Par Romain Porée
Le 13 juin 2020 à 18h32
Six hippodromes étaient ouverts aux trotteurs ce samedi. Sébastien Guarato a gagné sur trois d'entre eux.
S'il avait décidé de confier Fidèle Madrik à Antoine de Vaugiraud à Lyon-Parilly (Rhône) et Fronsac Madrik à Alexandre Abrivard à Laval (Mayenne), Sébastien Guarato a lui-même mené au succès Ghisoni sur l'hippodrome de Reims (Marne).
C'est la troisième fois que le tandem gagne cette année. En évident retard de gains, Ghisoni, qui s'était requalifié en 1'14''9 le 11 mai à Caen, avait alors fait dire à son entraîneur : « Il est complètement déclassé. Je vais me faire plaisir à son sulky! »
Si l'entraîneur a l'habitude de faire appel à des pilotes pour mener ses représentants, il n'hésite pas, chaque année, à tirer quelques penalties avec des chevaux dont la marge de manœuvre est souvent évidente. Le plus souvent en province, histoire de lier l'utile à l'agréable en façonnant par la même occasion les poulains qu'il met au point le matin.
Et l'année 2020 ne déroge pas à la règle. Samedi, Sébastien Guarato a marqué son septième but alors qu'il disputait seulement son onzième « match » de la saison.
Il totalise désormais 267 victoires, 249 à l'attelé et 18 au monté.
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Issu du mariage royal entre Ready Cash et Scarlet Turgot, lauréate du “Cornulier” 2016, Intrepide Turgot était l'attraction de la deuxième course réservée aux trotteurs âgés de 2 ans, dimanche à Évreux.
Le poulain entraîné par Sébastien Guarato n'a pas manqué ses débuts ! Après avoir suivi à proximité des animateurs, le représentant de la Scuderia Bivans a rejoint l'animateur, Iacari des Maurins, élève de Philippe Allaire, dans le dernier tournant avant de le dominer dans les cent derniers mètres, tous deux finissant nettement détachés de leurs rivaux.
“Je pense qu'on allait sur un bon pied dans la ligne droite, confiait son partenaire, Hervé Langlois. Il gagne au millimètre, mais facilement. Comme il est un peu “gazé”, je lui avais bien bouché les oreilles. Il va se faire au fil des courses.” La prochaine épreuve pour les “I” aura désormais lieu le 20 juillet sur l'hippodrome de Bréhal.
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Sébastien Guarato nous livre ses coups de coeur au sein de la génération des 2 ans.
“Certains de mes 2 ans sont qualifiés et vont rapidement se présenter en compétition, d'autres, pas encore qualifiés mais tout aussi doués, débuteront un peu plus tard. Le très bien né Intrépide Turgot (Ready Cash et Scarlet Turgot) s'est imposé d'entrée de jeu à Evreux et devrait confirmer. Incorruptible, un fils de Cristal Money, s'est très bien qualifié. Après un premier kilomètre couvert en 1'20''0, il a finalement été accepté en 1'16''6, soit les derniers mille mètres en moins de 1'13''5. Il me plaît particulièrement. Iloa Josselyn est une fille de Love You et de Daloa Josselyn, sœur de Bélina Josselyn par Ready Cash. Elle “gaze”. Inca Turgot m'a laissé une bonne impression lors de sa qualification en 1'17''. Je voulais le débuter aux Sables-d'Olonne, mais il était un peu moins bien. Invictus Madrik, fils de Bold Eagle sera également à suivre dès ses débuts. Qualifié 1'17''5 début juin à Caen, Illico d'Amour a rapidement dévoilé un bon potentiel. Il doit pouvoir briller rapidement. J'aurais pu en citer beaucoup d'autres...”
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Eblouissant il y a une dizaine de jours dans le Critérium des 5 Ans, qu’il a survolé sur le pied de 1’12’’1 (3.000 mètres), Face Time Bourbon sera donc finalement au départ du Prix de l’Etoile samedi prochain. “Nous avions prévu initialement de courir le Championnat Européen des 5 Ans, le 16 octobre, mais les propriétaires du cheval étant napolitains, le cheval pourrait courir la Loterie de Naples le 25 octobre prochain, a expliqué Sébastien Guarato. Les deux courses étant trop proches pour Face Time Bourbon, qui court bien frais, nous allons donc le présenter samedi. Le cheval a super bien récupéré de sa victoire dans le Critérium, dans lequel il était au-dessus du lot. Il a fait du paddock, montrant beaucoup de gaieté, puis a très bien travaillé lundi matin. Il était souple et allant. Vraiment extra. Si son déplacement à Naples se confirme, il ira ensuite sur le Prix Ténor de Baune et directement sur le Prix d’Amérique… Samedi, il est capable de marcher moins de 1’10’’…”
Flèche Bourbon, élevée elle aussi au Haras de Saint-Martin, sera quant à elle au départ du Prix de Normandie. La gagnante du Prix du Président de la République et du Prix des Elites reste sur deux disqualifications, mais est prête à refaire parler d’elle, selon son entraîneur. “Elle a très bien couru dans le Prix Jockey après sa disqualification, venant bien finir. Elle vole au travail et je pense qu’elle est capable de faire un numéro samedi, car elle est capable de grandes choses quand elle est en forme. Elle aura toute ma confiance dans ce Prix de Normandie…”
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"Je l’ai simplement pris la veille de la course, sur deux lignes droites. Il était bien souple. En fait, il a gagné sans travail."
C’est une phrase lâchée par Sébastien Guarato sur Equidia dans le Grand Debrief du 30 août, au lendemain du Critérium des 5 Ans (revoir la course) de Face Time Bourbon.
Dans cette émission donc, l’entraîneur était revenu sur la gestion de l’abcès à un paturon du champion qui l’avait contraint à ne pas le travailler de la semaine. Or, ce jour-là, Face Time Bourbon, qui courait pour la première fois sur 3 000 mètres, a pulvérisé l’opposition et s’est imposé en 1’12’’1 ! Une performance proprement exceptionnelle quand on connaît donc le contexte dans lequel s’est passée sa préparation.
C’est peut-être un peu forcé le trait mais Face Time Bourbon a donc remporté le 10ème Groupe I de sa carrière en ayant « zappé », contraint et forcé, quasiment une semaine d’entraînement, le dernier gros travail ayant eu lieu le dimanche précédent.
« Avec Face Time, je m’aperçois que je peux le travailler de façon différente, il est toujours bien », prolongera quelques jours plus tard Sébastien Guarato.
Peu après, toujours dans l’émission animée par Manuela Jollivet, Sébastien Guarato ajoutait : « Je pense que l’on est beaucoup d’entraîneurs à en faire peut-être un peu trop au travail. Des fois, on veut se rassurer un peu trop ». Confession là aussi assez détonante de la part d’un entraîneur qui a remporté 55 Groupes I en France en l’espace de moins de quinze ans ! Une appréciation étayée disait-il par des échanges récents dans les vestiaires de Vincennes avec Jean-Michel Bazire et Jean-Michel Baudouin. Des entraîneurs aux méthodes de travail et de préparation différentes, ne serait-ce parce qu’ils ne partagent pas les mêmes structures d’entraînement (à l’exception de Grosbois où Jean-Michel Bazire a une antenne à l’année et où Jean-Michel Baudouin a une cour le temps du meeting d’hiver de Vincennes).
« On a besoin parfois de se rassurer après un travail parce que la piste n’est pas aussi bonne que voulue, parce qu’il y a du vent, etc., décrit l’entraîneur d’origine bordelaise. Du coup, on se dit que le cheval n’a pas trop bien travaillé, donc on essaye de se rassurer en faisant un petit boulot supplémentaire.
D’un autre côté, c’est important de se remettre en question, de ne pas s’endormir même si, personnellement, je ne suis pas en perpétuelle recherche.
J’applique toujours la même méthode, ça me réussit bien et je sais où je vais. »
Les appréciations de Sébastien Guarato sur le volume et la nature du travail s’appliquent de façon générale mais semblent prendre sa source dans l’avènement de Face Time Bourbon, l’exception au pays des surdoués. « Avant le Prix de l’Etoile, il est resté huit jours au paddock, puis a fait une promenade et deux petits boulots sur la main, tranquille, en étant en 1’20’’. Résultat, il trotte 1’09’’4 départ lancé ! C’est un surdoué, c’est tout ! Evidemment, la nature du travail dépend du cheval que l’on a dans les mains et de la course que l’on prépare. Face Time est un cheval très léger, très facile d’allures. Je n’ai pas besoin par exemple de travailler l’explosivité avec ce cheval-là. Si je le fais avec lui, il va tomber fou ! »
Cette évolution du travail est aussi l’une des conséquences de l’évolution de la génétique du Trotteur Français. « Les origines de nos trotteurs changent. On a notamment beaucoup de Ready Cash qui ont beaucoup de sang, avance Sébastien Guarato dans son argumentaire. On s’approche vraiment du galopeur. Donc, il va falloir que l’on fasse attention à nos méthodes de travail. Ce qui se faisait dans le passé, je ne pense pas que l’on pourrait le refaire aujourd’hui, au moins tout au long d’une carrière. J’ai ainsi tendance à travailler Face Time de plus en plus légèrement et ça va de mieux en mieux. »
La référence aux galopeurs, l’homme aux trois Prix d’Amérique la fait volontiers.
Elle est même inspirante dans sa façon de travailler, en particulier l’étoile de son écurie : « Je cherche surtout à le garder en condition, en le travaillant régulièrement sur la main, un peu à la méthode d’un galopeur. Au galop, ils ne lâchent jamais trop la tête au travail. Il faut préserver son mental et sa puissance pour arriver frais en course ».
Ces propos font écho à ceux de Jan Kruithof dans le cadre d’une saga sur l’évolution du trotting par Jacques Pauc publiée en 2017 dans Trot Infos (n°243) où il rappelait son expérience dans les écuries de galop de Chantilly : « Un pur-sang est une telle boule de nerf, d’énergie. C’est comme un ressort que l’on met deux mois et demi à remonter progressivement et que l’on détend le jour de la course. Si tu en fais trop au travail, cela ne marche pas. Il faut relaxer les galopeurs, les détendre, faire des kilomètres, garder l’influx nerveux pour la course. C’est un travail particulier et c’est pourquoi des entraîneurs de trotteurs qui ont voulu entraîner au galop n’y sont pas parvenus tout de suite ».
Comme beaucoup d’autres professionnels du trot, ne serait-ce que la famille « Dubois » dans sa définition large, Sébastien Guarato regarde ce qui se fait au galop, lui qui est d’ailleurs propriétaire de chevaux d’obstacle dont Via Dolorosa, vainqueur du Prix du Président de la République à Auteuil en 2017 sous l’entraînement d’Arnaud Chaillé-Chaillé : « Je m’intéresse notamment au travail des entraîneurs de galop en Angleterre et en Irlande. Ils travaillent beaucoup en montée, beaucoup plus que l’on ne peut le faire avec un trotteur, car les galopeurs poussent davantage. Ma piste monte au début mais, après, c’est un faux plat montant, si bien que je peux faire un peu de vitesse.
On voit bien que les galopeurs travaillent sur la main, s’appliquent à bien faire respirer leurs chevaux. Ce travail m’inspire, d’autant qu’ils gardent l’influx pour la course. » Un influx que Sébastien Guarato s'évertue à préserver au maximum avec son champion : « Jamais, jamais, je n’ai lâché la tête avec Face Time au travail, même avant le Prix d’Amérique. Il n’y a que (Björn) Goop qui lâche la tête en fait. Ça veut donc dire que le cheval a gros, gros de marge. »
Article paru dans 24H au Trot du 19 septembre 2020
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Qualifié sur le pied de 1'17" et fractions au mois de juillet sur la piste de Caen, le pensionnaire de Sébastien Guarato, Invictus d'Ecajeul s'impose en toute quiétude pour ses débuts. Rabattu au commandement avant l'issue du premier tour, le fils de Bold Eagle et Belle Pierji repart de plus belle dans la ligne droite et rallie le poteau détaché. Toujours en bon rang, le protégé d'Alexis Grimault, Ixel de L'Aumoy, conserve un net premier accessit, tandis que le représentant des couleurs Hunter Valley, Indien, complète en retrait le podium.
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