Ina du Rib, l'éclatante revanche supersonique
Que ce soit sur le plan sportif, ou bien humain, l'édition 2025 du Prix de l'Ile-de-France restera, à tout jamais, gravée dans les annales, en dépit de l'absence de marque de Joumba de Guez, sacrée reine des trotteurs montés dans le Cornulier. Un statut de reine que mérite aussi amplement Ina du Rib, sa dauphine dans la belle. Dans cette épreuve considérée comme la revanche du Cornulier, la représentante Rib sort une performance XXL, digne de son immense talent. Pour la première fois dans cette prestigieuse compétition, un vainqueur passe sous la barre des 1'10''. Ina du Rib affiche 1'09''6, égalant le temps référence des trotteurs montés établi par Hanna des Molles dans le Prix Paul Delanoë sur le même tracé (juin 2024). Par rapport à son aînée, elle est à créditer d'un chrono d'hiver, ce qui rehausse encore sa performance. Si la piste était meilleure en fin de réunion qu'au début (dégel), le rythme effréné imprimé par Joy Alissa était propice à faire tomber un record. En effet, la fille de Maharajah est flashée, à un instant, sur le pied de 1'03'' dans la descente ou encore à des pointes oscillant entre 1'09''/1'10'' dans la première partie de la montée. Une physionomie de course qui ne pouvait que servir la dure à cuire, Ina du Rib, qui a longtemps patienté à l'arrière du petit peloton. “Elle a été extraordinaire, savoure tout à sa joie, Jean-Loïc Dersoir. Sur ce parcours, elle a été prise de vitesse en partant, où elle a même bricolé dans les premiers mètres. Mais ensuite, ça s'est bien déroulé. J'ai pu prendre le dos d'Idéale du Chêne, qui m'a bien ramené. J'ai pu me rabattre à la fin du tournant final. Et à ce moment-là, elle a repris un départ pour gagner très facilement. Aujourd'hui, elle était même montée en condition sur son Cornulier.”
Sous les yeux de ses filles, de sa femme Carine et de son beau-père, l'entraîneur Joël Hallais, le pilote envoie tout son entourage au septième ciel. À 52 ans, à un âge qui paraît “canonique” pour un jockey, Jean-Loïc Dersoir, qui avait remporté pour la dernière fois cette épreuve avec Jomo du Rib en 2004, est toujours au top de sa forme physique et mentale. Exceptionnel. “Il faut aussi reconnaître que je monte moins souvent. Je suis pris par mon écurie et je laisse un peu ma place à mes enfants en compétition. Aussi, je n'ai pas d'agent, explique celui qui a été élu meilleur apprenti en 1990, un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Il me reste toujours deux ou trois bons chevaux montés, et ça, c'est du plaisir. Toutes les victoires de groupe I sont de grands moments. Mais quand on prend de l'âge comme moi (rires), on les savoure davantage, car on sait que l'on ne va plus en gagner beaucoup.” À son richissime palmarès monté, il ne manque au quadruple vainqueur de Cornulier qu'un seul classique, le Prix Jag de Bellouet (créé en 2022). Depuis des décennies, le jockey est en pleine osmose avec Joël Hallais, qui sait préparer aux petits oignons ses champions pour le jour J. “Il y a une émotion particulière de gagner entouré de toute sa famille, confie l'homme des Rib. En plus, c'est un réel plaisir de gagner avec une jument née à la maison. Ce qui est fabuleux, c'est d'avoir une jument au top après avoir été victime d'une tendinite au printemps.” À l'issue de ce succès, Ina du Rib devient la jument en activité ayant remporté le plus de groupes I avec Idéale du Chêne. Et elle n'a pas fini d'écrire son histoire. Prochainement, l'héroïne du jour pourrait être revue dans le Prix Henri Desmontils (Gr. I), le 1er mars. Paris Turf