Equidia - Gérald Blandin : "La chose la plus cruelle, c'est le manque de passion"
"Sans regrets, ni remords", c'est avec ces mots que Gérald Blandin a terminé notre échange téléphonique. Le professionnel a décidé de changer de profession après 11 ans dans les courses de trot.
par Dimitri Fortin le 13 septembre 2019
"La chose la plus difficile, c'est le manque de passion, je n'ai plus envie de m'occuper des chevaux". Gérald Blandin est direct et explique sans aucune difficulté pourquoi il souhaite mettre un terme à sa carrière. Une page qui se tourne pour cet homme de 27 ans, "dans le métier" depuis 2008, qui avait remporté le Prix Médusa en tant qu'apprenti : "J'ai remporté le Prix Medusa en 2009 avec Nelumbo et quelques semaines plus tard, je terminai deuxième du Prix Yvonnick Bodin en selle sur Obelo Darche."
"J'ai saisi l'opportunité de partir"
Une décision mûrie depuis un an par le professionnel : "Cela fait un an que je me tâte. Je voulais que ça passe inaperçu, j'entendais de fausses rumeurs, comme quoi je m'étais fâché avec mon père, c'est faux, c'est pour ça que j'ai mis un message sur Facebook. J'ai saisi l'opportunité de partir, c'est mon choix, ma décision. Mon père aurait voulu que je reprenne l'écurie avec mon frère Adrien, mais mon frère se débrouille très bien."
Gérald Blandin quittera progressivement le monde des courses mais détient encore sa licence jusqu'à la fin de l'année et a remporté trois courses ces dernières semaines alors qu'il restait sur une longue période de disette : "Ce vendredi soir, je monte à Vincennes, jusque fin décembre, je vais driver pour dépanner."
Gérad Blandin remporte le Prix Médusa à Vincennes en 2009, au sulky de Nelumbo, l'une de ses plus belles victoires.
"Les chiffres baissent, les charges ne baissent pas"
Gérald Blandin dresse le paysage d'un monde des courses où il est de plus en plus difficile de tirer de quoi vivre : "Beaucoup d'entraîneurs arrêtent, on parle de moi parce que j'ai un nom. mais j'ai beaucoup d'amis près de chez moi qui arrêtent. Les courses vont mal, si c'est pour continuer vers cela, travailler pour gagner 500 euros dans 10 ans... Quand on voit des Ready Cash partir aux ventes à 18 000 euros, alors que les saillies se négociaient beaucoup plus cher. Quand vous rentrez le dimanche et que vous n'avez pris que des petites places, il vous reste quoi à la fin ? Pas grand-chose. Les chiffres baissent mais les charges ne baissent pas, nous, ce n'est pas notre travail de trouver les solutions." S'il est vrai que Gérald Blandin n'est pas le seul à arrêter, le nom qu'il porte est la raison pour laquelle les projecteurs se braquent sur lui : "C'est la roue qui tourne, mon père est un entraîneur qui a toujours eu des résultats stables, il a été un des pionniers pour déferrer les chevaux. On a connu de grandes années avec Nelumbo et Obelo Darche, mais aussi et surtout avec Morgan de l'Isop, qui remportait les GNT. Patrick Cimarosti était là, il y avait une quinzaine de salariés dans l'entreprise, aujourd'hui nous sommes 3 ou 4, ma mère faisant l'administratif et nous dépannant à l'écurie."
Gérald Blandin s'occupera désormais de son fils, un départ qu'il fait "sans regrets, ni remords" et conduira désormais un tracteur avec benne pour une entreprise de travaux publics, lui qui a toujours aimé conduire de tels engins. Un travail qui lui offrira la stabilité professionnelle et la stabilité dans les revenus que les courses ne pouvaient plus lui apporter...