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Qu’ont donc Ida Turbo, Ina Turbo et Illico Turbo pour susciter un tel émoi dans le milieu hippique ? Ces trois yearlings seront mis en vente, le 27 août à l’hippodrome d’Argentan et font beaucoup parler d’eux sur les champs de courses. Et pour cause ! Tous trois sont nés le 2 avril 2018, d’une même jument, à la suite d’une saillie de Bold Eagle, célèbre trotteur double vainqueur du Prix d’Amérique.
« Des juments qui mènent à terme une gestation gémellaire, c’est rare ; des triplés, c’est inédit, concède Arnaud Angéliaume, directeur des ventes de l’organisme Osarus. Mais les yearlings sont bien référencés, je m’en suis assuré auprès de l’IFCE [Institut français du cheval et de l’équitation] et du Trot. Je les ai vus : ils sont tous trois en parfaite santé, véritablement éligibles à la vente. »
Une enquête ouverte
Voilà une donnée qui n’apaise pas les doutes. « En gynécologie équine, des échographies sont réalisées en début de gestation pour déceler celles qui seraient gémellaires, explique le docteur Gilles Baratoux, vétérinaire associé au sein de la clinique équine de Meslay-du-Maine. La plupart du temps, on écrase alors l’un des deux embryons pour éviter que la jument n’avorte ou que des complications se présentent au moment du poulinage. »
Et s’il arrive qu’une jument mette au monde des jumeaux, « l’un est en général plus chétif que l’autre et risque de mourir peu de temps après sa naissance ».
L’éleveur aurait-il pris le risque de conserver trois embryons alors qu’une saillie de Bold Eagle dépasse les 20 000 € ? Guillaume Maupas, directeur technique de la Société d’encouragement du Cheval français (SECF- Le Trot), confirme l’ouverture d’une enquête, le 23 juillet : « Il n’y avait jamais eu, jusqu’ici, de triplés inscrits au stud-book du trot français. Là, ce qui crée l’émotion, c’est que ces modèles sont, en plus, conformes pour la vente. »
Transfert d’embryons
Selon Guillaume Maupas, il s’agit de « vérifier que l’inscription au stud-book des trois produits dits triplés est conforme à la réglementation ». Il développe : « On va demander à l’éleveur des éléments tangibles pour prouver qu’il n’y a pas eu de transfert d’embryons, ce qui n’est autorisé, en trot français, que dans des cas extrêmement rares et très encadrés. »
Il est formel : Bahama Turbo, la mère des triplés, n’a pas bénéficié d’une telle autorisation. « Au niveau des contrôles de filiation, en revanche, il n’y a aucun problème », ajoute le directeur technique de la SECF. Les trois yearlings sont donc bien issus de Bold Eagle et Bahama Turbo.
« Cette enquête ne sera vraisemblablement pas close, le 27 août, met-il en garde. Dans ces conditions, je ne peux que recommander la prudence aux investisseurs… » En cas d’irrégularité dans leur inscription au stud-book, les triplés de Bold Eagle pourraient tout bonnement en être rayés.
L’éleveur, qui avait dans un premier temps accepté de nous rencontrer, s’est ravisé.
Une double nationalité qui interroge
Comment expliquer qu’il ait fallu attendre la vente Osarus pour que le cas des triplés interpelle ? L’éleveur, basé dans l’Aisne, a bénéficié d’une convention entre la SECF et la Belgique pour l’inscription de poulains nés sur le territoire belge, issus de trotteurs français.
Dans le cas présent, ce sont des identificateurs belges qui ont effectué les premiers contrôles (selon une réglementation européenne), sollicitant ensuite auprès de la SECF des noms pour les poulains franco-belges. Le SIRE, la base de données tenue par l’IFCE, a ensuite reçu de la SECF une liste de poulains nés à l’étranger.
« Si la mère remplit les conditions exigées pour les trotteurs français, on procède à la création des poulains dans la base, justifie François Gorioux, délégué national courses auprès de l’IFCE. Je n’essaie pas de dédouaner l’IFCE mais les noms des triplés ne se suivaient pas, dans cette liste. »
L’anomalie ne sautait donc pas aux yeux : « En France, la moindre naissance gémellaire déclenche une alerte ; depuis l’étranger, ce n’est pas le cas… »
Cette naissance en Belgique visait-elle à brouiller les pistes ? Rien ne permet de l’affirmer : « Il s’agit d’un éleveur frontalier dont nombre de prestataires sont belges, plaide Arnaud Angéliaume. La double nationalité de ses chevaux lui permet de les faire courir en France et en Belgique. »
« L’enquête devra déterminer pourquoi un éleveur domicilié en France est passé par la Belgique, nuance malgré tout Guillaume Maupas. Nous lui avons posé des questions et à ce jour, certaines restent sans réponse. »
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