Il aura trois partantes dans le Prix de Diane, et autant dans le Prix du Jockey Club. Depuis la victoire de Précieuse (Tamayuz) dans l’Emirates Poule d’essai des Pouliches (Gr1) en 2017, Fabrice Chappet fait partie des entraîneurs classiques. Un qualificatif qui change tout…
Le Diane, si elles tiennent
Fabrice Chappet devrait seller trois partantes dans le prochain Prix de Diane : Speak of the Devil (Wootton Bassett) et Mageva (Wootton Bassett), toutes proches deuxième et troisième de l’Emirates Poule d’Essai des Pouliches (Gr1), ainsi que Magic Attitude (Gaileo), deuxième du Saxon Warrior Coolmore Prix Saint-Alary (Gr1) après avoir remporté le Prix Vanteaux (Gr3). « Speak of the Devil n’en était qu’à sa troisième sortie quand elle s’est classée deuxième de la Poule à un nez de la gagnante… Le plan était de la présenter dans la Poule avec une course supplémentaire mais le confinement et l’arrêt de courses ont contrarié ce plan… Pour elle, la question est surtout la tenue. Elle est issue d’une mère par le vecteur de vitesse Indian Rocket. Mageva a couru dans la Poule comme une pouliche qui pouvait être rallongée. Elle s’est aussi remarquablement comportée dans le classique de Deauville. Pour ces deux pouliches, le Prix de Sandringham aurait été, en temps normal, pris en considération, mais il a été placé seulement dix-huit jours après la Poule… Les Coronation Stakes, qui auraient aussi constitué une suite logique, arrivaient également trop vite. Les deux n’ont jamais couru à Chantilly, mais elles ont déjà travaillé sur l’hippodrome. Magic Attitude a pas mal consommé dans le Saint-Alary. Nous allons la monter plus cool. Comme les deux autres, elle a sa place au départ du Diane. »
Le Jockey Club en challenger
Trois chez les pouliches… et trois chez les poulains ! Dans le Jockey Club, Fabrice Chappet présentera Gold Trip (Outstrip), San Fabrizio (Siyouni) et Pisanello (Raven’s Pass). « Pisanello a couru en demi-teinte dernièrement [cinquième des Prix de Fontainebleau et de Guiche, ndlr], et il portera des œillères pour la première fois. Il part avec une chance d’outsider, mais attention ! Les œillères peuvent l’aider à inverser la tendance des ratings. San Fabrizio a montré dans le Guiche qu’il pouvait courir le Jockey Club. Il a été emmuré vivant dans la ligne droite, et l’avantage, c’est qu’il aura de la fraîcheur ! Gold Trip a remporté le Greffulhe à Lyon en rigolant… L’opposition sera plus relevée, mais ses limites sont difficiles à cerner. »
Les classiques, les courses qui comptent
Même lorsqu’il n’avait pas la force de frappe dont il dispose actuellement, Fabrice Chappet a toujours fait le choix de la jeunesse, en rentrant chaque année un maximum de 2ans, dans l’espoir de fabriquer un lauréat classique… « Les classiques, ce sont les courses qui comptent. Les Poules, le Diane, le Jockey Club… Ce sont des classiques avant d’être des Groupes 1 ! Les Poules sont encore plus importantes, on le voit bien quand un gagnant de Poule ou de Guinées rentre au haras, en comparaison avec un lauréat de Derby… Au printemps de leurs 3ans, et ce quel que soit le niveau de compétition où ils évoluent, les chevaux de 1.600m ont plus de qualité intrinsèque que ceux de 2.400m. »
Précieuse, le succès qui change tout
Pour Fabrice Chappet, la consécration est arrivée en 2017, quand Précieuse (Tamayuz), qui n’avait jamais couru sur le mile avant le jour J, s’est imposée dans la Poule d’Essai.
« La victoire de Précieuse dans la Poule d’Essai, en 2017, m’a ouvert des portes et donné une exposition internationale, et, indéniablement, elle m’a permis de recevoir des chevaux de qualité. Et en plat, la qualité de l’effectif, c’est fondamental. De toutes les disciplines équestres, le plat est celle qui requiert le moins de valeur ajoutée de la part de l’entraîneur. Si vous avez dans vos boxes des chevaux de qualité, à partir du moment où vous les nourrissez bien et que vous savez les regarder, vous devez gagner des courses. C’est l’inverse qui serait inquiétant… Il est donc logique que les résultats de l’écurie aient progressé, que nous gagnions des Groupes. Je n’ai pas changé ma façon de faire, même si j’ai sûrement progressé avec l’expérience ! Citez-moi un métier, surtout un métier d’observation, où l’on est meilleur en débutant plutôt qu’après quelques années d’expérience ! Ce n’est donc pas plus mal que mon entreprise ait grossi progressivement. »
Un incontournable : les ventes
Quand il ne travaillait que peu avec des éleveurs-propriétaires, Fabrice Chappet allait chercher la matière première aux ventes. Même si son statut a évolué, il reste un inconditionnel des rings.
« Je suis toujours beaucoup allé aux ventes, en Europe et même aux États-Unis. Je suis moins actif aujourd’hui, parce que l’on m’envoie des chevaux en provenance de ces ventes ! Je n’ai plus besoin de les acheter sans client potentiel, comme je le faisais à l’époque. J’ai la chance de recevoir ces chevaux bien achetés, pas forcément des fortunes (Gold Trip a été payé 60.000 €, Speak of the Devil 62.000 €, Mageva 75.000 €…) d’ailleurs, par des courtiers compétents. Le secret de la réussite, c’est aussi le nombre de poulains de vente que vous rentrez chaque année. C’est ainsi que fonctionne Jean-Claude Rouget, peut-être un peu moins maintenant qu’il travaille davantage avec des éleveurs… »
Chantilly, la référence
Fabrice Chappet a toujours exercé à Chantilly, dont il est d’ailleurs originaire. Il y a quelques années, il a pu faire l’acquisition de l’une des plus belles cours du centre, située au Bois Saint-Denis, qui abrita en son temps les effectifs Weisweiller.
« Je ne pense pas qu’il existe un meilleur endroit pour entraîner en France que Chantilly… Chantilly, ce sont des kilomètres et des kilomètres de piste, mais aussi toutes les facilités à portée de main. Je peux avoir chaque semaine le top cinq des jockeys pour venir travailler les chevaux. Vétérinaires, maréchaux-ferrants : il y a une vraie diversité d’offres là aussi. En revanche, sur le plan européen, je pense que les pistes de Newmarket (et même d’autres centres en Angleterre ou en Irlande) sont supérieures car elles offrent un dénivelé important. Les pistes qui montent permettent de travailler les chevaux moins vite mais avec la même intensité. Or on sait que c’est la vitesse qui entraîne de la casse. À Chantilly, je vais quotidiennement sur le haut des Lions, à deux pas de mon écurie, parce que c’est la seule qui propose un petit dénivelé. »
Les États-Unis, une expérience fondatrice
Fabrice Chappet a passé cinq ans au côté des Nerud (Dr. Fager, Fappiano, Cozzene…) aux États-Unis, et cette expérience américaine lui a sans doute donné le goût des voyages : il n’hésite jamais à mettre l’un de ses pensionnaires dans l’avion si l’engagement lui semble favorable. Cela a commencé avec Billy Allen, il y a quinze ans, et il y a quelques mois, des chevaux comme San Huberto (Speigtstown), Intellogent (Intello) ou Al Malhouf (Dutch Art) se sont produits aux quatre coins du monde.
« Il ne faut pas croire que parce qu’ils ont un chronomètre dans les mains, les Américains ne savent pas entraîner. Là -bas, ils ont des moyens extraordinaires, avec quasiment un employé par cheval, ce qui permet de faire le travail magnifiquement bien. Les tops entraîneurs sont de vrais bons hommes de chevaux. Et ils gagneraient aussi des courses s’ils venaient s’installer en Europe ! »
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