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Août 1987 au début de ce meeting de Deauville Yves Saint Martin annonce son intention de descendre de cheval. De prendre sa retraite. Les courses françaises perdent plus qu’un jockey : une cravache en or. Pendant trente ans cet artiste a été le numéro 1 dans notre monde hippique. Voici le film de sa vie.
GOLDEN BOY
1961 : La rencontre avec Match et Solitude, deux cracks. La France ne suffit plus à ce jeune talent, Saint Martin part à la conquête du monde. Avec Match, il remporte l’année suivante les King George à Ascot. Bis repetita, toujours en Angleterre, avec Dicta Drake dans la Coronation Cup et Monade dans les Oaks. Une première fois l’Amérique avec le Washington DC de Match.
A vingt et un ans, Yves obtient son visa pour la gloire et un surnom : le Golden Boy.
En 1963 avec 184 victoires il est devenu un crack jockey. Il décroche une nouvelle cravache d’or. Il se marie avec Michelle Lotte la fille de l’assistant de François Mathet. Un Bonheur parfait ! La lune de miel est de courte durée.
En Angleterre, c’est la douche écossaise. Relko vient de s’imposer dans le Derby d’Epsom de six longueurs. Tout à sa joie, Saint Martin reçoit la nouvelle frontalement : son champion est soupçonné de dopage. Après analyse et contre analyse, les censeurs reconnaitront leur erreur. Relko effacera cet affront en remportant le Prix Royal Oak à Longchamp. « C’est la seule fois de ma vie, dira Yves Saint Martin, que je verrai des larmes d’émotion dans les yeux de François Mathet ».
Derby d’Epsom 1963 Relko (YSM pour François Mathet)
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[Août 1987 au début de ce meeting de Deauville Yves Saint Martin annonce son intention de descendre de cheval. De prendre sa retraite. Les courses françaises perdent plus qu’un jockey : une cravache en or. Pendant trente ans cet artiste a été le numéro 1 dans notre monde hippique. Voici le film de sa vie.
UN CHEF D’ŒUVRE
S’il y a une victoire qui doit le mieux illustrer le talent d’Yves Saint Martin, c’est celle de Rescousse dans le Prix de Diane en 1972. Cette pouliche est caractérielle, un paquet de nerfs. Elle a tendance à trop tirer, trop s’épuiser sur le mors. A priori, les 2100 mètres de ce classique sont limites. Formels les ordres avant la course : « Surtout, il faut à tout prix la cacher, la détendre. Sans cela, elle ne pas va tenir la distance ».
Dès l’ouverture des stalles, Rescousse gicle tout de go. Alors Yves va improviser. Il n’ira pas contre nature. Il va laisser faire. Ne pas se battre avec sa monture. Tout en douceur. Bien en équilibre sur l’encolure. Pas une fraction de seconde, Saint Martin ne cédera à la panique. Cool. Le courant va passer entre le jockey et la pouliche. Elle a lâché son mors. A l’entrée de la ligne droite, Rescousse, toutes ressources intactes, s’envole vers la victoire.
Ce Diane, Saint Martin l’a gagné. En état de grâce !/quote]
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Août 1987 au début de ce meeting de Deauville Yves Saint Martin annonce son intention de descendre de cheval. De prendre sa retraite. Les courses françaises perdent plus qu’un jockey : une cravache en or. Pendant trente ans cet artiste a été le numéro 1 dans notre monde hippique. Voici le film de sa vie.
LE DIVORCE SAINT MARTIN/MATHET
Les cracks succèdent aux cracks, les succès aux succès… Le 4 Mars 1967, le cap des 1000 victoires est franchi. Mais les orages s’accumulent dans un ciel apparemment serein. En 1970 c’est « le divorce » avec François Mathet. Ce père de substitution père est trop présent, son fils adoptif étouffe
Comme cadeau de rupture, Saint Martin remporte, un peu contre toute attente, l’Arc de Triomphe avec Sassafras.
Yves mystifie dans un tour de passe- passe le grand Lester Piggott en selle sur Nijinsky le phénomène Irlandais. Un tour de magie dont il a le secret !
Désormais Yves voit la vie en bleu : c’est le premier jockey de Daniel Wildenstein. Il est maintenant maitre de son destin.
C’est alors que va se produire la grande rencontre de sa carrière avec une pouliche exceptionnelle : Allez France. Elle possède un tempérament de feu, une intelligence rare et une pointe phénoménale. Il faudra toute la patience de Saint Martin pour l’amadouer, pour la canaliser.
Ce couple va devenir presque invincible.
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LA CAP DES 2000 VICTOIRES
Allez France : un nom prédestiné. Ils vont gagner ensemble les prix d’Harcourt, Ganay, d’Ispahan et l’Arc de Triomphe.
Un Arc disputé dans des conditions particulièrement dramatiques. Yves s’est blessé trois semaines auparavant à Maisons-Laffitte : il s’est fracturé un os du bassin.
Le médecin est formel : trois semaines d’immobilité et cinq semaines de rééducation.
Yves passe outre ces recommandations. Il arrive à Longchamp en béquilles, surmonte sa douleur. Il se met en selle. Longchamp retient son souffle. Allez France et Saint Martin arrachent de peu la décision. Incroyable, mais vrai !
1975 : le cap des 2000 victoires est bouclé. Yves reçoit sa douzième cravache d’or. Saint Martin au faîte de sa gloire. Une institution. C’est aussi un bon père de famille, Eric son aîné a choisi d’être jockey, il se fera un prénom aux États-Unis, à Hong Kong et en 1993, dans l’Arc de triomphe.
Mais revenons à Yves. En Juin 1978, en selle sur Acamas, Saint Martin remporte l’un de ses neuf Jockey Club. Un scénario à la Hitchcock. Sueurs froides à Chantilly. Dans le dernier tournant le cheval de Marcel Boussac semble être à la peine, Yves a juste le temps de le rééquilibrer pour revenir ajuster Frère Basile sur le fil.
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DURE SERA LA CHUTE
A la tête de l’écurie Classique de l’Aga Khan la succession est difficile.
Et c’est un jeune entraineur, Alain de Royer Dupré qui reprend la barre en vert et contre tous. Intelligent, calme, chaleureux, passionné, c’est le digne successeur. Il va faire fructifier l’héritage. Et permettre ainsi à Yves de remporter sa quinzième Cravache d’Or.
Encore deux coups d’éclat pour notre Golden Boy : un quatrième Arc de Triomphe avec Sagace et une victoire dans la Breeder’s Cup avec Lashkari.
1984, Saint Martin remporte le 25 Avril sa 3000e à Saint Cloud. Cette victoire a bien failli être sa dernière.
Une chute imprévisible dans un modeste réclamer d’ouverture le jour du Prix de Diane le laisse sur le carreau. C’est très grave.
Quatre vertèbres fracturées, deux dorsales, deux lombaires. Il a frôlé la paralysie.
Après deux mois et demi d’arrêt pour une rééducation pénible, Yves gagne ce nouveau combat.
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Août 1987 au début de ce meeting de Deauville Yves Saint Martin annonce son intention de descendre de cheval. De prendre sa retraite. Les courses françaises perdent plus qu’un jockey : une cravache en or. Pendant trente ans cet artiste a été le numéro 1 dans notre monde hippique. Voici le film de sa vie.
SALUT L’ARTISTE !
Saint Martin a remporté tous les grands classiques dans le monde à l’exception du Grand Critérium. Un trou dans son palmarès doré. Le 12 Octobre 1986 avec Danishkada, enfin, il y parvient. A partir de cet instant, il n’a plus rien à prouver. Il fera un dernier récital en Californie avec Last Tycoon. Il triomphera à Chantilly avec Natroun. En trente ans de carrière, il n’a jamais connu d’éclipse. Toujours au firmament. Il ne connaîtra pas non plus de déclin.
« Je crois qu’il est temps pour moi de me retirer sans amertume. Il faut savoir tourner la page… ».
Ainsi parle Yves Saint Martin en ce mois d’août 1987. Il a toujours compris que le départ pour un jockey était le début de la victoire. Mais l’essentiel n’est-il pas de savoir terminer une course ?
EPILOGUE YVES SAINT MARTIN
1987 – 2020 - Un record qui aura tenu 33 ans
33 ans. Il aura fallu plus d’une génération pour qu’un record d’Yves Saint Martin soit battu.
C’est celui du nombre de victoires pour un jockey établi en France.
Il aura fallu pour cela un jockey non moins extraordinaire, lui aussi avec un destin atypique et un caractère bien trempé : Christophe Soumillon.
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L'histoire de DNA : Merlin, l'enchanteur des parieurs
19/05/2020 - Grands destins
Votre conteur Thierry Grandsir a dépoussiéré son plus vieux grimoire pour retrouver une histoire datant de 3 siècles, celle du tout premier match officiel entre 2 chevaux de courses du nord du sud de l'Angleterre, remporté par Merlin et qui a provoqué un immense chaos politique dans tout le pays.
Deux cavaliers se croisent à la sortie d’un village anglais. La discussion tourne très vite autour des qualités de leur monture respective, chacun prétendant chevaucher l’animal le plus rapide. Un défi est lancé, une allocation est définie, des badauds se mêlent à l’affaire et engagent des paris. Gloire et richesse au premier qui atteindra le village suivant, le match peut commencer, la passion des courses vient de naître…
Les règles sont simples, le sport est pur, la réputation des grands vainqueurs traverse les comtés de l’Angleterre : le Nord et le Sud ont chacun leur champion. L’affrontement, inévitable et attendu de tous, attire les spectateurs par dizaines de milliers. Malheur au juge à l’arrivée s’il s’égare en désignant un vainqueur douteux, erreur à l’origine de quelques batailles sanglantes entre les deux camps. Des débordements évités avec la création du dead-heat : le match est nul, on en dispute un autre, voire un troisième, jusqu’à ce qu’un vainqueur se dégage. La guerre des Roses, blanche pour le Nord (York), rouge pour le Sud (Lancaster), fait rage.
Aux alentours de l’an de grâce 1702 se disputa, à Newmarket,la course qui décida de l’avenir de l’hippisme :le Merlin match. Le représentant de l’Angleterre du Nord, propriété de Sir William Strickland, était connu sous le nom de Merlin, ou Old Merlin, ou Strickland Merlin, ou Little Merlin…
Elevé par Sir Matthew Pearson dans le Yorshire, né entre 1694 et 1696 ou peut-être un peu avant, Merlin était considéré comme le meilleur coursier de son temps, bien qu’ayant été battu par l’excellent Bay Bolton, issu du même élevage que lui. Un Bay Bolton qui avait remporté sept victoires dont un high prize devant huit adversaires à Quainton Meadow, après avoir marché 320 km pour se rendre sur le champ de course…
L’adversaire de Merlin n’était pas nommé, usage courant à l’époque. On l’appelait Tregonwell Frampton Horse, du nom de son propriétaire Tregonwell Frampton, que l’on qualifiera plus tard de father of the turf (et qui entraînera les chevaux de l’Ecurie Royale). Un parieur invétéré qui n’hésitait pas à engager des sommes énormes sur ses chevaux, comme d’ailleurs sur ses combats de coqs, et qu’aucun scrupule ne pouvait tempérer : vainqueur d’un match avec son cheval Dragon face à une jument, le propriétaire de cette dernière, ruiné par la défaite, proposa à Tregonwell Framptonun quitte ou double dès le lendemain entre sa jument et« n’importe quel hongre du Royaume ». Tregonwell Frampton castra Dragon le soir même, pour remporter une nouvelle victoire fort rémunératrice le jour suivant. Le pauvre Dragon s’effondre trois foulées après le poteau…
Avant le Merlin match, les lads des deux champions se mirent d’accord pour effectuer un trial (course d’essai), histoire de leur faire découvrir le parcours. Le lad de Merlin ajouta en secret quelques kilos supplémentaires sur le dos de son cheval, sans savoir que le lad de son adversaire en avait fait autant. Le trial fut remporté par Merlin, de très peu. Chaque camp s’en retourna convaincu de détenir le futur vainqueur du match, et engagea des mises astronomiques.
Le match eut lieu comme prévu, et couronna le nordiste Merlin, facile vainqueur.Une chanson vantant ses mérites fut composée derechef, mais ce fut bien là la plus anecdotique des conséquences de la course.
Nombres de supporters du cheval du Sud connurent la ruine, au profit de ceux du Nord. Plusieurs comtés changèrent de main, entraînant un chaos politique retentissant dans tout le Royaume. C’en était trop, et les députés décidèrent de se réunir pour éditer un Acte du Parlement statuant sur le pari hippique : aucune somme supérieure à £10 ne sera dorénavant acceptée comme dette de jeu !
Merlin entra au haras en 1703 à Boynton (East Yorkshire) chez Lord Strickland et, sans devenir un grand étalon, il laissa derrière lui les juments-bases des Familles 26 et 55 et le bon reproducteur Castaway. Mais il est clair que son nom, symbolisé par le Merlin match, est passé à la postérité pour avoir été à l’origine du code des courses.
Une nécessité, histoire d’éviter par exemple la mésaventure survenue à Bajazet, disqualifié car son jockey s’était débarrassé de ses poids avant la course pour les reprendre juste avant le retour aux balances. S’ensuivit un duel entre son propriétaire et celui du second le lendemain à l’aube, Lord March ayant finalement la sagesse de présenter ses excuses. Et souvenons-nous de Little Driver qui, malgré trois heats successifs sur 6400 m face à Aarone n 1753, dut attendre quatre mois pour que sa victoire soit officiellement validée…
Le premier bookmaker connu fut Harry Ogden, qui officiait dans les années 1790. En 1845, le gaming act décréta que les seuls paris autorisés au Royaume Uni ne pouvaient concerner que les courses de chevaux, mais il fallut attendre 1961 pour que le gouvernement Britannique légalise les betting shops, et s’assure de l’honnêteté des bookmakers !
En France ? Notre bon roi François 1er, dans son infinie sagesse et par un édit de 1539, avait déjà imposé le monopole de l’Etat sur les jeux…
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