Equidia - Vers une fin de la médication aux USA ?
C'est un coup de tonnerre qui est tombé avec le communiqué du groupe Stronach, propriétaire de plusieurs hippodromes américains dont Santa Anita : les médications ne seront plus tolérées en course, notamment le Lasix, populaire aux États-Unis.
Par
Stella Bandinu le 15 mars 2019
C'est un écart de taille dans la compétition hippique entre les États-Unis et l'Europe que le domaine de la médication. Très encadré dans des pays comme la France, qui se plie au cahier des charges très strict de la Fédération Internationale des Courses Hippiques (IFHA), le sujet est plus souple sur le continent américain qui autorise notamment l'utilisation de Lasix en compétition, un diurétique qui a pour avantage d'empêcher le saignement des poumons en plein effort.
Un Breeders Cup 2019 sans Lasix ?
Si la pratique est courante au pays de Donald Trump, elle fait débat, notamment au moment de la Breeders' Cup, quand les meilleurs chevaux de la planète se rejoignent dans une nation aux règles sportives différentes. Si certains, comme l'entourage d'Enable au moment de sa victoire en 2018, font le choix de jouer avec les règles en vigueur, d'autres pointent du doigt une pratique anti-sportive qui fausse la donne. Et c'est sans doute cet énième argument anti-courses qui a fait réagir ce jeudi 14 mars 2019 le groupe Stronach, propriétaire de plusieurs hippodromes Nord-Américains à l'instar de Santa Anita, hôte de la prochaine édition de la prestigieuse Breeders' Cup.
Redorer l'image des courses américaines
Dans une lettre ouverte (cf tweet ci-dessus), Belinda Stronach, Présidente du Stronach Group indique que suite aux récents événements sur la piste de Santa Anita (l'utilisation de la piste a été suspendue suite au décès de 22 chevaux depuis le début de l'année), l'image des courses doit être redorée en passant, notamment, par la tolérance zéro pour les traitements des chevaux de courses les jours de compétition sur ses hippodromes de Santa Anita et Golden Gate Fields, deux des grands hippodromes californiens. Une mesure sans précédent sur le continent nord-Américain :
"Nous sommes arrivés à un moment décisif. Le groupe Stronach est depuis longtemps un ardent défenseur de l’abolition de la médication journalière, mais nous n’attendrons plus que l’industrie s’unisse pour instituer ces changements. Nous n'attendrons pas non plus la législation nécessaire pour entreprendre ce changement de paradigme. Nous prenons position et reconnaissons pleinement à quel point cela pourrait être perturbateur.
Ce mandat comprend une révision complète de la politique actuelle en matière de médication afin d'améliorer la sécurité de nos athlètes équins et humains et de renforcer l'intégrité de notre sport.
Ces révisions visent quelques unes des mesures les plus courantes dans le domaine hippique :
Interdire l'utilisation de Lasix
Renforcer l'interdiction des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des injections articulaires, du traitement par ondes de choc et des stéroïdes anabolisants
Exiger une transparence totale de tous les dossiers vétérinaires
Augmenter significativement les contrôles hors compétition
Augmenter le temps requis pour que les chevaux soient sur place avant une course
Procéder à un investissement substantiel du groupe Stronach dans des équipements de diagnostic pour aider à la détection précoce de conditions préexistantes
Interdire tout autre traitement que des médicaments thérapeutiques avec un diagnostic vétérinaire qualifié pour les sujets à l'entraînement. "
Vers une harmonisation mondiale des règles en compétition ?
Dans son communiqué, le puissant groupe hippique met l'accent sur la différence entre les règles hippiques américaines et celles de la fédération internationale. Ainsi, afin de tendre davantage vers une harmonisation mondiale, Belinda Stronach annonce ce jeudi 14 mars qu'en plus des thèmes de restriction de la médication et de réfection de ses pistes, son groupe entend également se pencher sur l'utilisation de la cravache :
"En outre, il est temps de répondre aux préoccupations croissantes concernant l'utilisation de la cravache. C'est un outil qui doit uniquement être utilisé comme mesure de sécurité corrective. Bien que nous croyons fermement que nos jockeys ne maltraitent pas délibérément leurs montures, il est temps de procéder à un changement.
Ces modernisations s’ajoutent à l’engagement précédemment annoncé consistant à faire appel en permanence à des experts externes pour examiner régulièrement nos parcours en gazon, dirt et turf afin d'en garantir la cohérence, la composition et le compactage pour créer les surfaces de course les plus sûres au monde."
Une volonté de tendre vers plus d'encadrement donc, au lendemain des incidents de ce début d'année à Santa Anita, que la Présidente du groupe a conclu de la sorte :
"Nous poursuivrons nos conversations quotidiennes avec les intervenants de l’industrie afin de définir ces directives de transformation. Mais ne vous y trompez pas : ces changements seront mis en œuvre. Le temps de discuter du "pourquoi" de ces progrès est terminé. La seule chose qui reste à discuter est «comment». Certains vont prendre position et nous dire que cela ne peut être fait. Pour eux, nous disons «la santé et le bien-être des chevaux seront toujours une priorité». Nous disons également: "non seulement on peut le faire, mais c'est ce que nous faisons". Courir à Santa Anita et Golden Gate est un privilège, ce n'est pas un droit."