Les yeux du cheval

Les yeux du cheval , ce truc de flou

Le monde de la course s’est adapté aux capacités visuelles des équidés, très différentes des nôtres

Pourquoi donc certains chevaux de course portent-ils des œillères sur leurs yeux ? « Car s’ils regardent à droite et à gauche ils ne font pas leur boulot, lance Pierre Vercruysse, entraîneur et driver. Mais c’est aussi pour les rassurer ». En effet, dans la nature, « le cheval est une proie et il dispose donc d’une vision particulière », rappelle Sylvia Masson, vétérinaire et spécialiste en médecine du comportement des animaux de compagnie.

Contrairement aux humains, qui voient à 180 degrés, le cheval « peut balayer plus de 270 degrés, mais avec une vision en 3D seulement sur 70 degrés environ, car ses yeux sont situés sur les côtés de sa tête ». On parle alors de champs monoculaire (à gauche et à droite avec un seul œil) et binoculaire (sur le devant avec les deux yeux).

Non, le cheval ne voit pas en noir et blanc
La perception des couleurs est, elle aussi, un peu différente. Ainsi, l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), rappelle que les équidés disposent d’une vision dichromate ; « c’est-à-dire une palette allant du bleu au jaune […] mais ne distinguent pas le rouge, ni le vert (qui leur paraissent gris)

Ainsi, ils sont plus facilement surpris par les couleurs jaunes, blanches ou bleues que par le vert, le rouge ou le marron. « Le blanc est une couleur à laquelle ils sont très réceptifs. Ils le voient très bien. En saut d’obstacles, par exemple, il y a des barres blanches justement », illustre Pierre Vercruysse. La forme allongée de la pupille des équidés (alors que la nôtre est ronde), « leur permet par ailleurs de voir loin dans le noir. Ils sont plus à l’aise dans l’obscurité que nous », constate Sylvia Masson.

Oui, certains chevaux ont les yeux fragiles
La vétérinaire rappelle que « ces capacités visuelles sont essentielles aux chevaux pour survivre », mais qu’ils sont paradoxalement en mesure de s’adapter beaucoup plus facilement que les humains à la perte de la vue : « Je connais une femme qui part en balade avec son cheval aveugle. Il trébuche un peu, mais il ne tombe jamais », remarque la spécialiste des comportements animaliers.

Point commun avec les humains cette fois, tous les chevaux ne sont pas égaux en matière de fragilité oculaire. « Le cheval est habitué à vivre dans la nature et il souffre donc moins que nous des projections. Seulement, certains chevaux de course y sont plus sensibles que d’autres, donc on leur met un masque avec un grillage pour protéger leurs yeux », explique l’entraîneur.

Et à ceux qui se demandent comment approcher un cheval sans lui faire peur ou le surprendre, Sylvia Masson a la réponse : « On n’aborde pas un cheval comme un humain. On y va assez lentement, en s’annonçant et on évite d’arriver de face mais plutôt par le côté, précise la spécialiste. Le fait que l’on soit debout et qu’on lève les bras peut leur sembler menaçant, mais pas notre taille ». Oubliez donc l’idée reçue selon laquelle le cheval nous voit plus grand que nous le sommes et que c’est pour cette raison que nous avons réussi à le domestiquer.

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