Le Parisien - Bold Eagle veut vaincre le signe indien
Kévin Romain | 23 juin 2018,
Enghien, le 21 avril. La tête expressive du champion
Bold Eagle
Le meilleur trotteur français en activité ne s’est plus imposé à Vincennes depuis le 25 juin 2017, date de son 2e sacre dans le Prix René Ballière. Dimanche, il tentera de garder son titre et d’éteindre les doutes sur son niveau actuel. Décryptage de cette période délicate traversée par Bold Eagle et son entourage.
Imaginez l’équipe de France de Football, sacrée championne du monde, être incapable de s’imposer au Stade de France pendant un an. Inimaginable ! Pourtant, il s’agit de la situation vécue actuellement par le meilleur trotteur français, Bold Eagle, lequel n’a plus passé le poteau en tête dans le temple du trot, depuis le 25 juin dernier, date à laquelle il remportait le Prix René Ballière (Groupe I).
Les plus sceptiques diront que le cheval est sur le déclin. Un déclin logique avec l’âge, mais aussi expliqué par une opposition bien plus importante ces derniers temps. Les plus optimistes rétorqueront qu’il est le cheval à avoir engrangé le plus de gains en compétition depuis le début du meeting d’hiver, à Vincennes (620 000 €). Alors, où doit-on placer le curseur ?
Un comportement inquiétant
Outre, les résultats bruts de Bold Eagle, c’est son comportement avant les courses qui inquiète de plus en plus. Le fils de Ready Cash ne cesse de monter en pression, s’agace dans les minutes précédant le départ. A Cagnes-sur-Mer, le 11 mars, ou à Enghien le 21 avril, ce comportement n’a fort heureusement pas influé sur sa performance. « A Cagnes, il était vraiment intenable mais il a gagné », confie Franck Nivard, son driver. Seul problème, ce trait de caractère lui a complètement fait « perdre les pédales » lors de l’Elitloppet, l’équivalent du Prix d’Amérique suédois. Résultat, le cheval s’est montré fautif pour aborder le premier tournant. « Finalement, c’est un mal pour un bien, explique Franck Nivard. Je ne pense pas que ce soit un cheval fait pour courir en batterie, même si j’avais remporté la première manche. » Le driver manchois ajoute une autre explication : « Son père était un peu le même. Il était assez bouillant dans son caractère. Avec l’âge, il était également un peu moins lutteur. »
Une perte de contrôle
Si l’attente est énorme autour du champion de Pierre Pilarski, c’est tout simplement car son entourage l’a annoncé comme un cheval hors du commun. Ainsi, passer tout un hiver sans vaincre pose évidemment quelques interrogations (il a signé six accessits d’honneur, NDLR). Et son échec dans l’Elitloppet n’a fait qu’accentuer les doutes à son sujet. Cette situation a également mis en évidence un manque de contrôle de la part de son entourage. A l’image du champion, plus personne n’affiche de la sérénité. Après sa victoire à Enghien, Sébastien Guarato n’a pas hésité à critiquer ouvertement la drive de Franck Nivard alors que ce dernier a temporisé au maximum pour donner du moral à Bold. « Il aurait mieux fait de se taire ce jour-là », confie un proche du cheval. Et les sorties publiques de Pierre Pilarski, le propriétaire, dans les défaites comme dans les victoires ne semblent plus aussi naturelles et contrôlées que lors des grandes heures de son champion. « Je suis déçu et inquiet », indiquait-il après la deuxième place de Bold dans le Prix de Belgique, cet hiver. Surprenant.
Gagner pour la confiance
Dimanche, l’entourage de Bold Eagle aura la pression au départ du Prix René Ballière. Un nouvel échec du meilleur trotteur français serait une terrible désillusion pour ses supporters. Et ce ne sera pas une partie de plaisir face à Belina Josselyn et Bird Parker. « Il y a un an, je vous aurais dit que je n’ai peur de personne, rétorque Franck Nivard. Mais aujourd’hui, c’est un peu différent. Le cheval a pris de l’âge et il n’est plus aussi fort qu’il ne l’a été. » Un aveu qui explique peut-être la tension ressentie autour du cheval.