Comme c’est bientôt le prestigieux C5 , voici le récit de la victoire de Kenya Du Pont (Baccara Du Pont) dans cette épreuve en 2003 , il évoluait au sein d’une génération incroyable :
Kiwi , Kaisy Dream, Kesaco Phedo, Kérido Du Donjon , Kiss Mélody , Koréan, plus tardifs me semble t’il : Kool Du Caux , Kazire De Guez
Paris Turf :
Parmi les vainqueurs inattendus du Critérium des 5 Ans, Kenya du Pont mérite d’être cité pour plusieurs raisons. En 2003, le fils de Baccarat du Pont s'est imposé à 64/1 à l'issue d'une tranchante fin de course. Autre particularité, son pilote David Janvier venait battre son père Jean-Luc, disparu depuis, au sulky de Kérido du Donjon, beaucoup plus en vue ce jour-là. Le grand favori Kiwi venait d'aligner sept succès, dont la dernière préparatoire, le Prix Jockey. Venu prendre le commandement dans la descente, après avoir été contré par Késaco Phédo, lui aussi très joué, le partenaire de Jos Verbeeck se voyait ensuite constamment sous la pression de son rival, rapidement revenu à son extérieur. Les deux compères s'étant quelque peu tirés la bourre, ils marquèrent le pas dans la ligne droite au contraire des attentistes qui se taillaient finalement la part du lion. Patient à mi-peloton, Kenya du Pont avait été ramené sur un plateau par son compagnon d'entraînement Kérido du Donjon, venu prendre l'avantage à mi-ligne droite. Bien que paré du maillot à pois, casaque de son propriétaire Christian Cavanna, c'est au sprint que le petit trapu bai brun foncé a filé au poteau. Vingt ans plus tard, David Janvier, âgé de 19 ans lors de ce sacre, s'en souvient comme si c'était hier : “Ce succès restera évidemment gravé à vie dans ma tête. La victoire est encore plus belle lorsqu'elle est inattendue. Kenya du Pont était le sparring-partner de Kérido du Donjon à l'écurie. Il faisait le leader et se faisait déborder par son copain en fin d'exercice. Il n'était même pas engagé dans ce groupe I une semaine auparavant. Ce n'est qu'après sa deuxième place à Graignes, le samedi précédent, que nous avons pris la décision de le courir. Le règlement venait juste de changer et nous pouvions, comme aujourd'hui, engager à sept jours. De mon côté, je venais de passer professionnel avec trente-cinq victoires à l'époque et j'avais repris la compétition un mois plus tôt, après m'être cassé le poignet au printemps”.
Un scénario de rêve
On dit souvent qu'il faut que toutes les planètes soient alignées pour gagner et c'était le cas ce 30 août 2003. Voilà Kenya du Pont propulsé sur le devant de la scène après un scénario rêvé par les Janvier. “Entre échafauder un plan avant la course et réussir à le mettre à exécution, il y a une grande différence, surtout dans un Critérium. Kérido du Donjon faisait partie des meilleurs de sa promotion. Il avait notamment remporté le Prix du Président de la République au trot monté mais aussi été deuxième du Critérium des 4 Ans et du Continental, devancé à chaque fois par Korean. Kenya du Pont était un bon petit cheval, très rapide, mais il n'avait pas les titres de la plupart de ses rivaux. Il savait sprinter lorsqu'on lui masquait l'effort. Comme nous n'avions pas de pression, j'ai rapidement dirigé mon partenaire vers la corde. Kiwi et Késaco Phédo ont accéléré en descendant et des espaces se sont créés. J'ai pu alors sauter dans la roue de mon père au sulky de Kérido du Donjon. Les rôles étaient inversés. Kérido allait aujourd'hui faire le leader pour Kenya. J'ai vite senti que nous allions prendre un chèque mais au fur et à mesure de la course, je voyais le chèque grossir. Les animateurs avaient fait beaucoup de train et commençaient à faiblir. Kérido a pris l'avantage à mi-ligne droite et je n'ai eu qu'à décaler Kenya pour qu'il sprinte comme il savait le faire. Il a sûrement débordé Kérido du Donjon qui devait, une fois de plus, se contenter du premier accessit dans un groupe I. Au passage du poteau, j'étais sur une autre planète. Mon père n'était pas du genre expressif mais il a levé le bras, comme l'a fait Jean-Michel Bazire lorsque son fils Nicolas a gagné le Prix d'Amérique.”
De professionnel... à apprenti !
“Dans les balances, nous sommes tombés dans les bras l'un de l’autre. Je venais d'avoir dix-neuf ans et je remportais l'une des plus belles courses au trot en France en devançant mon père. Je ne pense pas que d'autres professionnels ont réussi le couplé père et fils. Je crois même que je suis le plus jeune lauréat de groupe I à l'attelé. Pour la petite histoire, c'était mon premier succès à Vincennes. Je suis conscient que j'ai eu une chance inouïe. On aurait pu recourir la course vingt fois et jamais je ne l'aurais gagnée. Alors nous avons arrosé ça comme il fallait en famille et avec son propriétaire. Autre fait amusant, un nouveau règlement a été mis en place peu de temps après ce succès. Il fallait désormais avoir gagné cinquante courses pour passer dans le rang des professionnels. Kenya du Pont m'avait offert mon quarantième succès et je pouvais de nouveau participer aux épreuves pour apprentis… Je suis passé, pour la seconde fois, professionnel au printemps suivant, à l'issue d'une journée également mémorable puisque je réalisais un coup de quatre à Lisieux. Je souhaite à tout le monde de connaitre la joie que procure une victoire dans un groupe I. J'étais sans doute trop jeune pour l'apprécier à sa juste valeur mais aujourd'hui je sais à quel point j'ai eu de la chance