Une impression visuelle saisissante. Encore emmuré vivant à l'entrée de la ligne droite, Horsy Dream n'a pu s'exprimer qu'à environ cent cinquante mètres du poteau. Et la lumière fut... “En deux foulées, il a fait la différence, s'extasiait son pilote Éric Raffin. Il faut savourer, car c'est peu ordinaire d'avoir autant de gaz entre les mains et d'assister à un tel changement de vitesse en fin de parcours au plus haut niveau.” À mi-parcours, le Vendéen buvait pourtant du petit-lait en pistant tranquillement le roc Izoard Védaquais, qui faisait travailler l'animateur et favori, Idao de Tillard, qui assumait ses responsabilités après avoir hérité d'un numéro favorable. Les choses se sont corsées quand Hokkaido Jiel a formé le wagon de trois en haut de la montée.
“Mes nerfs ont été mis à rude épreuve dans le dernier tournant. Éric a eu beaucoup de sang-froid ; personnellement, si j'avais été au sulky, j'aurais attaqué avant qu'Hokkaido n'arrive à ma hauteur, avouait Pierre Belloche au micro de Christophe Meyer. Horsy Dream aurait certainement gagné aussi, mais en ayant une course plus dure. Il l'a fait tellement facilement, beaucoup plus qu'il y a trois semaines à Solvalla. Il avait bénéficié d'une préparation idéale et n'a pas du tout puisé dans ses réserves. C'est magique !”
Éric Raffin abondait dans ce sens : “Je n'ai même pas eu à lui déboucher les oreilles... Sportivement, Jean-Michel Bazire (Ndlr, au sulky de Ganay de Banville), qui n'avait plus trop de ressources, ne m'a pas tenu au chaud à mi-ligne droite. Quand l'ouverture s'est produite, mon cheval s'est fait plaisir, et moi aussi !”
Sur le toit de l'Europe
Dans l'ombre de la star Idao de Tillard lors du meeting d'hiver, Horsy Dream a brillamment pris le relais de son cadet depuis avril, réalisant en quelques semaines le triplé Prix de l'Atlantique - Elitloppet - Prix René Ballière. Une première depuis l'italien Exploit Caf en 2008, alors qu'il s'agit d'un exploit inédit pour un trotteur français ! “J'ai toujours cru en mon cheval, reprenait Pierre Belloche. Ses problèmes de santé n'étaient pas graves et nous ne l'avons pas couru quand il était moins bien cet hiver. Il nous en récompense actuellement.”
Il ne fait absolument aucun doute qu'Horsy Dream s'est emparé, en cette fin du premier semestre, du sceptre de n° 1 en France et même en Europe. “Il faut maintenant s'atteler à le maintenir dans un tel état de forme jusqu'à l'hiver prochain, s'empressait de tempérer son mentor. La route est encore longue. En tout cas, le scénario d'aujourd'hui est de très bon augure dans l'optique d'un potentiel second déplacement en Suède, le 10 août. Nous allons sérieusement y réfléchir.” Offrant environ 530.000 euros à son vainqueur (soit une allocation supérieure à celles du Prix d'Amérique et de l'Elitloppet), l'Åby World Grand Prix (3.140 mètres - autostart) attise inévitablement les convoitises, quand bien même il faudra voyager en camion et non en avion. Horsy Dream semble prêt à soulever de nouvelles montagnes. “Je suis encore jeune, mais il s'agit sûrement du cheval de ma vie”, concluait Pierre Belloche.
Paris Turf