voici l'article (complet) évoqué plus haut par JP Argos dans paris turf
"Quand il prenait les rênes de la région en octobre 1976, Yann Després avait à gérer cinquante-trois sociétés de courses, avec chacune leur hippodrome. Fin 1989, l’heure était venue pour le président de la fédération Anjou-Maine Centre-Ouest de dresser le bilan de sa mandature. Il s’était exprimé en ces termes : “Aujourd’hui, il existe quarante-deux sociétés de courses et cette évolution n’est pas finie…” Tels étaient les propos d’un homme visionnaire. Si onze “champs” avaient été rayés de la carte en l’espace de treize ans, l’exercice 2018 a démarré avec un paysage encore plus clairsemé, puisque huit nouveaux sites ont disparu…provisoirement ou définitivement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dix-neuf hippodromes ont donc cessé de vivre depuis un peu plus de quarante ans, soit plus du tiers (35 %). Un nombre conséquent pour une seule fédération animée par six départements.
Avec le recul, je mesure la chance d’avoir grandi dans le Segréen si riche en manifestations hippiques. Dans un rayon de quarante à cinquante kilomètres, mon père n’avait que l’embarras du choix pour la sortie du dimanche. Issu d’une famille passionnée par le galop, l’obstacle principalement, la sélection s’opérait automatiquement. Pour cette raison, je n’ai pas eu le privilège d’assister aux nocturnes trotteurs de Longué, le seul “éclairage” dans le Maine-et-Loire. L’ambiance n’était pas triste, paraît-il. Notre “dada” ? Le cross-country. Châtelais et son passage de route. Quel plaisir de voir Nicto, la vedette locale, descendre les “montagnes”. Plus au nord, le rendez-vous de Saint-Saturnin-du-Limet était lui aussi incontournable, avec les batailles inoubliables entre les Peltier, les Foucher et les Bonsergent. Saint-Denis-de-Gastines avait ses adeptes. La Mayenne a particulièrement “trinqué”. Ambrières-les-Vallées et Cossé-le-Vivien ont corsé l’addition. Au sud de la Loire, les gués de Thouarcé et de Nueil-sur-Layon suscitaient une curiosité bien légitime. Sur les bords de la Sarthe, Châteauneuf était le terrain de jeu favori de Vieux Doussay, le fer de lance de Claude Pellerin. La périphérie d’Angers n’a pas été épargnée avec les suppressions de Feneu, la commune de Gérard Margogne, du Louroux-Béconnais, un autre lieu où se cotoyaient sauteurs et trotteurs. Le secteur des Mauges a lui aussi été visé. Adieu Le May-sur-Evre, adieu Montrevault. Même les coins les plus excentrés ont été affectés. Beaumont-sur-Sarthe, La Ferté-Bernard, Charroux et Richelieu ont connu leurs heures de gloire. Après avoir soufflé un peu, le temps des sanctions a refait son apparition. Réputé pour son collège disciplinaire, Combrée a été amputé de sa réunion annuelle. Je me souviens encore de l’époque où deux grandes manifestations affichaient complet le même dimanche dans le 49 : la fête des moissons à Angrie et les courses de Combrée. Et puis le petit dernier…Château-Gontier, plein comme un œuf depuis que les organisateurs avaient opté pour l’entrée gratuite. Depuis 2015, son nom a été effacé.
Heureusement pour les bénéficiaires, toutes ces courses ont été transférées sur d’autres sites, afin d’assurer les allocations aux propriétaires de chevaux. L’heure est à la reconquête du public. Pas facile… Des hippodromes, qui avaient l’opportunité de courir aux beaux jours, ont rendu les clés. Il est bon de le rappeler. Le spectacle des courses est avant tout un loisir de plein air. Les sites fermés étaient pour la plupart pluri-disciplinaires. Les turfistes, en particulier ceux de l’Ouest, affectionnent les trois spécialités : trot, plat et obstacle. Les affluences de Craon et Beaupréau le confirment. Pour conclure avec la question formulée dans notre titre, la réponse est oui. Comment pourrait-il en être autrement ? L’organisation d’une réunion de courses a un coût : entretien des pistes, des obstacles, le personnel, les techniciens… Alors la survie d’un hippodrome qui n’accueille aucune journée Premium est plus que jamais en danger. On se retrouve dans dix ans pour faire le point…"