Emmet McNamara

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Emmet McNamara a été créé par ivct


Par Anne-Louise Échevin JDG

Lorsque Serpentine (Galileo) a passĂ© le poteau en tĂȘte dans le Derby d’Epsom (Gr1), aprĂšs avoir menĂ© dĂ©tachĂ©, c’était la stupeur. Un gagnant de maiden, sept jours auparavant, capable de gagner un Derby en appliquant la mĂȘme tactique que lors de son succĂšs au Curragh ? Une monte, aprĂšs le coup, parfaite d’un jockey peu connu : Emmet McNamara.

Un premier Gr1. Fils de l’entraĂźneur Eric McNamara, Emmett McNamara s’est formĂ© via les courses de poneys. Champion apprenti en 2008, il dĂ©croche, avec Serpentine, une premiĂšre victoire de Gr1 Ă  l’ñge de 30 ans. Pas n’importe quel Gr1, et pas n’importe quelle victoire ! Sa monte dans le Derby d’Epsom a laissĂ© beaucoup de monde admiratif ou un peu Ă©tonné  En rĂ©alitĂ©, c’est plutĂŽt le manque de rĂ©action des autres jockeys qui a crĂ©Ă© le dĂ©bat : pourquoi avoir laissĂ© filer un poulain aux limites inconnues – dans une annĂ©e particuliĂšre oĂč il Ă©tait difficile d’y voir clair dans ce Derby –, et ce d’autant plus qu’il venait de survoler son maiden par neuf longueurs de la mĂȘme maniĂšre ?

Emmet McNamara avait visiblement fait ses devoirs et avait Ă©tĂ© bien briefĂ© par Aidan O’Brien. RencontrĂ© Ă  Chantilly ce dimanche avant les courses, il nous a dit : « On sait qu'Ă  Epsom, la course peut trĂšs vite ĂȘtre perdue, dĂšs le dĂ©part. Serpentine est bien parti et il Ă©tait vraiment dĂ©tendu. J’ai pu prendre la tĂȘte assez vite, aprĂšs l’avoir un peu pincĂ© au dĂ©part, et je n’avais pas d’inquiĂ©tude dans le parcours : il Ă©tait dans son rythme. C’est un poulain avec peu d’expĂ©rience : il n’est pas si mal sorti que cela mais j’ai dĂ» lui demander d’aller prendre la tĂȘte pour se mettre dans son rythme. J’ai eu l’impression de monter un bon poulain, simplement. Il pourrait tenir sur plus long mais, en mĂȘme temps, il a une certaine vitesse de base : je ne pense pas qu’il soit dĂ©pendant d’un parcours ou d’une distance. C’est juste un bon poulain une fois qu’il est dans son rythme. AprĂšs, il faut savoir Ă  quelle vitesse on va : il faut avoir une idĂ©e sur les temps partiels que l’on rĂ©alise, ce qui m’a aidĂ© Ă  Epsom. Les 2.400m Ă  Epsom sont diffĂ©rents de n’importe quels autres 2.400m dans le monde. À Epsom, Ă  1.200m du poteau, on sait que l’on est en descente : sur un autre parcours, vous ne demanderiez pas un effort Ă  un cheval Ă  une telle distance, mais Ă  Epsom, c’est possible. Plus on monte sur ce type de parcours, plus on apprend, et il faut le cheval qui puisse le faire. Je savais de quoi Serpentine Ă©tait capable. »

Seul au monde. On se demande ce qu’il doit se passer dans la tĂȘte d’un jockey, lorsqu’on se retrouve seul au monde, dĂ©tachĂ© de ses adversaires, Ă  Tattenham Corner. En Irlande, devant la tĂ©lĂ©vision, Donnacha O’Brien a dit Ă  son pĂšre, aprĂšs 1.000m de course, que Serpentine avait gagnĂ© la course. Emmet McNamara nous a livrĂ© son sentiment : « À Tattenham Corner, je n’ai toujours rien demandĂ© Ă  mon cheval. À ce moment-lĂ , j’espĂšre qu’il va pouvoir rĂ©pondre lorsque je vais lui demander d’accĂ©lĂ©rer. Et c’est un sentiment magique. Pour un jockey, il n’y a pas plus beau sentiment que celui de sentir son cheval accĂ©lĂ©rer lorsqu’on le lui demande. Peu importe que ce soit dans un Derby ou dans une autre course : ce sentiment d’un cheval qui accĂ©lĂšre est magique, on ne peut jamais s’en lasser. Je n’étais pas vraiment surpris d’ĂȘtre en tĂȘte Ă  Tattenham Corner, Ă©tant donnĂ© le dĂ©roulement de la course. J’étais peut-ĂȘtre plus Ă©tonnĂ© de ne pas entendre mes adversaires fondre sur moi. Je pensais qu’ils devraient ĂȘtre sur vos talons Ă  ce moment-lĂ . Si les foulĂ©es de mon poulain avaient commencĂ© Ă  se raccourcir, j’aurais dĂ» en effet les entendre arriver. Mais ce n’était pas le cas et je me suis dit que j’avais une vraie chance de ne jamais les revoir ! Et Ă©tant donnĂ© la maniĂšre dont il a accĂ©lĂ©rĂ© quand je le lui ai demandĂ©, je n’étais pas surpris qu’ils ne m’aient pas rattrapĂ©. »

En selle tous les matins Ă  Ballydoyle. Emmet McNamara monte peu en course mais Aidan O’Brien a fait appel Ă  un jockey qu’il connaĂźt : il fait partie des nombreux cavaliers de Ballydoyle le matin. Il raconte : « On m’a demandĂ©, le mardi soir il me semble, si je voulais monter dans le Derby, avec aussi la possibilitĂ© d’ĂȘtre en selle dimanche Ă  Chantilly. On m’a demandĂ© d’y rĂ©flĂ©chir car cela impliquait que je doive suivre une quarantaine de quatorze jours de retour en Irlande. » AprĂšs le coup, quatorze jours de quarantaine paraissent bien peu Ă  payer lorsque l’on rentre dans l’histoire du Derby ! Le jockey a ajoutĂ© : « En montant le matin Ă  Ballydoyle, cela me permet de connaĂźtre par cƓur les chevaux. MĂȘme si je monte peu en course, tous les matins, j’ai la chance de monter quelques-uns des meilleurs chevaux du monde. C’est une grande aide : on sait dans quel rythme on peut les monter. J’ai montĂ© Mogul (Galileo) le matin, mais l’annĂ©e derniĂšre surtout. C’est un trĂšs beau poulain et il a bien couru dans le Derby. Je n’avais pas montĂ© Vatican City ou les autres poulains prĂ©sents dans le Derby. La raison pour laquelle nous avons couru six poulains est simplement que l’on ne sait pas, avant le coup, lequel va le mieux gĂ©rer Epsom et les 2.400m. Et j’ai eu la chance d’ĂȘtre associĂ© au meilleur poulain ce jour-lĂ . »

"all we are:just a dust in the wind"
07 Juil 2020 03:22 #1
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