Paris Turf - Florian Desmigneux : “La compétition avant tout”
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Arnaud LECOMTE | Publié le samedi 30 mars 2019
Florian Desmigneux est l'auteur d’un remarquable premier semestre. Photo Scoop Dyga
RENCONTRE - Sans faire de bruit, une nouvelle génération de professionnels prend place dans le paysage hippique au trot. Elle se veut conquérante, mobile et ouverte à une nouvelle organisation de travail en adéquation avec le schéma des courses dites modernes. À 24 ans, Florian Desmigneux incarne cet élan. Actuel troisième (13 victoires) au classement de l'Étrier d'Or, il réalise un superbe début de saison.
• Florian, vous attendiez-vous à un début d'année aussi fructueux ?
Pas réellement. Au 1er janvier, je me dis en plaisantant que je suis en tête du classement mais cela ne dure pas (rires)... Tout s'est bien enchaîné cette année. J'ai pu monter quelques bons éléments, comme Fifty Five Bond pour les “Martens” qui m'a apporté déjà quatre victoires en 2019, et Cocktail Dynamite, trois fois lauréat, pour l'entraînement de Yannick-Alain Briand. Il faut profiter de ces périodes de réussite.
• Pour briller, il faut aussi s'en donner les moyens. Qu'en pensez-vous ?
Je n'hésite pas à faire des déplacements. Chaque victoire compte en province comme à Paris (N.D.L.R. : il a signé, dimanche dernier, le troisième doublé de sa carrière, le premier dans les deux spécialités). J'aime la compétition, aller aux courses, bien plus que le travail du matin. Je me suis assuré les services d'un agent depuis un an, Benjamin Poirier. En parallèle, je travaille comme prestataire de services au sein de l'écurie de Vincent et Christophe Martens.
• Comment se passe la collaboration ?
Bien. Je viens à leur demande pour essayer des chevaux au monté notamment, depuis deux ans. Plusieurs fois la semaine, ou pas pendant dix jours, suivant les événements. Ils me font aussi confiance à l'attelé en province. Quand Christophe a été victime d'une chute à l'automne dernier, j'ai eu l'opportunité de mener un peu plus et d’enregistrer quelques victoires.
• Comment jugez-vous votre situation ?
Travailler le matin en prestataire et aller aux courses l'après-midi me convient bien. Je fais ce que je veux. Être présent sur les programmes, faire des gagnants et tomber sur un bon élément, c'est ce qui me motive. Peut-être à l'avenir au sein de l'écurie de la famille Martens.
• Votre sœur, Émeline, ne cesse de se distinguer en apprentis. Quel regard portez-vous sur elle ?
Je suis ses courses depuis le début. On a souvent analysé ensemble, après coup, ses prestations. Elle manquait un peu d'expérience au début, mais a bien progressé. Je suis fier de sa réussite. On surveille nos résultats. C'est motivant. On se taquine un peu.
• Votre père est entraîneur. Pourtant, est-ce que les courses ont été une voie naturelle ?
Pas du tout. Je n'étais pas intéressé à la base et j'ai fait l'école “classique” jusqu'à la troisième. À 16 ans, mon père m'a proposé de prendre ma licence d'apprenti. J'ai fait l'école de Grosbois une année avant d'être salarié un hiver chez Jean-Pierre Viel pour qui j'ai gagné ma première course avec Ugolinviel. Je suis allé chez André Le Courtois et j'ai glané quelques succès l'été avant d'intégrer l'écurie de Jean-Luc Dersoir et de gagner ma première victoire à Vincennes, puis j’ai continué chez mon père en tant que salarié pendant deux ans et demi.
• Sacré meilleur apprenti monté en 2015, vous avez connu une période plus délicate ensuite, avant de remonter la pente...
Je n'étais pas heureux de passer professionnel. Je savais très bien que j'allais entrer dans une période difficile. J'ai essayé de me rendre le plus disponible possible, être sur les programmes même sans avoir de premières chances. Toujours tenter d'être présent.
• Comment voyez-vous la suite ?
Je suis bien comme je suis. J'aimerais que ma réussite actuelle se poursuive un peu. Quand j'ai une première chance, comme avec
Fifty Five Bond, mardi à Enghien, il ne faut pas se louper. J'aime bien aussi évoluer à l'attelage. Dans l'Est, j'ai gagné plusieurs courses. C'est la compétition qui me motive avant tout et gagner des courses.