À l’approche du championnat du monde des trotteurs, ParisTurf vous fait revivre une sélection des éditions les plus insolites. Septième épisode consacré à l’édition 1965 et la victoire d’Ozo, avec un mode de départ inédit.
“Ozo appelait la foule, elle était différente des autres. C’était la très grande classe, une reine.” Ces propos de l'illustre Pierre-Désiré Allaire, retranscrits par Jacques Pauc, permettent de planter le décor. Ozo était à part ; son souvenir est éternel. Combien de trotteurs français sont allés battre, à 4 ans, les Américains sur leurs terres ? Ses allures aériennes, ses bandages blancs contrastant avec sa robe de jais, sa queue en trompette, ses victoires de prestige, sa complicité avec son lad Bernard Lebellanger font partie de sa légende tout autant que ses graves blessures et sa fin, tragique, à seulement 8 ans. En 1963, la jument bai brun foncé, sans être dominatrice en France, a enlevé le Grand Circuit Européen grâce à ses succès dans le Prix d’Amérique et l’Elitloppet en Suède, sans oublier le Prix des Meilleurs, le Grand Prix de Bavière, le Grand Prix des Gladiateurs. Elle épinglera même la Challenge Cup, revanche de l’International Trot, à son tableau de chasse.
Moins performante à 6 ans, Ozo garde la confiance des parieurs (7/10) pour sa troisième participation au Prix d’Amérique, en 1965, dans une configuration inédite : départ à l’autostart. Avec une distinction notable par rapport à notre époque : les plus argentés s’élancent en seconde ligne et Ozo, avec son n°18, part tout à l’extérieur. Rapprochée dans le sillage d’Oscar RL en plaine, tandis que le Russe Apex Hanover fait craquer Nike Hanover dans la montée, la partenaire d’Hans Fröming calque sa course sur celle du représentant d’Henri Levesque. Oscar RL place un uppercut à Apex Hanover dans la phase finale mais ne peut rien face aux rushs d’Ozo, en pleine piste, et Elaine Rodney à son extérieur.
Opérée d’une tumeur à l’ovaire gauche puis fantomatique à 8 ans pour son quatrième et ultime Prix d’Amérique 1966, le premier d’une certaine Roquépine, la championne de Roger Massue, s’éteint la même année à la suite de coliques. La SETF honore sa mémoire chaque meeting de printemps dans le Temple du trot via le Prix Ozo, semi-classique pour pouliches de 3 ans et tremplin au Prix Albert Viel. L’autostart servira de mode de départ dans le Prix d’Amérique de 1965 à 1975 et fit l’objet, indirectement, de plusieurs polémiques. L’édition 1970, remportée par Toscan, fera débat après que le favori et tenant du titre Upsalin a été à terre après un carambolage spectaculaire avec Snow Speed, fautif avant le repli des ailes de la voiture. En 1971, ce sera au tour de Toscan d’être considérablement handicapé au départ par les facéties d’Urielle, devant lui. La mise en jambes du Prix d’Amérique 1973 ne restera pas non plus dans les annales et nombre de prétendants (dont Une de Mai, décidément marquée du signe indien) perdront la course dès les premiers mètres. Autant d'épisodes malencontreux qui sonneront le glas d’un mode de départ révolu, en 1976.