ©es extraordinaires lĂ -bas, mĂȘme des journĂ©es (rires).
Votre plus belle victoire ?
Le prix dâAmĂ©rique de Sea Cove (1994). J'avais pris un gros risque. Je me suis Ă©nervĂ© en bas. Heureusement que Stig Johansson et Bernard Oger ont cru qu'il allait s'arrĂȘter dans le tournant. C'est lĂ oĂč ils ont fait une erreur. J'ai gagnĂ© mais c'Ă©tait chaud dans les derniers 100 mĂštres. Si je suis battu lĂ , ça aurait Ă©tĂ© compliquĂ© pour la suite. Mais ma stratĂ©gie a payĂ©. Pourtant beaucoup n'Ă©taient pas fans du tĂȘte et corde. Et aprĂšs la course, j'entendais encore des gens dire que j'avais eu de la chance.
Votre plus grande fierté ?
Peut-ĂȘtre mon parcours. Car ce n'Ă©tait pas simple au dĂ©part, c'Ă©tait mĂȘme difficile, mais beaucoup de gens m'ont aidĂ© au dĂ©but. Je suis reconnaissant. Au bout de 3,4 ans ça allait mieux. Dommage que les conneries des impĂŽts me soient tombĂ©es dessus.
Une victoire qui Ă©tait pour vous inattendue ?
Le critérium des 5 ans avec Jasmin de Flore en 2002. Normalement je ne devais pas gagner. C'était une grande victoire.
On m'a dit que vous aviez une anecdote sur une certaine Mercedes...
Le propriétaire de Sea Cove était toujours comme ça. C'était un mauvais propriétaire avec un trÚs bon cheval. Il me devait de l'argent. Au lieu de l'argent, il m'a donné une mercedes. C'était un cabriolet 600. Je me suis régalé, je suis allé partout avec. AprÚs, je me régalais moins à la pompe à essence (rires). Maintenant je ne l'ai plus... Elle me manque un peu (rires).
Le plus gros regret de votre carriĂšre ?
C'est de ne pas ĂȘtre aller courir aux Etats-Unis Ă 25 ans. C'est vraiment un Ă©norme regret. LĂ -bas, c'est un autre monde, un autre milieu. C'est plus facile. J'ai choisi la France, ça s'est bien passĂ© mais en AmĂ©rique, il ne se serait pas passĂ© tout ce qu'il s'est passĂ©.
Votre plus grande fĂȘte d'aprĂšs course ?
La soirĂ©e pour fĂȘter la victoire de Sea Cove dans le Prix d'AmĂ©rique. On a commencĂ© aux vestiaires, on a bu 90 bouteilles de champagne. C'Ă©tait la folie. AprĂšs nous sommes allĂ©s Ă Paris au Fouquet's. J'avais invitĂ© tous mes amis, le propriĂ©taire Ă©tait Ă©galement lĂ . Il avait ramenĂ© toute la ville d'Hambourg (rires). Et aprĂšs on a fait un petit after Ă l'hĂŽtel. Car je vivais Ă lâhĂŽtel quand j'Ă©tais Ă Paris.
Pouvez-vous me raconter cette période ?
J'avais la chance d'aller souvent au Ritz, j'avais des amis qui me donnaient des chambres vraiment pas chĂšres. Mais bon, j'allais aussi au Novotel (rires). Le Ritz, c'Ă©tait un peu mieux quand mĂȘme (rires). AprĂšs je faisais souvent la route de la Belgique Ă Paris. Ma voiture n'en pouvait plus, elle a fini avec 500 000 kilomĂštres !
Lâanecdote que vous nâavez jamais osĂ©e rĂ©vĂ©ler ?
4 ans avant la fin de ma carriĂšre, j'ai dĂ©jĂ voulu arrĂȘter. Je ne me sentais pas trĂšs bien. Je nâĂ©tais plus le Jos d'avant, j'avais moins envie. Phillipe Allaire m'a tenu Ă bout de bras, c'est grĂące Ă lui que j'ai continuĂ©. Mais dĂ©jĂ Ă l'Ă©poque de Timoko, je me posais des questions et je voulais arrĂȘter. J'en avais marre.
Qu'est-ce que vous pensez de la nouvelle génération ?
Aujourd'hui, c'est quand mĂȘme plus simple qu'Ă l'Ă©poque. La qualitĂ© des chevaux est supĂ©rieure. AprĂšs il y en a qui sont trĂšs bons. Matthieu Abrivard sort beaucoup de l'ordinaire. J'aime beaucoup. Il y a aussi les jeunes comme ClĂ©ment Duvaldestin et Nicolas Bazire qui sont trĂšs intĂ©ressants Ă leur Ăąge. Ce que Nicolas a fait avec Davidson du Pont, c'est fantastique.
Que feriez-vous pour améliorer le monde hippique ?
Le systĂšme enquĂȘte est Ă changer. Les parieurs ne comprennent pas, il faut respecter tous les parieurs. Moi Ă chaque fois que j'Ă©tais Ă la Gare du Nord, des gens m'interpellaient « donne-moi un tuyau, donne-moi un tuyau ». Je buvais un petit cafĂ© avec eux et je loupais mĂȘme mon train quelques fois.
Revenez-vous parfois en France ?
La derniÚre fois, c'était pour voir mon dentiste car il est installé à Paris. Mais aux courses, je n'y retourne plus. La derniÚre fois que je suis allé à Vincennes, c'était pour le Prix d'Amérique 2019 quand Bird Parker était au départ. Je ne suis plus allé à Grosbois depuis l'épidémie de coronavirus.
Equidia