Patrice Camacho n’a pas la langue de bois et fait le point sur la décision prise par le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin de fermer l’hippodrome de Borély et ce qui pourrait en résulter. Il nous parle aussi de la bonne tenue des enjeux sur les deux sites marseillais, de ses projets futurs, mais aussi de la réussite des entraîneurs de plat, basés au centre d’entraînement de Calas, et de son attractivité.
• Président, entrons directement dans le vif du sujet avec l’annonce du maire de Marseille, M. Gaudin de fermer en 2021 l’hippodrome de Borély. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
Rappelons tout d’abord que le bail emphytéotique en cours vient à terme en février 2022 et que l’on court à Borély depuis le 4 novembre 1860, sans interruption. En janvier 2017, Jean-Baptiste Andréani et moi-même avons rencontré Jean-Claude Gaudin au Sénat dont il était Vice-Président. Il nous a assuré de la pérennité des courses à Borély et donc du renouvellement du bail. Il avait tenu la même promesse auparavant au Président de France Galop. Son discours a changé, sans aucun écrit officiel. Quel crédit accorder aux propos d’un maire sortant et d’un maire de secteur battu aux dernières législatives ? Le projet (si l’on peut parler de projet) qu’ils portent est gigantesque et n’est pas chiffré. Si le Parc doit être agrandi au bénéfice des Marseillais, on peut le faire au centre des pistes avec des aménagements inspirés des hippodromes de Lyon-La Soie ou de Pornichet. Parler de Borély évite de parler de la rue d’Aubagne et de ses nombreuses répercussions collatérales.
• Quels sont vos recours pour que Borély perdure, d’autant que l’opposition a l’air satisfaite par cette décision ?
Supprimer l’hippodrome de Borély, ce serait supprimer les courses à Marseille et, à terme, dans le Sud-Est au trot comme au galop. Ce serait aussi supprimer les 500 emplois directs ou indirects des deux hippodromes et du centre de Calas. Il n’en est pas question. Marseille représente un tiers des courses du Sud-Est. Dans le pire des cas, si d’aventure la future équipe municipale souhaite mettre en œuvre cette idée , nous ferions appel à tous les recours possibles et disponibles pour conserver l’hippodrome. Depuis l’annonce du maire, j’ai de nombreux soutiens de riverains, de turfistes, d’élus politiques pour la conservation du site. Vous parlez de l’opposition politique satisfaite de cette décision. De quelle opposition parlez-vous ? J’ai personnellement eu des échos contraires. Je me suis entretenu avec certains élus qui pensaient à tort qu’il y avait un hippodrome de trop à Marseille. L’hippodrome de Cagnes (66 ha) est loué à la municipalité pour 1 € symbolique annuel. De nombreuses collectivités reversent à leur société de courses tout ou partie de la taxe sur les paris qu’elles perçoivent… Rien de tout cela à Marseille ; à croire que nos élus n’aiment pas le spectacle, le sport et les courses !
• Les courses ne se portent pas bien. Êtes-vous satisfait des décisions prises par le nouveau responsable du PMU ?
J’adhère totalement au plan de relance du PMU initié par Cyril Lynette. Pour moi, c’est la solution et je pense que très rapidement, nous allons pouvoir mesurer les effets bénéfiques de sa politique. Je discute avec les turfistes et ils constatent une augmentation des gains.
• Êtes-vous satisfait par les enjeux sur les deux hippodromes que vous présidez ?
Depuis 2016, les enjeux PMH et PMU sur les hippodromes de Borély et Vivaux sont en nette progression, et bien au-dessus de la moyenne nationale. En 2018, les enjeux PMU (hors Internet) ont été de 216 M€. Je constate avec satisfaction qu’il y a de plus en plus de monde sur les hippodromes ; conséquence sans doute des améliorations que nous avons apportées. Nous allons aussi prendre des mesures pour relancer le Quarté Régional.
• Vous êtes aussi responsable du centre d’entraînement de Calas sur lequel vous avez réalisé des travaux, avec de superbes résultats à la clé.
J’avoue que les performances des chevaux entraînés à Calas sont remarquables en 2018 : un Groupe I, des semi-classiques et listeds, pas moins de 20 Quintés. Un grand cru ! Ce n’est pas le fruit du hasard ; l’amélioration des pistes et les compétences des entraîneurs de Calas y sont pour beaucoup. C’est aussi un cercle vertueux : les résultats font venir des meilleurs chevaux qui apportent des résultats. 650 chevaux s’entraînent à Calas. La rénovation des écuries n’est pas tout à fait terminée et elle mobilise 34 boxes pour loger les locataires des écuries en travaux. Nous avons des demandes de boxes en permanence que nous ne pouvons satisfaire. Nous n’aurions aucun problème à remplir 100 boxes supplémentaires.
• On parle de projets sur l’hippodrome de Vivaux. Vous pouvez nous en dire plus.
Effectivement, j’ai un grand projet à Vivaux avec la création d’un pôle de loisir, de détente et de sport : un circuit de karts électriques au centre des pistes (aucune nuisance sonore), des terrains de foot indoor et outdoor, des terrains de paddle, un centre de remise en forme (sauna, hammam, cryothérapie, massage). Le permis de construire est déposé et nous sommes passés en commission d’urbanisme avec le soutien inconditionnel du Maire de secteur, M. Royer-Perreault. Enfin un politique qui soutient la SHM et ses projets !
• On voit que de plus en plus de casaques dites classiques sont présentes dans la région. Ce doit être une fierté non ?
C’est une satisfaction de voir ces casaques prestigieuses venir intégrer les effectifs de Calas. La dernière en date étant celle du Président de France-Galop, Édouard de Rotshchild, qui a brillé dernièrement à Cagnes.
Recueilli par Stéphane LONGUBARDO
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