D’abord, pour moi, une chanson n’est jamais finie. Il y a toujours une virgule mal placée, un mot à affiner, à caler pour le rythme de l’oreille, la musicalité. J’en ai dans mes tiroirs qui ont vingt ans et qui n’ont pas encore vécu sur scène. La clé d’une bonne chanson, c’est l’attaque, les deux ou trois premières phrases qui ferrent l’attention : « La mer, qu’on voit danser, le long des golfes clairs … » Je pense à la première image d’un film. C’est à partir de là que la chanson s’écrit. Après, il faut parler vrai, ne pas avoir peur des mots, oser les mots crus, agressifs … Je n’ai aucun tabou. J’aurais dû être un illettré total et je ne le suis pas. Je ne suis pas non plus un érudit. Je suis entre les deux. En eaux douces … J’ai appris à mélanger le langage populaire et le langage poétique. Le premier accroche les gens, le second les retient.
Avant la passion de l’écriture, il y a l’amour de la langue. Le français est la langue de tous les possibles, celle qui exprime la moindre subtilité jusqu’à l’os. Je suis amoureux du français, de ses sonorités évocatrices sans toutefois avoir la prétention de le maîtriser parfaitement. J’ai eu la chance de côtoyer Jean Cocteau, il écrivait tous les jours, non pas forcément un livre, une pièce ou un scénario. Il écrivait simplement comme un grand musicien pratique son instrument. J’ai appris de lui ce réflexe. L’écriture est un muscle qui se travaille.