Le Trot - Michel-Marcel Gougeon, légende éternelle
Il y a tout juste un an, le 4 novembre 2016, s’éteignait l’un des plus grands pilotes du trotting tricolore. Le frère de Jean-René Gougeon, surnommé « Minou », détient l’un des plus beaux palmarès de l’histoire. Il a marqué de son empreinte le meeting d’hiver de Vincennes Hippodrome Paris.
Né le 8 août 1933 à Sévigny, dans l'Orne, Michel-Marcel était le fils de Marcel Gougeon, lauréat du Prix d'Amérique 1922 avec Reynolds V et du Critérium des 4 Ans 1926 avec Amarante V, chevaux appartenant à son patron Hervé Céran-Maillard. D'abord appelé « Minou » par ses pairs, puis par toute la France turfiste, Michel-Marcel Gougeon était apprécié des turfistes tant pour sa « main en or » que pour sa gentillesse. Retour sur son parcours dans Trot Infos.
« Sa première victoire, le frère cadet de Jean-René, le futur « Pape du Trot », la remporte à l'âge de 14 ans en selle sur
Altesse Royale Albert, à Vincennes. Rapidement titulaire de vingt-cinq succès - synonyme à cette époque de passage dans le rang des professionnels - il devient le jockey attitré de l'écurie familiale créée par son père en 1932 et se fait connaître du grand public en s'adjugeant trois Prix de Cornulier consécutifs. D'abord en 1952 avec
Dollar V, puis en selle sur
Fandango. Avec le phénomène qui permit à Alphonse Martineau de terminer deux fois tête de liste des propriétaires avec un seul cheval en compétition (!), il forme un couple parfait, réalisant l'exploit, demeuré unique, de signer sous la selle 38 victoires d'affilée ! Mais Minou ne sera pas qu'un jockey. Son don de tirer, et ce dès le premier contact, le meilleur parti d'un trotteur qu'on lui confie, il l'exercera également au sulky. Au total, près de 3 000 victoires orneront son palmarès.
S'il inscrit son nom sur les tablettes de tous les classiques et Groupes I au monté, il en fait de même concernant les plus grandes épreuves du programme attelé hexagonal. Une performance là encore unique ! En selle, ce sont au total trente-neuf courses de top niveau qu'il enlève de 1952 à 1991, année de son septième sacre dans le Prix de Cornulier, celui obtenu avec la douée mais délicate
Queila Gédé défendant la casaque de Roger Baudron. Il a alors 58 printemps ! Chapeau bas l'artiste ! Autres que ceux précités, mentionnons parmi ses partenaires les plus illustres dans la spécialité les Joyeux Troupier, propriété de Mme Gaston Roussel, Karolyne, au marquis de
Noblet, Quioco, au vicomte Guillaume de Bellaigue,
Une de Mai, portant les couleurs du comte Pierre de Montesson,
Bellino II, celles de Maurice Macheret, et
Istraéki, celles de Roger Ledoyen.
Un homme simple et affable
À l'attelé, sa dextérité et son sens de la course font également merveille. Son talent sera couronné par quarante-deux victoires de Groupe I. Il les acquiert avec notamment les Toscan pour le compte de Pierre de Montesson et de Pierre-Désiré Allaire, Amyot pour celui d'André Poupard,
Bellino II, Fakir du Vivier, lequel fait briller successivement les couleurs de son entraîneur, Pierre-Désiré Allaire, puis celles d'Alain Delon,
Lurabo, deuxième bijou de l'Écurie Macheret, confié au jeune entraîneur Jean-Lou Peupion, et bien sûr
Ourasi. Son frère Jean-René malade en 1989, il remporte avec le champion le Prix de Paris, le Critérium de Vitesse de la Côte d'Azur, le Prix de l'Atlantique et le Grand Prix d'Oslo. Puis, il s'assied notamment de nouveau au sulky du cheval de Raoul Ostheimer le dernier dimanche de janvier 1990. Et le crack, qui, lui, triomphe pour la quatrième fois dans la « belle », lui offre un troisième Prix d'Amérique. Au retour du duo aux balances, l'émotion est à son comble dans le clan des vainqueurs, sur le gravier et dans les tribunes. Vincennes chavire.
Mais s'il reste et restera pour nombre des gens du métier un modèle professionnel, et notamment pour ceux qui ont profité de son immense expérience lors de sa reconversion comme passionné formateur à l'école AFASEC de Graignes, le souvenir de Michel-Marcel Gougeon demeurera aussi associé à son image. Celle d'un homme simple et affable, casquette vissée sur la tête et sourire sur des lèvres (…). Le modèle de personnage populaire que l'on souhaite croiser dans son existence. (...) »