Le laboratoire antidopage français suspendu par l'AMA

L'Equipe - Le laboratoire antidopage français suspendu par l'AMA à cause d'une contamination d'échantillons

Publié le mardi 26 septembre 2017 à 18:51 | Mis à jour le 26/09/2017 à 19:45

Le laboratoire antidopage français de Châtenay-Malabry a été suspendu par l'Agence mondiale antidopage, après une contamination d'échantillons. Des prélèvements sur des bodybuilders chargés en stéroïdes seraient à l'origine de cette contamination.


Le laboratoire antidopage français a été suspendu par l'AMA. (MANTEY/L'Equipe)

Le laboratoire antidopage de Châtenay-Malabry, le seul en France, qui a traité environ 13 500 échantillons en 2016, a été suspendu par l'Agence mondiale antidopage (AMA) dès dimanche dernier. Dans son communiqué, l'AMA évoque «des problèmes liés aux analyses».

Une machine contaminée par des échantillons de bodybuilders

L'AFP révèle en fait que des prélèvements sur des bodybuilders chargés en stéroïdes, récoltés après une opération d'envergure dans le milieu du culturisme au printemps dernier, auraient contaminé un robot d'analyse. La concentration en stéroïdes de certains échantillons était telle, jusqu'à 200 fois supérieure à un contrôle positif classique, qu'elle a contaminé une machine, malgré les procédures de nettoyage habituelles. Et deux échantillons, analysés avec ce robot, se sont retrouvés positifs aux stéroïdes, comme l'a expliqué Mathieu Teoran, secrétaire général de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), à l'AFP. Des résultats biaisés qui ont conduit à cette suspension par l'AMA.

Selon l'AFLD, «dès que l'AMA aura vérifié que tout risque a bien été éliminé, la suspension sera levée»

Selon l'AFLD, «les actions correctives appropriées ont été immédiatement prises et l'ensemble des échantillons potentiellement concernés ont fait l'objet de nouvelles analyses, qui n'ont révélé aucune autre anomalie». «Aucun sportif n'a été sanctionné à tort» du fait de l'incident, insiste l'agence française, qui se veut rassurante: «dès que l'AMA aura vérifié que tout risque a bien été éliminé, la suspension sera levée».

En attendant, le laboratoire de Châtenay-Malabry, situé en région parisienne, ne pourra plus mener d'analyses antidopage tant que l'AMA ne l'autorisera pas à nouveau. «La suspension provisoire sera maintenue en attendant l'engagement de procédures disciplinaires par un comité disciplinaire indépendant. Celui-ci sera chargé de faire des recommandations au président du Comité exécutif de l'AMA sur le statut d'accréditation du laboratoire par l'AMA», poursuit cette dernière dans son communiqué. Les activités de contrôle et de prélèvement de l'AFLD peuvent se poursuivre mais les échantillons seront analysés à l'étranger, dans l'un des autres labos accrédités par l'AMA.

Un coup dur pour l'antidopage français

Une telle mesure de suspension de la part de l'AMA n'est pas un fait rarissime, mais il s'agit d'un coup dur pour l'antidopage français, deux semaines après la désignation de Paris comme ville hôte des jeux Olympiques d'été 2024. En pointe dans la lutte contre le dopage dans les années 90 et 2000, le laboratoire de Châtenay-Malabry, reconnu pour avoir mis au point le premier test contre l'EPO, a peiné ces dernières années pour se maintenir au sommet.

L'incident va aussi reposer la question des moyens de l'AFLD et de son laboratoire, qui emploie une quarantaine de personnes. Dans son rapport d'activités 2016, rendu public en juin, l'agence souligne qu'«elle a dû faire face à une forte tâche dans un contexte budgétaire très contraint». Son président, Bruno Genevois, qui a depuis passé la main à Dominique Laurent, avait alors insisté sur la «nécessaire modernisation» du laboratoire de Châtenay-Malabry.

Avec AFP