Equidia - Mort de Coktail Jet : la fin d'un règne
Avec la mort de Coktail Jet survenue jeudi 13 décembre à l'âge de 28 ans, c'est plus qu'un cheval de course hors norme que la planète Turf a perdu, c'est également un immense reproducteur. Retour sur la carrière de ce crack.
Par
Frédéric Hawas le 18 décembre 2018
L'histoire s'est terminée le jeudi 13 décembre.
Coktail Jet, 28 ans, s'ést éteint suite à une défaillance cardiaque liée à son âge. Il a bien vécu. Crack aussi bien sur les pistes qu'au haras, il a marqué de son empreinte l'histoire des courses.
Coktail Jet, c'était la classe, l'élégance, une vitesse de base hors du commun, un palmarès rare.
Un fabuleux doublé Amérique-Elitloppet en 1996 !
Coktail Jet, c'est 24 victoires en 63 courses, 8 au plus haut niveau et un compte en banque qui frôle les 2 M€ de gains. Après avoir été qualifié en juillet de ses 2 ans et avoir débuté quasiment un an plus tard à Amiens (2e), il se hisse peu à peu au niveau des meilleurs de sa promotion à l'âge de 4 ans. C'est d'ailleurs cette année là , en 1994, qu'il s'adjuge son tout premier Groupe 1, en Italie, dans le Grand Prix d'Europe à Milan. Jusque là plutôt préservé, il continue sa montée en puissance à 5 ans, épinglant 3 Groupes 1 la même année, son premier sur le sol français étant le Prix René Ballière face aux vieux. 1996 sera la consécration. Il gagne 4 des 6 Groupes 1 auxquels il prend part. Il connait le graal en remportant le Prix d'Amérique, s'imposant de bout en bout, une tactique qu'il n'a que très rarement adoptée.
Au micro de Bruno Diehl, Jean-Etienne Dubois, qui connait la gloire avec
Coktail Jet à seulement 26 ans, est particulièrement ému.
A cette époque là , il n'y a qu'une semaine entre l'Amérique et le Prix de France. Cela n'empêche pas le représentant de la célèbre casaque Wildenstein de doubler la mise, malgré une belle résistance d'Arnaqueur. S'il ne prend que la 6e place du Critérium de Vitesse de Cagnes ensuite, il se rachète dans le Prix de l'Atlantique avant de gagner l'Elitloppet. Qualifié in extremis dans la batterie dans laquelle il termine 4e, il hérite du numéro 7 dans la finale. Dernier toute la course, il fournit une fin de course extraordinaire, réalisant quelque chose de presque impossible sur cette piste technique de Solvalla.
En réalisant le doublé Amérique-Elitloppet la même année,
Coktail Jet devenait le 6e cheval de l'histoire à réaliser cet exploit. Depuis 1996, seul
Varenne a réussi à l'imiter (2001 et 2002).
Crack Ă©galement au haras
A l'issue de sa 6e place dans le Prix de France 1997, Jean-Etienne Dubois met un terme à la carrière de son champion. Il entre définitivement au haras. Ses premiers produits sont les "I" et
Island Dream, entrainée et drivée par Jean-Pierre Dubois, lauréate du Prix Capucine (Prix Albert Viel désormais) en 1999, est son premier rejeton gagnant de Groupe 1. Jean-Pierre Dubois est d'ailleurs celui qui avait acheté
Quouky Williams, le père de
Coktail Jet, voyant sans doute en ce fils de
Fakir du Vivier un bon potentiel d'étalon. La mère de
Coktail Jet n'est, en revanche, pas française mais canadienne. Elle se nomme
Armbro Glamour et Jean-Etienne Dubois s'était rendu acquéreur de cette fille de l'étalon américain
Super Bowl lors d'une vente aux enchères Outre-Atlantique.
En France,
Coktail Jet est le père de 1732 chevaux (ceux nés en 2017 et 2018, les "H" et "I", ne sont pas comptés) dont 1263 ont été qualifiés, soit 73 %. 17 de ses rejetons français ont gagné au niveau Groupe 1, 28 au total si l'on élargit au continent européen. 6 d'entre eux ont franchi le million d'€ de gains : le futur grand étalon
Love You,
The Best Madrik,
Naglo,
Yarrah Boko,
Magnificent Rodney et
Kerido du Donjon. Il a fini tête de liste des étalons en France à 7 reprises (2002, 2003, 2004, 2007, 2009, 2010, 2011). Ses derniers seront les "J". Ceux qui naîtront en 2019.