Les dirigeants de France Galop (Lagardère, Rothschild, Romanet) semblant passer leur temps à torpiller les courses françaises, les conséquences de leurs errements commencent à se faire sentir. Pour ne prendre qu'un exemple, la dernière victoire d'un poulain français dans l'Arc remonte à 2006, du jamais vu dans l'histoire.
Il serait grand temps de réfléchir à une refonte partielle du calendrier. Rien de révolutionnaire bien sûr, car il ne s'agit pas de bouleverser un sport ô combien traditionnel. Mais certains petits changements pourraient avoir des conséquences très positives et rattraper les bourdes des évolutions récentes.
Poules d'essai à Saint-Cloud
On connaît tous le problème de la grande piste de Longchamp sur le mile. Le départ étant trop proche du tournant, ce n'est souvent pas le meilleur qui gagne mais celui qui a tiré un bon numéro à la corde. Pour une épreuve de sélection classique, il y a franchement mieux... Résultat : si les gagnantes de la Poule d'essai des pouliches arrivent parfois à tirer leur épingle du jeu dans la suite de leur carrière, les poulains ne font souvent plus rien (à quelques exceptions près bien sûr).
Il devient urgent de déplacer les Poules d'essai et de les faire quitter le "temple du galop" qui ne l'est pas pour le mile. Où ? Deauville a déjà trop de Gr. I. Chantilly n'a pas le profil pour le mile. Saint-Cloud paraît une bonne idée. C'est la meilleure piste en herbe de France, la ligne droite après le départ y est longue, permettant aux chevaux de se placer avant le tournant. Un transfert des Poules d'essai au Val d'or les rendrait plus sélectives et redonnerait du dynamisme à ce magnifique hippodrome.
Grand prix de Paris ramené sur 2000 m et disputé début juin / Jockey-Club ramené sur 2400 m
La réforme du programme classique de 2005 est un fiasco, il est temps de le reconnaître. Le Jockey-Club est devenu un rendez-vous de milers rallongés et ne prépare plus à la distance reine du turf européen. Le GP de Paris n'a pas pris la relève et n'attire que des seconds couteaux. Résultat, nous n'avons plus de derby !
Une idée serait d'organiser un grand week-end classique début juin. Le GP de Paris ramené sur 2000 m serait couru à Longchamp le samedi et le Jockey-Club sur 2400 m à Chantilly le lendemain. Après les Poules et les préparatoires de mai (retour du prix Lupin), les chevaux auraient le choix entre la distance intermédiaire et la distance classique.
Ceux qui choisiront le GP de Paris auront la possibilité de poursuivre leur carrière sur distance intermédiaire (voir après) ou de monter sur 2400 m plus tardivement. Le vainqueur du Jockey-Club, lui, pourra de nouveau rencontrer le vainqueur du Derby d'Epsom dans la "finale" de l'Irish Derby, comme c'était encore le cas dans les années 90 (Suave Dancer vs Generous etc.)
La voie de la distance intermédiaire : Jean Prat - Gontaut-Biron - Guillaume d'Ornano - prince d'Orange
Le prix Jean Prat est un désastre ambulant, changeant sans cesse de distance et d'hippodrome, et n'ayant plus aucun sens. Un Jean Prat fin juin/début juillet sur 2000 m serait la revanche idéale pour les 3 ans du Grand prix de Paris. Il pourrait revenir à Chantilly pour être couplé au Grand prix de Chantilly déplacé à la même date (voir après).
Plusieurs courses existent sur 2000 m mais elles sont mal placées et peu soutenues, sans compter leurs conditions d'âge assez farfelues. France Galop pousse en effet le vice à vouloir séparer les 3 ans de leurs aînés jusqu'au mois d'août : prix Guillaume d'Ornano réservé aux 3 ans et Gontaut-Biron ouvert aux 4 ans & plus. Cela va contre l'esprit et la tradition du galop qui, à partir de l'été, voit les magnifiques joutes intergénérationnelles.
Déplaçons début juillet le Gontaut-Biron réservé aux "vieux" puis faisons du Guillaume d'Ornano la première course intergénérationnelle sur 2000 m (août, Deauville) : les gagnants du Jean Prat et du Gontaut-Biron s'y retrouveront. Un mois plus tard, ils pourront en découdre dans le Prince d'Orange, lui aussi désormais ouvert aux chevaux d'âge et non plus seulement aux 3 ans.
Pour résumer :
- ligne des 3 ans : préparatoires d'avril/mai - Grand prix de Paris (début juin) - Jean Prat (début juillet)
- ligne des 4 ans & + : Ganay (avril)- Ispahan (mai) - Gontaut-Biron (début juillet)
Ensuite, tout ce joli monde se retrouve dans les intergénérationnelles du Guillaume d'Ornano (août) et du Prince d'Orange (septembre)
Charge à France Galop d'augmenter les allocations de certaines de ces courses.
La distance classique : Grand prix de Saint-Cloud, de Chantilly et de Deauville
La distance reine en Europe est en train de mourir à petit feu, faute de soins. Il est invraisemblable que France Galop ne se rende pas compte du paradoxe qu'il y a à vouloir renforcer l'Arc tout en torpillant sa distance. Si les courses sur le mile et sur 2000 m, bien que moins réputées, attirent du monde et voient souvent des champions rester à l'entraînement à 4 ans, c'est parce qu'elles profitent d'un programme cohérent et varié. En Europe, il existe quatre grands miles intergénérationnels (cinq si on y ajoute la BC Mile où se retrouvent souvent les chevaux européens). Pareil pour la distance intermédiaire : quatre grandes courses intergénérationnelles. Pour la distance classique, il n'en existe que... deux ! Entre les King George et l'Arc, deux mois et demi sans rien : un vrai désert.
Il faut absolument que les autorités hippiques françaises, mais aussi britanniques et irlandaises, corrigent le tir sous peine de voir la reine des distances sombrer peu à peu. Là encore, quelques changements faciles à réaliser peuvent avoir d'énormes conséquences positives.
Le principal à mettre en oeuvre est un transfert du Grand prix de Saint-Cloud, rouvert aux 3 ans, début septembre, un mois avant l'Arc et cinq semaines après les King George. Cela porterait à trois le nombre de courses intergénérationnelles et créerait une réelle dynamique. A noter qu'un choix cornélien et intéressant se poserait aux entraîneurs : courir à Saint-Cloud quatre semaines avant l'Arc (Gr.I mais corde à gauche) ou courir les préparatoires de Longchamp (Niel, Foy) trois semaines avant (Gr.II mais même parcours). Les deux lignes se retrouveraient de toute façon dans l'Arc, magnifiant le grand rendez-vous d'octobre...
Pour les "vieux", le Grand prix de Chantilly serait déplacé fin juin/début juillet, à la place du GP de Saint-Cloud. Actuellement, il se court début juin, est en concurrence avec la Coronation Cup et n'attire que des seconds couteaux. Un GP de Chantilly décalé d'un mois, à mi-chemin entre la Coronation Cup et les King George, pourrait valoir son pesant d'or et même un jour accéder au statut de Gr.I. Ca pourrait également être l'occasion de créer une troisième belle journée de courses à Chantilly fin juin/début juillet, avec le Grand prix et le Jean Prat (voir plus haut).
Autre changement mineur dû au déplacement du GP de Saint-Cloud : le GP de Deauville ne clôturerait plus le meeting mais l'ouvrirait, fin juillet. Pour ne pas concurrencer les Anglais (King George) et faire accepter la réforme, il conserverait son statut de Gr.II.
Pour résumer :
- ligne des 3 ans : préparatoires d'avril/mai - Jockey-Club (voire GP de Paris pour les tardifs de la distance classique) - Irish Derby.
- ligne des 4 ans & + : Coronation Cup - GP de Chantilly -
Ensuite, trois magnifiques courses intergénérationnelles : King George (voire GP de Deauville pour les moins bons) - Grand prix de Saint-Cloud - Arc.
Voilà une réforme qui me paraît sensée. Elle n'engage pas de grands bouleversements mais quelques changements clé susceptibles de faire retrouver à la distance classique son âge d'or tout en créant une vraie filière de distance intermédiaire en France.
Elle serait, je pense, facilement acceptée par nos partenaires anglais et irlandais car ils auraient, eux aussi, beaucoup à y gagner. L'Irish Derby redeviendrait la grande "finale" qu'elle était entre le vainqueur d'Epsom et de Chantilly et retrouverait son prestige perdu. Les King George (et même peut-être la Coronation Cup) auraient un tapis rouge déroulé devant eux.
A méditer...