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www.sciencesetavenir.fr/sante/trois-mill...r#Echobox=1599751307Trois millions de dollars pour avoir découvert les neurones de l'instinct parental
La neurobiologiste française d'Harvard Catherine Dulac a reçu jeudi un prix scientifique américain doté de trois millions de dollars, le Breakthrough Prize, pour avoir découvert où se trouve l'instinct parental dans le cerveau de la souris, une percée qui aidera peut-être un jour à mieux comprendre les rôles adoptés par les mammifères, dont les hommes et les femmes.
Les lauréats 2021 du riche prix créé par des entrepreneurs de la Silicon Valley ont été annoncés jeudi. Six autres scientifiques ont été récompensés en sciences de la vie, physique fondamentale et mathématiques, et recevront trois millions de dollars chacun pour des travaux considérés comme des "percées" (le sens de "breakthrough" en anglais). La somme est le triple de celle du prix Nobel.
Catherine Dulac est professeure et directrice de laboratoire à Harvard et à l'institut médical Howard Hughes, et l'oeuvre récompensée est d'avoir identifié les circuits de neurones du cerveau qui, instinctivement, dictent à une souris femelle de généralement prendre soin des souriceaux, et au mâle de les attaquer, selon les circonstances (le comportement infanticidaire est typique des mâles).
Sa contribution majeure est d'avoir montré que mâles et femelles ont chacun en eux les circuits comportementaux des deux sexes: la différence est que leurs hormones activent l'un ou l'autre des circuits, comme un interrupteur. Parfois, c'est l'autre circuit qui s'active, conduisant par exemple une mère stressée à tuer ses petits ou, encore plus spectaculaire, un mâle à s'occuper de sa progéniture lorsqu'il devient père.
"On pense que ce qu'on a trouvé peut s'étendre à d'autres espèces" dont les humains, dit à l'AFP Catherine Dulac, 57 ans, installée depuis 25 ans aux Etats-Unis.
"Il y a un instinct, et l'instinct, c'est justement le fonctionnement de ces neurones, qui sont --je parie-- dans le cerveau de tous les mammifères et disent à l'animal, quand il y a des signaux sur la présence de nouveaux-nés: +Tu dois t'en occuper+", poursuit la scientifique.
- Questions transgenres -
Ces travaux de recherche fondamentale, bien que limités à la souris comme Catherine Dulac le souligne avec insistance, intéressent évidemment tous ceux qui travaillent sur les questions transgenres, puisque Mme Dulac dit: en chacun, le câblage masculin et féminin existe (du moins chez les souris!).
Familles ou alliés de personnes transgenres l'interpellent régulièrement pour la remercier. "Je suis une scientifique, je regarde les données, je suis neutre", dit-elle, mais elle admet: "Ca me touche énormément".
"Là on se dit: j'ai été utile".
Quant à l'argent du prix, elle confie qu'elle en donnera une partie à des causes liées à la santé et l'éducation des femmes et populations défavorisées.
Originaire de Montpellier, passée par Normale Sup, elle était partie aux Etats-Unis après son doctorat avec la ferme intention de revenir ensuite en France.
"Mais mon post-doc a très bien marché, et j'ai eu des opportunités pour avoir mon propre labo aux Etats-Unis, et je n'ai eu aucune opportunité d'avoir mon propre labo en France. Là je me suis vraiment heurtée à une espèce de comportement paternaliste à la con, si je puis m'exprimer ainsi, où les gens disaient: +Oh vous êtes beaucoup trop jeune pour avoir votre propre budget, vous n'avez pas assez d'expérience pour être indépendante+".
Catherine Dulac a donc choisi Harvard et fait sa vie là -bas, obtenant in fine la double nationalité.
Elle estime que les Etats-Unis ont des années d'avance sur la France pour promouvoir activement l'égalité hommes-femmes, mais régulièrement, dans les conférences, elle raconte être sous-estimée, ou prise de haut, dans des conversations, par des collègues hommes.
"C'est agaçant, on ne s'attend pas à ce que moi, j'aie quelque chose d'intéressant à dire", relève la professeure Dulac, soupirant face à ce qui ressemble fort à un instinct de ses collègues mâles.
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Le Britannique Michael Houghton et les Américains Harvey Alter et Charles Rice ont été récompensés, lundi 5 octobre, par le prix Nobel de médecine pour « la découverte du virus de l’hépatite C ».
Ce prix vient ainsi couronner la « contribution décisive » du trio de virologues à la lutte contre une maladie considérée comme « un problème de santé mondial majeur, qui provoque la cirrhose et le cancer du foie », a déclaré le jury Nobel le matin de l’annonce. L’hépatite C cause 400 000 décès chaque année sur la planète, selon l’Organisation mondiale de la santé (estimation de 2016), et on estime que 71 millions d’individus sont porteurs chroniques de cette infection virale.
Le virus se transmet par le sang. « Les modes d’infection les plus courants passent par l’exposition à de petites quantités de ce liquide, notamment lors de la consommation de drogues injectables, de pratiques d’injection à risque, de soins de santé à risque, de la transfusion de sang et de produits sanguins n’ayant pas fait l’objet d’un dépistage ou de pratiques sexuelles entraînant une exposition au sang », précise l’OMS.
« Réalisation historique »
A la fin des années 1970, explique le jury, Harvey Alter avait identifié le fait qu’une contamination hépatique mystérieuse, qui n’était ni l’hépatite A ni l’hépatite B, avait lieu lors de transfusions. Puis, en 1989, Michael Houghton et son équipe furent crédités de la découverte de la séquence génétique du virus.
Charles Rice a quant à lui décortiqué pendant de longues années la façon dont le virus se répliquait – des travaux qui ont conduit à l’émergence d’un nouveau traitement révolutionnaire au tournant des années 2010, le sofosbuvir. « Il a apporté la preuve finale que le virus de l’hépatite C pouvait provoquer à lui seul la maladie », a souligné Patrik Ernfors, le président du comité, à qui revient le choix des lauréats. Leur travail « est une réalisation historique dans notre lutte continue contre les infections virales », a noté Gunilla Karlsson Hedestam, membre de l’assemblée Nobel, qui décerne le prix.
« Ils m’ont réveillé vers 4 h 15 du matin, a réagi à la radio publique suédoise Harvey Alter, qui devient, à 85 ans, un des lauréats les plus âgés du Nobel de médecine – l’âge record étant de 87 ans). Je n’avais même pas réalisé que c’était aujourd’hui. C’est époustouflant. »
Le prix est le premier directement lié à un virus depuis 2008. En 1976, le Nobel était déjà allé à des travaux sur l’hépatite B.
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Le prix Nobel de physique a été décerné, mardi 6 octobre, au chercheur britannique Roger Penrose, à l’Allemand Reinhard Genzel et à l’Américaine Andrea Ghez.
Roger Penrose, 89 ans, a été récompensé pour avoir découvert « que la formation d’un trou noir [était] une prédiction solide de la théorie de la relativité générale », tandis que Reinhard Genzel, 68 ans, et Andrea Ghez, 55 ans, ont été récompensés pour « la découverte d’un objet compact supermassif dans le centre de notre galaxie », a expliqué le jury Nobel en annonçant le prix à Stockholm.
Andrea Ghez a dit « prendre très au sérieux » le fait de devenir la quatrième femme à remporter un prix Nobel de physique – le plus masculin des six prix scandinaves (moins de 2 % de lauréates). « Je suis ravie de pouvoir servir de modèle pour les jeunes femmes qui envisagent d’aller vers ce domaine », a-t-elle réagi auprès de l’Agence France-Presse (AFP).
Le trou noir, « on ne sait pas ce qu’il contient, on n’en a aucune idée, c’est pourquoi c’est aussi exotique, ça fait partie de l’intrigue, ça pousse les limites de notre compréhension », s’est-elle enthousiasmée, jointe par téléphone par la Fondation Nobel.
Roger Penrose, 89 ans, a utilisé la modélisation mathématique pour prouver dès 1965 que les trous noirs pouvaient se former, devenant ainsi une entité à laquelle rien, pas même la lumière, ne peut échapper. Ses calculs ont prouvé que les trous noirs sont une conséquence directe de la théorie de la relativité générale d’Einstein.
Depuis le début des années 1990, ses colauréats Reinhard Genzel, 68 ans, et Andrea Ghez, 55 ans, ont eux mené des recherches sur une zone appelée Sagittaire A* au centre de la Voie lactée. En utilisant les plus grands télescopes du monde, ils ont découvert un objet extrêmement lourd et invisible – environ 4 millions de fois plus grand que la masse de notre Soleil – qui tire sur les étoiles environnantes, donnant à notre galaxie son tourbillon caractéristique.
Les trous noirs supermassifs sont une énigme de l’astrophysique, notamment sur la façon dont ils deviennent aussi gros. Leur formation est au cœur des recherches en astrophysique moderne. Les scientifiques pensent qu’ils dévorent, à une vitesse folle, tous les gaz émis par des galaxies très denses qui les entourent. Comme ils sont invisibles, on ne peut les voir que par contraste, en observant les phénomènes qu’ils suscitent dans leur proche environnement. Une première image révolutionnaire avait été révélée au monde en avril 2019.
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Le prix Nobel de chimie est attribué à la Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna pour leur découverte de la technique de modification du génome appelé Crispr-Cas9. Elles sont les sixième et septième femmes à remporter un Nobel de chimie depuis 1901. La généticienne française espère apporter «un message très fort» aux jeunes filles, avec ce prix remporté pour la première fois par un duo 100% féminin.
Génie génétique
Cette technique est celle que le génie génétique attendait pour tenir toutes ses promesses. En effet, avant 2012, l’insertion d’un gène dans un génome restait aléatoire et peu fiable. Crispr-Cas9 est très, très spécifique. Elle permet de couper l’ADN à un endroit précis.
Les deux chercheuses ont déjà reçu plusieurs prix, comme le Breakthrough Prize (2015), le prix scientifique de la Princesse des Asturies (2015) ou encore le prix Kavli pour les nanosciences en Norvège (2018).
Depuis leur découverte, publiée dans Science, la technique s’est répandue dans tous les laboratoires de biologie moléculaire. Parfois pour le pire. L’annonce, en novembre 2018, de la naissance des premiers bébés humains génétiquement modifiés en Chine par He Jiankui, professeur d’université à Shenzhen, repose sur la technologie Crispr.
DĂ©couverte
Cette découverte vient de l’observation des bactéries. Celles-ci ont dans leur génome des séquences bizarres. Comme si la même séquence palindromique était répétée plusieurs fois. Elles sont appelées Crispr pour «Clustured Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats» [courtes séquences répétées palindromiques, regroupées et régulièrement espacées, ndlr].
Les chercheurs se sont ensuite aperçus que les séquences Crispr qui encadraient des séquences étaient identiques à celles de certains virus infectant les bactéries. Mieux, si une bactérie a la séquence d’un virus dans ses séquences Crispr, elle est immunisée contre celui-ci.
Schématiquement, si le virus l’infecte, la bactérie reconnaît l’ADN de l’assaillant. La bactérie traduit la séquence Crispr en ARN. Cet ARN s’allie avec une protéine spécialisée dans la découpe d’ADN (appelée Cas) puis se fixe sur l’ADN du virus et Cas le découpe. Si ce n’est plas clair, Emmanuelle Charpentier a présenté sa découverte lors de son élection à l’académie des sciences en 2018.
Tout le travail depuis 2012 a été de détourner ce système immunitaire bactérien pour couper où l’on veut l’ADN que l’on veut. Jennifer Doudna et Emmanuelle Charpentier concluaient leur article de manière prémonitoire : «Nous proposons une méthode alternative basée sur des Cas9 programmée par ARN avec un potentiel considérable pour des applications d’édition de génome et de ciblage de gène».
«La santé de la recherche en France n’est pas au mieux»
Emmanuelle Charpentier est née à Juvisy-sur-Orge (Essonne), mais elle ne travaille plus en France depuis l’obtention de son doctorat en 1995. Etats-Unis, Autriche, Suède et maintenant Allemagne, elle a travaillé dans des institutions prestigieuses internationales. Elle dirige aujourd’hui l’Institut Max Planck de Berlin.
Elle donnait son avis sur la recherche française dans l’Express en 2016 : «La santé de la recherche en France, comme dans d’autres pays européens, n’est pas au mieux et je suis touchée, voire déprimée, lorsque j’en discute avec mes collègues français. Je ne sais pas si, étant donné le contexte, j’aurais pu mener à bien le projet Crispr-Cas 9 en France. Si j’avais fait une demande de financement, il est probable que l’Agence nationale de la recherche n’aurait pas alloué de fonds à mon projet. On parle de fuite des scientifiques, les fameux "cerveaux", mais il y a un nombre incroyable d’excellents chercheurs qui n’ont pas quitté la France.»
Une déclaration qui n'empêche pas la récupération politique par le gouvernement. Dans son tweet de félicitations, le Premier ministre nie l'évidence et considère que ce prix «consacre, à nouveau, l’excellence et l’attractivité internationale» de la recherche française.
Olivier Monod avec AFP
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Le prix Nobel de la paix a été décerné, vendredi 9 octobre, au Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.
Le PAM est récompensé pour « ses efforts de lutte contre la faim, pour sa contribution à l’amélioration des conditions de paix dans les zones touchées par les conflits et pour avoir joué un rôle moteur dans les efforts visant à empêcher l’utilisation de la faim comme arme de guerre », a déclaré la présidente du comité Nobel, Berit Reiss-Andersen.
L’ONU distinguée pour la douzième fois
Un porte-parole de l’ONU a fait part d’un « moment de fierté ». Le Programme alimentaire mondial (PAM) est « très honoré » d’avoir reçu le prix Nobel de la paix vendredi, a déclaré son directeur exécutif, l’Américain David Beasley : « C’est une formidable reconnaissance de l’engagement de la famille PAM qui œuvre chaque jour à éradiquer la faim dans plus de 80 pays. » « Je suis sans voix pour la première fois de ma vie », a-t-il ajouté dans une vidéo où il rend hommage aux 17 000 employés du PAM. « Ils sont sur le terrain, dans les zones les plus difficiles, les plus complexes de la planète, que ce soit à cause de la guerre, des conflits, des conditions climatiques extrêmes, peu importe, ils sont sur le terrain et ils méritent cette récompense », a souligné M. Beasley.
C’est la douzième fois que le prix de la paix consacre les Nations unies, une de ses agences ou une personnalité qui y est liée. Le comité Nobel norvégien a fait valoir que le besoin de solutions multilatérales était « plus visible que jamais ». Le prix, qui consiste en une médaille d’or, un diplôme et une somme de 10 millions de couronnes suédoises (près de 950 000 euros), sera formellement remis le 10 décembre, date anniversaire de la mort de son fondateur, l’industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel (1833-1896).
Crise du Covid-19 oblige, la présidente du comité Nobel norvégien, Mme Berit Reiss-Andersen, a révélé le nom du lauréat dans la grande salle de l’Institut Nobel à Oslo, devant une assistance très clairsemée.
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