Jacques Ricou arrète, source "France Sire"
Jacques Ricou "Je suis venu vous dire que je m'en vais"
16/11/2018 - Grands destins Partager sur facebook Partager sur twitter
C’est sur les paroles de la chanson de Serge Gainsbourg que Jacques Ricou a annoncé officiellement la fin de sa carrière de jockey ce vendredi 16 novembre. Une page se tournera pour l’inoubliable partenaire de Milord Thomas, quadruple cravache d’or en obstacle, au soir du 30 novembre prochain.
C’est sur une pouliche de Gaëtan Gilles nommée Lutteuse Dancer entrainée par son maître d’apprentissage que Jacques Ricou avait décroché la 1000e victoire française de sa carrière le 13 novembre 2011 il y a quasiment 7 ans jour pour jour. A cette occasion, l’indispensable Xavier Bougon s’était déjà penché sur les débuts de la carrière de jockey à la longévité extraordinaire riche de 11 victoires de Gr.1 en France dont 5 avec Milord Thomas avec qui il a offert un premier Grand Steeple-Chase de Paris (2015) à Magalen Bryant. En 2012, il a également remporté le Gran Premio di Milano avec Rigoureux.
Né le 20 juillet 1980 à Château-Gontier (Mayenne) et originaire du Lion d’Angers dans le Maine-et-Loire, un village particulièrement «riche» en chevaux, Jacques Ricou a découvert sa passion et sa vocation de jockey en montant les poneys dès l’âge de 12 ans. Son père, un turfiste passionné, lui fit découvrir très tôt l’univers des courses hippiques et en 1996, il a 16 ans lorsqu’il fait son entrée chez le grand entraîneur d’obstacle, Guillaume Macaire.
Son père, homme déjà calme et posé, vibrait tout gosse pour les chevaux. Il aurait rêvé d’être jockey, ayant d’ailleurs le physique adéquat, mais son propre père le lui a interdit. Il est devenu boucher, un métier « plus sûr ». Le jeune Jacques a tout de suite été mordu. Adolescent, sans prévenir ses parents, il lui arrivait de faire du stop sur le pont du Lion d’Angers, étant certain qu’une bonne âme le prendrait en voiture pour aller aux courses. Il a pris ses premières leçons à cheval et sur l’obstacle chez Georges Bonsergent, fameux formateur, chez qui il passait toutes ses heures en dehors de l’école.
C’est le jour de son anniversaire qu’il a débuté à Royan, un certain 20 juillet 1997, 17 ans après sa naissance. Ce jour-là, il avait deux montes ; la première pour Laurent Viel en plat avec Gorki du Buhot et pour son maître d’apprentissage, non pas en haies mais directement en steeple avec Ilot d’Or. Il aura les honneurs des balances avec deux places de 4e (sur 5 arrivants dans les 2 disciplines).
Il s’impose pour la toute première fois en plat, le 10 août 1997 à Aurillac avec un inédit de 2 ans, Terrusson. Encore muni de sa licence d’apprenti, il ne pouvait donc être qualifié. Il ne retrouvera le chemin du succès en plat que 27 mois plus tard à Argentan, le 28 novembre 1999. Il faut dire qu’il ne monte que rarement en plat et malgré tout, il totalise 25 victoires (dont 3 cette année) et 63 places pour 113 montes (dont 7 en 2011).
Il doit donc son tout premier succès à Crême Royale, lauréate sur les balais de l’hippodrome du Putois (Compiègne) pour Robert Fougedoire et Guillaume Macaire, le 10 mai 1998.
Le 17 juin suivant, il s’impose pour la première fois à Auteuil avec Shadwel dans un réclamer sur le steeple.
Désormais deuxième jockey de l’écurie Macaire, après Benoît Gicquel, c’est à Enghien qu’il va enlever son premier succès de marque avec Grivery, dans la Finale du Challenge de Haies des 4 ans, à Enghien, le 28 octobre 2000. Le 27 décembre 2000, il effectue ses débuts britanniques à Chepstow dans le Pays de Galles, et réussit d’emblée un doublé avec Impérial de Thaix et Jaïr du Cochet qui lui permet de remporter son premier Groupe 1, le Junior Hurdle. Durant l'hiver 2015-2016, Jacques Ricou passera son hiver en Irlande pour monter pour le roi des entraineurs sur l'ile d'emeraude Willie Mullins.
En octobre 2003, il réalise l’exploit de battre le meilleur cheval d’obstacle anglais, Best Mate, en selle sur Jaïr du Cochet dans le Peterborough Chase, un Gr.2 à Huntingdon.
Le 25 septembre 2005 restera comme un cauchemar. Jacques Ricou domine le Gran Premio di Merano pour Guillaume Macaire avec Domirome, un mâle de Roi de Rome (à Merano !). Il passe le poteau en vainqueur mais tout s’écroule ensuite ; erreur de parcours. La victoire revient à un concurrent allemand (monté par le gentleman Thierry Steeger) devant Nazcar de la Nuit (Hubert Terrien). L’année précédente, il avait pourtant terminé second avec Mont Misère. Deux ans plus tard, il monte sur la seconde marche du podium avec Zarkali. Malgré les 20 jours de mise à pied, il terminera quand même tête de liste en France.
Quadruple cravache de bronze de 2000 à 2003 derrière Christophe Pieux, Jacques Ricou a touché la cravache d’argent en 2004 puis en 2010. Il touche le graal à quatre reprises de 2005 à 2008 en remportant la cravache d’or et laisse son nom dans l’histoire des courses en 2006 en signant un record de 133 victoires (contre 110 pour Christophe Pieux, si l’on excepte les 139 victoires d’Alec Carter en 1907).